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Chronique : Good Charlotte - Motel Du Cap


Le retour de Good Charlotte se faisait attendre depuis Generation Rx en 2018, inspiré par le décès de leur ami Lil Peep et la crise des opiacés aux Ã‰tats-Unis, et le single standalone "Last December" en 2020. C'est finalement au cours d'un mariage familial dans le somptueux Hôtel du Cap-Eden-Roc à Antibes, dans le sud de la France, où il a été demandé au groupe de jouer, que ce dernier a pu se reconnecter, sans la moindre pression : "Nous sommes revenus à ce qui était le mieux pour nous, c'est-à-dire laisser nos sentiments s'exprimer sans trop essayer de les contrôler". En résulte un disque très spontané et chill, varié mais où le pop punk ne prédomine pas, l'accent étant mis sur l'émotion, les bons sentiments et beaucoup de guitare acoustique, ce qui ne manquera pas de déconcerter certains fans.

Une intro cocooning fait penser à celle du Smash de The Offspring, avec une voix chaleureuse nous souhaitant la bienvenue et nous invitant à nous installer au Motel Du Cap ! 


Le groupe a tenu a présenter le single "Rejects" en 1er, un titre franchement sympathique, avec l'impression de retrouver un groupe inspiré et qui expérimente à nouveau comme sur The Chronicles of Life and Death, avec notamment l'utilisation d'un synthé dans les couplets, et un refrain explosif dans lequel le chant de Joel Madden est au bord des cris. Les paroles sont pour le coup plutôt sombres, "Parfois, j'aimerais encore ne pas être né du tout", Joel ayant expliqué : "Je ne suis pas suicidaire et, Dieu merci, je ne suis pas déprimé. Mais j'ai traversé des moments dans ma vie où je l'étais, et j'ai dû comprendre tout ça. Ça a demandé beaucoup de travail pour gérer ma santé mentale et mon estime de moi. J'y travaille encore tout le temps. On est tous en constante évolution".

Un bon titre pop punk donc, mais élaboré. Dans le genre, nous aurons "Stepper", un titre feel good et catchy (les couplets feraient presque penser au 1er album) dans lequel Joel raconte, avec une pointe d'arrogance assumée, comment il est passé d'une situation de précarité à une vie de succès, tout en mettant en avant une partenaire forte et fidèle (son épouse, l'actrice Nicole Richie : "That's my ride-or-die") ! Mais aussi "Mean", peut-être mon préféré, en tout cas le plus instantané, qui débute avec une intro acoustique mélancolique avant d'envoyer de gros riffs et un refrain simple mais entêtant, dans un esprit typiquement pop punk, avec un garçon malmené par sa petite-amie. 

"Bodies" est une autre belle réussite, un titre electro comme ils ont pu en faire par le passé avec des morceaux comme "Keep You Hands Off My Girl", un refrain qui fait penser à du Bring Me The Horizon ("If you want to kill me, better kill me dead, If you're gonna hurt me, do it with the head"), et qui propose, surprise, un breakdown inattendu (et assez lourd en plus) sur le pont ! L'occasion de placer que le disque est produit par Jordan Fish et Zakk Cervini, deux collaborateurs de longue date de BMTH.

Le dernier titre un peu up-tempo sera "Vertigo", un bon gros titre pop punk, assez lourd, sur lequel Petti Hendrix pose sa voix rugueuse dans le refrain. On note que tous les featurings du disques sont signés sur MDDN, le label des frères Madden, l'occasion idéale pour promouvoir les artistes qu'ils apprécient. On aime vraiment la production d'ailleurs, avec un son de batterie très clair et impactant, alors que Jordan nous avait habitué à des choses plus compressées. 


Il y a ensuite des titres qu'on attendait pas du tout de la part du groupe, principalement acoustiques, et qui finissent par devenir nos préférés, comme la magnifique ballade "I Don't Work Here Anymore", superbement orchestrée, qui parle d'un gars qui quitte son boulot mal payé parce que "la vie est trop courte" (et sur laquelle le guitariste Benji Madden assure également un couplet), ou encore "Deserve You", une jolie ballade folk avec l'artiste country Luke Borchelt, dans laquelle Joel se demande comment il a pu avoir une femme pareille : "I was born to lose, I was wasted, you, Tell me, what did I do to deserve you?". Ce n'est pas la 1ère fois que les frères Madden s'essayent au style, ayant carrément sorti un album folk sous le nom des frères Madden il y a 11 ans. Ils déclaraient justement récemment à ce sujet : "Avec le recul, nous réalisons que cela aurait probablement dû être un album de Good Charlotte, mais nous n'étions pas assez matures à l'époque pour comprendre que c'était quelque chose que nous pouvions faire. Nous ne pensions pas que les gens l'accepteraient, mais en réalité, nous avions juste besoin de nous accepter nous-mêmes. C'est ce que nous faisons ici". 

Le morceau le plus atypique reste probablement "Life Is Great", très calme, moody et chill, Joel racontant combien sa femme s'occupe bien de lui : "Mes vêtements sales, mes pensées sales, Elle les a ramassés et jetés à la machine à laver, Son parfum dans ses cheveux, Mes tatouages, elle s'en fiche, mon désordre est partout, Elle m'a ramassé et jeté à la machine à laver" (les féministes en PLS), tandis que Wiz Khalifa vient apporter son rap et que d'autres gimmicks hip-hop rappellent le 1er album de GC. 

