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ASHEN (Interview Exclusive) : "On a besoin de faire une musique qui a de multiples visages"


Le Hellfest 2025 a été l'occasion de discuter avec ASHEN (nu metalcore/alternative metal) de leur nouvel album, Chimera, qui sort aujourd'hui, mais aussi de leur prestation sur la Mainstage, accompagnés de Will Ramos, le chanteur de Lorna Shore !

LN! : On vous a vu jouer ce matin. C'est quoi vos impressions sur le set ? 

Antoine (guitare) : Incroyable, on s'est regardé et on s'est dit ça y est, on y est. C'est le moment d'en profiter. On te laisse qu’une demi-heure, il faut vraiment croquer ça pleinement ! C'était beaucoup, beaucoup de prépa, beaucoup de stress, mais t'as pas le choix si tu veux en garder un très bon souvenir, il faut que tu puisses vraiment arrêter le temps à ce moment-là. 

Clem (chant) : C'était un peu bizarre, pour ma part en tout cas parce que je peux pas parler à la place des autres, à la fois j'étais complètement happé par le moment, on joue au Hellfest sur la mainstage à midi avec tout ce public… Et en même temps, j’étais très dans le contrôle, je devais faire attention à ma voix, l'oxygène, parce que si je suis essoufflé, ça s'entend, et ça s'est entendu ! Dans ma tête, le public l'a pas vu, mais j'étais en train de me flageller ! Vraiment, j'étais en train de me repérer que j'avais fait une boulette ! Donc, en fait, on est très contents, et en même temps, très exigeants. Donc, ce que je retiens de ça, c'est l'énergie du public. Et tout ce que les gens nous ont dit, une fois qu'on est sortis de scène, ils avaient la banane, c’est là que je me suis dit "on leur a fait autant plaisir ? mais c'est pour ça que je fais ça, let's go !" C'est ça que je ressens. 

LN! : Will Ramos de Lorna Shore est venu chanter avec vous, ça sort d'où ? 

Clem : Sa copine, Eve, est une amie à nous et elle adore Ashen. Je lui ai un jour dit "mais tu sais qu'on fait le Hellfest le même jour ? Est-ce qu'on peut faire un feat avec ton mec ?". Elle lui en a parlé, ils étaient ensemble, et lui il a fait "let's go !" comme à son habitude, adorable. Et le truc avec lui, c’est qu’il est comme ça tout le temps, pas que pour les caméras. Il est vraiment plein d'énergie, tellement solaire ce mec ! Donc ça s'est fait, voilà, et on est autant choqués que toi ! Quand il est arrivé sur scène, je pense que j'ai autant crié que les gens. 

Antoine : On l'a pas rencontré avant, on l'a vraiment vu genre les 10-15 dernières minutes. On fait les 2-3 petits derniers réglages à faire pour qu'il soit bien quand même, et c’était parti. Quand on a réalisé qu’il était vraiment là on s’est dit que c’était lourd ! Et grand respect à lui, franchement, d'avoir joué le jeu, d'avoir kiffé surtout, parce que j'ai l'impression qu'il a bien kiffé ! 

Clem : Ce qu'il a chanté, c'est pas un passage facile, faut le savoir. C'est pas facile, mais c'est dans ses cordes ! 

LN! : Votre album, Chimera, a été repoussé en septembre. 

Antoine : Ouais. Ça fait chier, hein ! En vrai, Il est repoussé, c'est ennuyeux, mais tant mieux. On va mieux le travailler. On va pouvoir vraiment un peu plus lécher aussi tout ce qu'on avait prévu pour cette sortie d'album. Donc, en vrai, c'est pas plus mal. C'est un premier album, donc... je pense aussi que les gens sont indulgents. Ils comprennent la situation, et puis, c'est clairement pas de notre ressort aussi. Nous, on a rendu l'album dans les temps ! 

Clem : Ça s'est su à la dernière minute, et même si l'album est repoussé, on va en parler plus sur les réseaux. On va essayer d'expliquer aussi ce qu'il y a là-dessous parce qu'on a quand même écrit tout un lore. Il y a tout un univers autour de cet album Chimera. Donc maintenant, il faut que les gens comprennent ce que c'est ! 

