Live Report : Hellfest 2025 - Jour 4 (22/06/2025)
En ce dernier jour de festival, nous nous préparons à courir partout tant la
journée est chargée. Des interviews dans tous les sens disséminées entre les
sets death et metalcore à voir absolument, nous finissons même par devoir
littéralement courir entre les scènes durant l'après-midi ! La matinée est
cependant le seul moment un peu tranquille et nous regardons Tsar dès
l'ouverture. Les Nantais jouent un metal progressif moquant les figures
d'autorité politiques et leur mégalomanie. Le chanteur est le baron
narcissique et nous sommes ses adeptes venus chanter ses louanges. La
scénographie est très travaillée et l'ambiance est clairement posée. Le groupe
préfère largement la connexion avec le public plutôt que l'enchainement de
chansons, et cela rajoute tellement au personnage. La voix est envoûtante, et
le chanteur finit même sur un char roulant dans la fosse pour que tout le
monde s'incline sur son passage, puis réclame un circle pit autour de lui.
Clairement une présence scénique imposante qui fait passer à tous un excellent
moment.
Autre groupe français, mais cette fois ci du côté des mainstage, c'est
Ashen que l'on va voir. Groupe plutôt jeune (il a été fondé en 2021),
ils ont cependant rapidement connu une notoriété grandissante dans la
communauté metalcore principalement. Le set est assez court, mais convainc les
gens que ces artistes ont quelque chose à prouver. La venue de
Will Ramos de Lorna Shore sur "Crystal Tears" est complètement
inattendue, mais termine de prouver que leur place sur la scène est maintenant
bien établie. Leurs cris se mêlent et tout le monde acclame la surprise. Ashen
réalise également une cover de "Smells Like Teen Spirit" de Nirvana,
qui laisse les gens un peu plus dubitatifs mais reste une valeur sûre pour
faire chanter les festivaliers. La fin de leur passage arrive un peu vite,
mais nous avons passé un bon moment.
Encore un groupe français qui démarre presque sans transition sur la Mainstage
2 adjacente : Novelists. Bien installés sur la scène française depuis
des années, ils ont récemment connu une nouvelle vague de notoriété suite à la
venue de Camille Contreras au chant. Ils vont d'ailleurs jouer
quasiment l'intégralité des singles réalisés avec Camille, de "Turn It Up" le
tout premier, à ceux du récent album CODA comme le titre éponyme ou la
brillante "Say My Name" qui ne manque pas de faire chanter le public,
complétée par la populaire "All For Nothing". Pour autant, d'anciens morceaux
sont également joués comme "Heretic", le featuring avec Landmvrks, ou
encore "Smoke Signals". Entre flammes et fumée, les artistes prennent beaucoup
de plaisir à jouer et la chanteuse ne manque pas d'interagir avec le public
aussi souvent que possible, diffusant sa bonne humeur. Le groupe, qui avait
porté le nom du Hellfest lors de la tournée Warm Up à travers la
France, voit ici son grand final exploser devant des festivaliers qui sont
venus en nombre !
Pour prendre la relève de la Mainstage 2, c'est à Poppy d'entrer
en scène. Avec son combo de pop électrisante et de metal, elle vient crier
autant qu'elle le peut sur toute la foule. Elle joue principalement les
morceaux de son dernier album sorti l'année dernière, Negative Spaces. Il y a
peu d'anciens morceaux, mais on apprécie entendre "Scary Mask" ou encore
"Concrete". Ce qui fait énormément plaisir en revanche, c'est de la voir jouer
sont featuring avec Bad Omens, "V.A.N.", qu'elle assure entièrement au
chant déjà en version studio. Un show à son image, avec peu d'interaction avec
le public, mais qui reste fidèle à son univers.
C'est ensuite au tour des géants américains du deathcore, Lorna Shore.
Le groupe a complètement explosé depuis 2021 et la venue de
Will Ramos au chant qui a changé le destin du groupe. L'emblématique
"To The Hellfire", qui avait marqué le retour du groupe, est d'ailleurs jouée
au milieu du set. Les cris de cochon de Will sont toujours un vrai régal Ã
écouter en live, c’est bluffant de voir à quel point il assure autant en live
qu'en studio. La plus récente à date du Hellfest, "Oblivion", a également été
jouée, sinon tous les morceaux proviennent de leur dernier album Pain Remains,
à l'image de "Sun//Eater" qui a démarré le set dans une explosion de violence
malgré les chœurs et l'instrumentation orchestrale qui introduit le morceau.
Sur "Cursed To Die", le groupe invite Nick Chance à se joindre à eux
sur scène, qui fait leurs photos et vidéos pour cette tournée. Un geste
vraiment chouette, surtout quand on voit comment celui-ci assure au chant.