"Pink Guitar", quant à elle, parle d'une fille avec des rêves plein la tête, façon "Don't Stop Believin'" de Journey, avec des guitares new-wave (la dernière fois que le groupe a exploité ce genre, c'était sur The Chronicles of Life and Death), un peu plus électriques/pop punk sur le refrain. La chanteuse Zeph participe au second couplet ainsi qu'à l'outro. 


Les trois derniers titres verseront dans l'émotion, tout en essayant, peut-être, d'élever encore le niveau de la musique de GC vers quelque chose de plus rock ou grand que la scène pop punk. Bien sûr, les orchestrations y sont pour beaucoup, ainsi on vibre devant le magnifique refrain de "The Dress Rehearsal", qui s'adresse au père décédé des frères Madden, qu'ils ont enfin pu apprendre à connaître un peu sur les dernières années de sa vie. Et c'est franchement beau : 

Extrait :
"Je n'étais pas perdu, j'étais juste brisé.
Des morceaux de moi ont été volés.
Quel a été le prix de tout ce que nous avons gaspillé ?
Trop peur d'admettre que la vie ne dure pas éternellement.
 
Quelqu'un nous entend-il ? Quelqu'un écoute-t-il ?
Je veux savoir où est Dieu
Je veux connaître la raison pour laquelle tu m'as quitté

Et je sais que nous n'avons pas bien fait les choses
Peut-être que nous le ferons dans la prochaine vie
Peut-être qu'il n'y a plus rien à dire
Pas besoin de compter tous les jours perdus
Ce n'est qu'une répétition générale de toute façon

Quand j'ai tenu mon fils, quand ses yeux se sont ouverts pour la première fois
Et qu'ils étaient aussi bleus que les tiens, comme l'océan
Tu m'as montré le prix, donc je ne le gaspillerai jamais 
Je sais que nous y arriverons
Je suis prêt à affronter la douleur maintenant".

Mais attendez, ce n'est pas fini, vous allez continuer à avoir des frissons (le pouvoir des orchestrations !) sur "Castle in the Sand", une autre très belle déclaration d'amour dans laquelle Joel se montre reconnaissant envers son épouse : "Après toutes ces années, les années sont passées, Après que tout soit dit et fait, Je me sens si chanceux, chanceux que tu sois celle, Qui m'aide à construire mon petit château dans le sable".

Le groupe se montrera rassurant sur le final "GC FOREVER", hymne à la persévérance, qui revient sur ses débuts modestes, avec des rêves plein la tête ("On a toujours dit qu'on voulait plus que cet endroit triste et déprimant, Et ce siège de bus gelé sur le chemin de l'école, On construirait une fusée pour nous emmener sur la lune"), se faisant la promesse de ne jamais abandonner ("We said it back then, we said forever"). Ã€ l'image de l'album, guitares électriques et acoustiques se mélangent, et se mêlent aux orchestrations. Pas le plus émouvant des trois mais ça reste très beau. 

Motel Du Cap n'est pas l'album que les fans des débuts attendaient, et il n'était pas non plus question d'attendre un disque "assagi" quand le précédent proposait parmi les passages les plus violents de leur carrière. Mais vous savez quoi ? Il fait sens. Il surprend mais ne déçoit pas. Il suffit de l'aborder tel que le groupe l'a fait : chill. Imaginez-vous en vacances. Vous arrivez à l'Hôtel du Cap (le notre, en France) pour 15 jours de repos et de fun. Vous êtes entourés de vos amis et votre famille. Et vous appuyez sur play. Vous vous détendez avec du folk, du rock, vous couvrez large pour vous rappeler tout ce que vous avez écouté et vécu. Parfois, un petit moment de spleen survient, parce que ça fait partie de la vie, puis vous remontez le volume et balancez quelques tubes pop punk, parce que, quand même, c'est vous les darons et qu'il vous reste encore pas mal de jus. Peut-être qu'une version plus jeune de moi n'aurait pas su apprécier ce disque, mais je ne le trouve que plaisant, catchy, et, peu importe le style de morceau qu'il propose, juste efficace. On peut lui reprocher d'enchaîner trop de ballades assez tôt dans la tracklist (pistes 4 à 7), ce qui peut donner une image un peu molle au début, mais il sait compenser juste après avec 3 titres plus lourds et rapides ("Mean", "Bodies" et "Vertigo", parmi les meilleurs). Au final, on retrouve la spontanéité et le style simple du 1er album, parsemé de titres clairement inspirés de leurs albums les plus expérimentaux, et le tout, parfois, sublimé par de magnifiques orchestrations. Prenez le temps, vraiment. 

Note du rédacteur : 4/5

Alucard

1. Check in at Motel Du Cap
2. Rejects
3. Stepper
4. I Don't Work Here Anymore
5. Life is Great (featuring Wiz Khalifa)
6. Pink Guitar (featuring Zeph)
7. Deserve You (featuring Luke Borchelt)
8. Mean
9. Bodies
10. Vertigo (featuring Petti Hendrix)
11. The Dress Rehearsal
12. Castle in the Sand
13. GC FOREVER

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