LN! : Je voyais que la chimère dont on parlait, c'était décrit comme une espèce de guide pour s'accepter soi-même… 

Clem : Mais complètement, en fait. C'est un voyage intérieur vers cette personne idéalisée, ce Chimera que tu rêverais d'être après avoir vaincu tout ce qui a fait de toi quelqu'un de fragile. Des fois, on aimerait être une autre personne, on se rend compte qu'on n'arrive pas à faire des choses parce qu'on a vécu des choses compliquées. Il y a des freins dans la vie qui viennent de choses qu'on a pu vivre. Chimera, c'est cette personne que tu incarnes qui serait la version idéalisée de toi-même, ce super héros que tu pourrais être. Et il est possible de l'incarner, en fait, si tu vises au bon endroit. Ce n'est pas grave de ne pas être tout le temps à fond. Ce Chimera, il vient, il part, il vient, il part. On lui fait vivre son chemin de vie, si tu veux, dans cet album. On explique comment est-ce qu'on arrive à ce stade-là. C'est un état que tout le monde peut vivre, d'avoir l'impression d'être, au bout d'un moment, la version de toi-même en mode super saiyan. Chimera, c'est ça. C’est ce que raconte cet album et on a hâte de pouvoir en parler davantage. 

LN! : C'est un chemin que vous avez dû faire personnellement, vous aussi ? 

Clem : Complètement. Même sans en avoir parlé, on a tous vécu ça. C'est quelque chose que, personnellement, j'essaie de conceptualiser. C’est aussi assez universel pour que chacun puisse se dire que même s’ils n'ont pas tous vécu exactement les mêmes expériences que moi, d'une certaine manière, ils ont tous vécu ces expériences d’une manière ou d’une autre. On peut facilement s'accaparer de ce truc-là. Et quand je suis sur scène, c'est aussi un peu ces personnes j’ai envie d'incarner. Je suis là pour délivrer une prestation, de parler de messages personnels, mais je ne raconte pas ça qu'en pleurant. Je veux montrer qu’on a vaincu ces trucs là, on est là ensemble. Et les musiciens, c'est aussi un petit peu les porte-parole de ce truc-là, parce qu'ils sont l'assise sonore de ce message. 

Antoine : C'est vrai qu'on l'extériorise aussi d'une autre manière. Clem, il a les mots, nous, on a autre chose. On a cette chance, quand même, de pouvoir avoir ces moments où on peut vraiment tout ressortir sous forme de musique sur scène. Enfin, moi, je considère ça comme étant une vraie chance. Et c'est aussi pour ça que les gens s'identifient à tout ça. Peut-être que certains n'ont pas cette possibilité là, et donc, ils prennent part à cette démarche via notre musique, et ils la comprennent intégralement. Je trouve ça trop cool. C'est le lien qu'il y a entre le public et nous. C'est vraiment ça qui nous lie, par-dessus tout. 

Clem : Très, très cool en tout cas ce qu'on a vécu aujourd'hui, parce qu'on a vraiment vu ce que ça pouvait procurer à un public aussi nombreux. Et c'est impressionnant. C'est la commémoration de notre message. Même si tout le monde ne comprend pas tous les mots parce que peut-être qu'ils n'ont pas les yeux rivés sur les paroles, mais plutôt sur la prestation qu'on délivre, elle a pour but de rendre extrêmement clair ce qu'on ressent quand on le fait. Et le but final, c'est que les gens ressentent ce niveau d'intensité aussi fort que nous, qu’on le vive ensemble. Et c'est ça qui nous a fait faire la musique qu'on fait. Tu ne fais pas du metalcore comme on fait si ce n'est pas pour délivrer quelque chose de volcanique. On est à fleur de peau. Et quand on joue cette musique là sur scène, on délivre notre son comme ça parce que ce n'est pas tout au long de ta journée que tu peux te lâcher. Sans mauvais jeu de mots, on se fait du bien à ce moment-là ! 


LN! : Vous avez pas mal de variété dans l'album. Il y a des chansons un peu plus calmes, genre "Living in Reverse" ou "Altering". Il y a des morceaux plus bourrins, il y a des passages musicaux de transition… Comment vous avez pensé la structure de manière générale ? 

Clem : La structure de l'album, elle a été faite à la fois pendant qu'on écrivait les morceaux, parce que lorsqu’on écrivait les morceaux et on se disait "Ah, ça, ça irait bien au milieu de l'album. Ah, là, il nous manque un morceau au début de l'album. Comment le tout premier album d'Ashen, pourrait commencer ?" On s'est posé ces questions là pendant qu'on écrivait et on avait envie de faire un album un peu cinématographique, avec beaucoup de nuances, où le son sans les paroles racontait aussi une histoire.