Pour terminer, on assiste à la trilogie entière de "Pain Remains" qui laisse
une partie des yeux des festivaliers humides. Des chansons poignantes et
dramatiques où même l'aspect brutal du deathcore n'efface pas le côté triste
et prenant. Une belle réussite.
Autre groupe célèbre de metalcore, Motionless In White joue
ensuite sur la même scène. Un groupe qu'on ne cesse de voir partout mais qui
continue de faire plaisir avec des titres iconiques comme "Voices" ou
"Disguise". Ici, pas de focus sur un album en particulier, le groupe joue
majoritairement des chansons populaires pour faire plaisir au public. Parmi
les plus récentes, on entend "Scoring The End Of The World" ou encore
"Slaughterhouse" qui fait toujours bien bouger le public.
Chris n'hésite pas à interagir avec le public qui lui répond sans
cesse, signe d’un bon set. L'abus de pyrotechnie est cependant à noter tant
cela nous donne chaud ! Ils terminent par la plus calme "Eternally Yours" qui
prouve une fois de plus la diversité de la palette vocale du chanteur, et
permet de se remettre de ses esprits ! Sur l’Altar, il y avait aussi les
incroyables Fleshgod Apocalypse, qui remplacent
Cattle Decapitation suite à leur annulation. Le death metal symphonique
des italiens s'installe doucement avec l'incroyable performance de
Veronica Bordacchini sur "Ode to Art (De' sepolcri)", une prestation de
cantatrice d'opéra en solo toujours aussi impeccable. La brutalité s'installe
avec le début de "I Can Never Die", un single vraiment très sympa qui
rassemble ce que le groupe sait faire de mieux, entre opéra, chant clair et
growls frissonants. La guitare est vraiment composée comme une pièce
classique, à l'image de leur dernier album, Opera, qu’ils défendent ce
jour-là . D'autres singles comme "Bloodclock", ou les plus anciennes mais
cultes "No" et "The Violation" complètent la bonne setlist. Avant de partir,
le groupe demande si le public en veut encore… Evidemment, la réponse est oui
! Après quelques blagues sur le fait de jouer "Blue" d'Eiffel 65… Ils
le font vraiment, mais en chant saturé s'il vous plait ! Tout le monde danse
et chante, et c'est amusant de voir cette conclusion à un show si sérieux et
maîtrisé. Les italiens se plaisent à faire cette plaisanterie à chaque fin de
leurs shows, et on peut comprendre pourquoi quand on voit l'amusement des
festivaliers !
Nous sommes ensuite retour vers les mainstages pour enchaîner avec
A Day To Remember qui n'étaie,nt pas revenus sur le festival depuis
quelques années. Toujours dans la bonne humeur, leurs shows sont funs et
promettent un bon moment. Le mélange de pop punk et de metalcore ne tarde pas
à résonner dans l'enceinte du Hellfest avec le single "The Downfall To Us
All", et déjà les gens chantent de partout. De nombreux ballons sont
jetés dans la foule qui s'amuse avec tout le set. Un acte courant durant leurs
shows, mais cela reste une attention qui amuse toujours. Le groupe joue 15
titres au total, regroupant de nombreux singles de plusieurs albums sans focus
particulier, même si le groupe alterne beaucoup entre leur récent album sorti
cette année, Big Ole Album vol.1, et l'iconique Homesick. On retrouve
également l'indémodable "All I Want", reprise en chœur par l'entièreté du
public, et le groupe termine avec un morceau du même album, "All Signs Point
To Lauderdale". Clairement un excellent moment de fun qui complète cette
journée intense avec des sourires !
