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Chronique : The Offspring - SUPERCHARGED

Trois ans entre Let The Bad Times Roll et SUPERCHARGED, c'est du relativement rapide pour The Offspring ces derniers temps, et ça inaugurait du bon, dans le sens où le groupe était forcément inspiré s'il se sentait prêt à revenir avec un nouveau disque ! Il s'est pour cela à nouveau associé avec le producteur Bob Rock, qui avait produit ses 3 derniers albums, et son line-up s'est largement enrichi ! En effet, en plus de l'ajout du bassiste Todd Morse (ancien guitariste d'H2O - qui n'avait pas contribué au disque précédent), deux petits jeunes sont venus prêter main forte aux darons : le guitariste et multi-instrumentiste Jonah Nimoy (en réalité présent depuis 2019 en tant que musicien de tournée) et le batteur Brandon PertzbornFraîchement débarqué l'an dernier, ce dernier partage la batterie sur l'album avec le vétéran Josh Freese (The Vandals, A Perfect Circle, Foo Fighters), qui avait déjà assuré les sessions Splinter en 2003.

Le ton est donné avec un 1er single, "Make It All Right", en juin dernier. Un titre pop punk frais et catchy qui emprunte la guitare de "All The Small Things" de blink-182, mais avec la touche Offspring. On y retrouve un sample (ici de voix féminine) comme le groupe avait l'habitude d'en utiliser par le passé (sur "Pretty Fly" par exemple). D'ailleurs, beaucoup de choses sur l'album feront penser à la grande époque Offspring du début des années 2000, comme le pont qu'on imagine bien sur Conspiracy Of One

Pour autant, le groupe est loin de vouloir proposer un disque pop punk. Aussi catchy soit-il, le punk rock est ce qui coule dans leurs veines et ce à jamais. Comme toujours depuis que Bob Rock les dirige, l'album s'ouvre sur un super morceau (avec son intro en douceur à la "Half-Truism"), "Looking Out For #1", à mi-chemin entre "You're Gonna Go Far, Kid" pour ses breaks de batterie et "Original Prankster" pour son sample de voix masculine déformé scandant le titre du morceau dans le refrain. Quand le frontman Dexter Holland chante "It's my way, my way, my way/And I really don't care what you say" durant le pré-refrain, sur un fond de piano, vous vous souvenez immédiatement pourquoi vous êtes tombés amoureux de cette voix il y a des années. Le morceau se terminera avec un super solo de guitare que n'aurait pas renié Avenged Sevenfold. 

Le groupe, débridé, y va à fond la caisse et balance des titres punks à foison. On commence avec "Light It Up", simple et efficace, avec des vibes à la Smash (le côté rentre-dedans de "It'll Be A Long Time"), Americana ("Staring At The Sun" pour les chÅ“urs en oh oh) et même Splinter (des airs de "Never Gonna Find Me"), jusqu'à son petit solo de guitare oriental très old school. Les paroles reflètent cette vigueur avec un Dexter prêt à en découdre ("And now I'm energized/I'm ready for a fight/I'm sick of being nice/Light it up, light it up, light it up/Got a rocket on my back"), témoignant également de la colère ambiante de la société. "Ce personnage de la chanson en a marre, il en a assez et il va tout défoncer. Il est prêt pour le combat. Et je ressens certainement beaucoup de cela autour de moi", expliquera Dexter. "The Fall Guy", de son côté, fait penser au tube "The Kids Aren't Alright" avec son refrain chanté à plein poumons sur un air similaire, tandis que les couplets bien speed rappellent "Army Of One" sur le disque précédent. On adore également "Truth In Fiction", petit bijou de skate punk à la Bad Religion (style qu'on retrouve sur l'EP Summer Nationals de 2014 avec des reprises de Bad Religion et Pennywise), aussi bon dans le fond que la forme avec un texte qui s'inquiète notamment de la manipulation des images ("La vidéo que vous voyez maintenant n'est pas telle qu'elle apparaît/Les pixels manipulés confirment toutes mes craintes/Ces cure-dents maintiennent mes paupières relevées, pour que je ne puisse pas détourner le regard, il n'y a plus de larmes"), ainsi que du devenir de l'humanité ("Je sais que nous ne reviendrons jamais à ce que nous étions avant/La folie se réveille et frappe à notre porte/L'humanité souffre, je n'en peux plus"). C'est beau, c'est catchy, un vrai tube. On note que la batterie de ces 3 morceaux est assurée par Brandon. 


Dernier morceau orienté punk à fond, "Get Some" sonne comme un mélange de "Bad Habit" (notamment avec ses "Yeah Yeah" gueulés de la même façon), et de pur rock'n'roll où le jeu de Dexter se montre un peu plus technique ! Le guitariste Noodles nous livrera même quelques cris sur la fin !