Antoine : Il y a vraiment un rythme global aussi, on a tendance à isoler un peu les morceaux et se dire "Bon, on va essayer de rythmer le truc de manière à ce que ce soit pas trop lassant". Là, je trouve qu'on a vraiment essayé de faire en sorte que du début du film jusqu'à la fin du film, il y ait toute cette réflexion sur le rythme, sur les intensités, sur les dynamismes. Mais ça a été un travail qui a été difficile. Je vais citer Niels, parce que Niels a bûché comme un porc sur cet album. En plus des guitares, il fait aussi le mix, il compose tout… Avec Clément, ils ont réussi à avoir cette vision globale pour raconter l'histoire sur 42-43 minutes. C'était quand même un sacré challenge. Je suis très fier du produit final.

Clem : Et en fait, pourquoi est-ce qu'on a voulu faire des morceaux différents ? Ashen, depuis le début, c'est ça. Tu prends "Hidden", notre premier morceau qu'on a écrit, tu sors "Outlier" juste après, jusqu’à "Nowhere". On essaie de se renouveler parce qu'on a besoin de faire une musique qui a de multiples visages. Parce que, je pense, pour être simple et vulgaire, on se ferait chier autrement. Et pour répondre à une autre question sur comment l’album s'est construit, même si on avait une idée globale claire, jusqu'à la dernière seconde avant de livrer l'album au label, on se posait encore des questions sur l’ordre des morceaux. On avait des certitudes et pour d'autres morceaux on hésitait. Et à la fin, on a fini par trancher. Mais ce qui est sûr, c'est que le début et la fin, on savait quel morceau mettre, c'est comme une espèce de boucle bouclée ! 

LN! : Maintenant, en France, on a beaucoup cette nouvelle vague de metal, de metalcore, de metal moderne, etc. Par exemple, quand j'ai interviewé Resolve, ils parlaient de vous. Il y a beaucoup d'entraide entre vous, et ça se ressent même dans les musiques, dans les tournées… Vous avez même un feat avec ten56., par exemple. C'est quoi votre point de vue sur tout ça ? 

Antoine : On est une scène solidaire, une scène qui s'entraide, qui s'apprécie. Et je pense que si les gens n'aimaient pas ce qu'on faisait, et si nous, on n'aimait pas ce que faisait un Resolve, un Landmvrks, un ten56., tu vois, je pense qu'on se respecte assez pour être honnête. Mais j’ai pas peur de le dire, je le pense vraiment, Resolve, c'est super. Et pas juste parce qu’on s'inscrit dans la même scène. On adore aussi le travail de ces groupes là. Les Novelists qui sont en train d'être interviewés juste à côté, c'est pareil. Il y a aussi des rapprochements qui se font naturellement. Nous, on est à Paris en plus, donc c'est vrai qu'on les connaît très bien, autant Novelists que Ten56. On aime la même chose, on vit les mêmes choses et on fait les mêmes choses pour les mêmes raisons. Ça te ramène à un même point de convergence Et tu les rencontres, ces gens-là. 

Clem : Et d'ailleurs, pour expliquer une petite anecdote, c'est des personnes qu'on connaissait d’abord depuis les réseaux. Quand ils ont vu notre premier morceau, ils nous ont envoyé des messages et on s'est rencontré quasiment direct après, notamment chez Tom qui fait le son de Ashen et Novelists en live. On était d'abord fans de leur musique, mais c'est devenu des potes instantanément parce que c'est vraiment des gens adorables. Et du coup, ça casse cette barrière un petit peu, on est plus des artistes. Ils sont tellement mignons. Et on veut se revoir plusieurs fois. Et puis à la fin, ça noue des choses. Cette scène, c'est d'abord des gens qui se fréquentent. C'est une chance, en vérité, de pouvoir être potes avec des gens qui sont dans cette même scène et qui grandissent ensemble. On doit quand même pas mal à Novelists, qui nous ont emmené sur leur tournée française et européenne. On a aussi fait des festivals grâce à Landmvrks, qui nous ont aidés à être programmés. C’est des gens qui filent volontiers des coups de mains. Et ça, on n'oubliera pas. C'est beau.

Inteview : Margot Patry.

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