Petit passage devant Cypress Hill et leur rap metal/hip hop. Bien qu'un
peu différent du reste des groupes de la journée, c'est une petite pause sympa
bien qu'un peu longue. 17 chansons dans un style un peu détonnant, ça en
décourage plus d'un. Ils font cependant l'effort de jouer quelques covers
comme "Bombtrack" de Rage Against The Machine, ce qui maintient
l'attention des plus fidèles. Rapidement, il est temps d'assister au grand
final de cette dernière soirée, et quelle conclusion ! Tout d'abord, c'est
Falling In Reverse prend possession de la Mainstage 2 tandis que
résonne un enregistrement de la vie en rose d'Edith Piaf. Comme pour chacun de
leur show, la caméra les suit depuis la loge jusqu'à la scène. Lorsque
Ronnie Radke s'installe devant le micro, c'est pour commencer
"Prequel", l'introduction épique de son dernier album Popular Monster, et
également l'introduction de ses shows depuis. En fait, la majorité des
chansons du concert vont être issues de ce dernier album, qui est en réalité
une compilation de tous ses derniers gros singles avec quelques bonus. Ainsi,
ils enchaînent avec "Zombified", mais n'oublient pas les vieux classiques pour
autant, comme "I'm Not A Vampire" ou "The Drug In Me Is You" qui sont jouées
également. Au milieu du show, le groupe part de scène et les caméras s'allumes
à nouveau. Daniel, le vocaliste de Bad Wolves qui joue
maintenant de la basse pour Ronnie, attrape le micro et le duo chante "NO
FEAR" backstage, un rap efficace, même si c'est toujours un peu spécial de ne
les voir que sur écran en concert. En revenant sur scène, le groupe continue
avec le titre tout juste sorti, "God Is A Weapon", le feat avec
Marilyn Manson. C'est vraiment sympa à écouter en live. Le final du set
s'annonce fort : après "Voices In My Head", c’est "Ronald" qui démarre, la
plus violente de tout leur répertoire. La pyrotechnie s'emballe encore plus
qu'à l'accoutumée et les cris gutturaux sont puissants. Le moshpit est un
bordel complet, la foule est en délire. Enfin, pour terminer le show, "Watch
The World Burn" est jouée dans sa version live très spéciale : la fin est
jouée 3 fois, d'abord normalement, puis en version un peu plus opératique de
la part de Ronnie, puis dans une brutalité extrême. Après de vifs
remerciements, le groupe s'éclipse rapidement sur l’emblématique musique de
Queen, "We Are The Champions". Le show était clairement au niveau nous
laissant haletants, mais prêts pour le vrai final de cette soirée !
Et quel final : Linkin Park est de retour ! Après leur passage hué sur
le festival en 2017, ayant participé à la disparition de
Chester Bennington, c'est un vrai symbole de les voir revenir depuis
leur reformation avec Emily Armstrong au chant. Jusqu'au matin même,
nous ne savions pas si le groupe aller jouer, et le suspense pesait un peu sur
le festival : ils avaient annulé leur date précédente en Suisse pour des
causes de santé, et tout le monde avait peur que cela se répercute également
sur le show du Hellfest, mais ils étaient bien présents, même avec une voix un
peu amoindrie ! Au programme : 3 actes et 20 morceaux pour nous faire plaisir
avec les plus gros tubes de la formation. From Zero n'est pas en reste
évidemment, et l'album qui a relancé le groupe fait grande impression. C'est
vraiment le moment le plus karaoké du festival, et vieux comme plus jeunes
chantent à tue-tête les tubes emblématiques du groupe. Nous retournons Ã
l'adolescence avec un plaisir coupable. Le premier acte est plutôt calme avec
une introduction sur "Somewhere I Belong" qui commence le show, jusqu'au
climax sur "The Emptiness Machine", le premier single du nouvel album. Le
deuxième acte est plus violent, avec des chansons comme "The Catalyst", "Two
Faced" (pas de costume Lidl cette fois…) ou encore "One Step Closer", reprise
en chœur par tout le monde. Le troisième acte est davantage là pour le fan
service. Il commence avec leur interprétation de "Lost", d’abord juste au
piano puis terminée par tout le groupe. "Overflow" est jouée, introduite par
"Enjoy The Silence" de Depeche Mode, un clin d'œil amusant. Puis, ce
sont les plus gros tubes, comme "Numb", "In The End", "Faint" qui
s'enchainent. Voir l'entièreté du public chanter en chœur ces morceaux
réchauffe le cœur et tirerait presque les larmes tant c'est symbolique. Le
seul bémol du show sont les longueurs répétées entre les actes, qui cassent un
peu le rythme en nous faisant attendre quelques minutes – ce qui peut être
perçu comme une éternité pendant un concert. Pour le rappel, le groupe
débarque à nouveau sur scène avec "Papercut", ce qui relance la bagarre une
dernière fois. Ils terminent avec "Heavy Is The Crown", la chanson utilisée
pour les mondiaux de League Of Legends, et la classique "Bleed It Out" qui
termine toujours leurs shows de cette tournée. Les blagues du groupe entre eux
ou avec le public font plaisir, et on voit même Emily s'essayer au français :
elle a probablement pris un peu plus la confiance que lors du passage à la
Défense à Paris, où elle n'avait pas osé le faire ! Clairement un set plein de
nostalgie et de hype en même temps, une belle revanche pour le groupe
américain et un final à la hauteur du festival. Après les longs saluts des
membres du groupe, reconnaissants, le traditionnel trailer de l’édition 2026
se lance et un immense feu d'artifice démarre (nommé "surprise" sur le
planning, même si tout le monde s'en doutait !). Comme tous les ans, il est
spectaculaire et nous fait rentrer des étoiles plein les yeux.
Merci au Hellfest pour cette année encore riche en émotions et aux
concerts grandioses !
Texte : Margot Patry
Photos : Garnet
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