Au niveau des titres un peu différents, on retrouve le désormais connu "Come To Brazil", inspiré par le nombre de fois où leurs fans brésiliens leur ont demandé de "venir au Brésil" ! Un morceau carrément thrash metal, avec un refrain épique, qui se termine par un final digne d'un stade de foot. Ce que j'en pense ? Instrumentalement, c'est vraiment génial, mais j'aurais préféré qu'ils mettent cette compo originale - qu'on avait jamais eu, et qu'on aura probablement plus jamais - au service d'un thème un peu plus profond. C'est vrai, la chanson commence par les lignes : "Tous nos fans, eh bien, ils sont vraiment géniaux/Mais ceux du Brésil, c'est le pompon". Je pense qu'il y avait moyen de faire un hymne au Brésil de manière plus subtile et générale, en parlant de la beauté ses paysages ou de l'accueil de sa population par exemple. Dommage. Pour l'anecdote : Noodles a utilisé une authentique guitare appartenant à James Hetfield de Metallica sur ce morceau.

On a aussi droit à une power ballade, pour le coup très réussie, "Ok, But This Is The Last Time", qui dépeint une de ses relations de dépendance dont Dexter a le secret ("Oh, you know it's true, I'm living proof/I'm a sucker for you, so here we go again"), avec des couplets qui pourraient être chantés par Mark Hoppus de blink sans que ça n'étonne personne. Super touchant, encore plus quand les violons débarquent sur le pont, et un futur tube potentiel en radio.

On garde le meilleur pour la fin avec deux titres encore un peu atypiques, à commencer par "Hanging By A Thread", plus rock, plus lourd (façon "Lightning Rod" sur Splinter), avec un refrain arena rock à la "Race Against Myself" (là-encore sur Splinter). Et en même temps, il y a un petit feeling Ignition dans la façon dont Dexter chante les couplets, ce qui est dingue, car on entend presque du heavy metal en fond. Du côté des paroles, on est du côté le plus dépressif du spectre : "Laisse-les s'éloigner de moi, les choses que je garde à l'intérieur/Toutes les choses que je ne peux pas ignorer, lourdes dans mon esprit". Le final "You Can't Get There From Here" (avec encore Brandon à la batterie pour son 4ème et dernier morceau) sonne comme du pur Offspring des années 2000, avec un riff qui fait penser à celui de "Race Against Myself" mais en  version accélérée, avec aussi du "(Can't Get My) Head Around You", pour un résultat très Splinter/Conspiracy. Le flow des paroles est juste parfait, pour un ensemble très émouvant, avec des alternances de rythmes où Brandon déploie tout son talent derrière ses futs : "Viens me voir, je suis tes peurs les plus sombres/Tu m'écoutes parce que tu ne peux pas te débarrasser de/Cette sensation quand je dis : 'Tu ne peux pas y arriver d'ici'/Je ne te laisserai pas oublier les choses que tu voudrais tant/Je suis les voix dans ta tête comme la pluie battante/Je te prends tout, mais tu as construit ce palais de haine".

SUPERCHARGED n'a pas usurpé son nom et on peut confirmer que The Offspring vient de livrer son meilleur album depuis Splinter, et peut-être même qu'il le surpasse ! Certes, un peu moins aventureux que son prédécesseur (même s'il y a des morceaux uniques comme "Come To Brazil"), tous les titres punks sont ici un cran au dessus en termes d'énergie et d'efficacité. C'est vrai, un ou deux morceaux un peu plus éthérés à la "Denial, Revisited" ou "Vultures" auraient été très bien accueillis, mais la bande a fait le choix d'un disque où l'énergie prime du début à la fin. On y sent un groupe revigoré, probablement rajeuni par ses nouveaux membres, avec une inspiration et une motivation débordante (les nombreux solos d'une grande qualité qui parcourent le disque, les chÅ“urs et gang vocals qui semblent plus impliqués qu'à l'accoutumée), qui pioche dans tout son répertoire, dans toutes ses influences, pour nous livrer l'album le plus Offspring depuis plus de 20 ans ! En effet, il parvient à faire cohabiter des choses issues d'Ignition/Smash avec Americana/Conspiracy/Splinter, sans qu'on ait l'impression qu'ils se forcent pour faire plaisir aux fans nostalgiques ou sortir "le morceau à l'ancienne" : c'est juste le son qu'ils veulent faire maintenant ! Je ressens ici ce que j'ai ressenti pour la dernière fois à l'époque de Conspiracy Of One ou Splinter (je n'arrive pas encore à me décider sur ce point), lorsque j'avais 14/15 ans. Une belle réussite et une seule envie : l'écouter en boucle. 

Note du rédacteur : 5/5 

Les + :
- Le meilleur album depuis Splinter
- Du pur Offspring, un groupe rajeuni à l'énergie débordante
- Un mélange qui va de Ignition (voire l'éponyme pour les solos) aux disques plus récents

Les – :
- Les paroles de "Come To Brazil"
- Seulement 10 morceaux
- Un disque punk concentré sur l'efficacité (pas forcément un défaut)

Alucard

1. Looking Out For #1
2. Light It Up
3. The Fall Guy
4. Make It All Right
5. Ok, But This Is The Last Time
6. Truth In Fiction
7. Come To Brazil
8. Get Some
9. Hanging By A Thread
10. You Can't Get There From Here

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