Chronique : Beartooth - The Surface
Beartooth aura toujours été un exutoire pour son leader
Caleb Shomo. Mais malgré un premier album, Disgusting,
particulièrement heavy, le groupe s'est pourtant assez rapidement assagi,
enchaînant des disques de plus en plus légers, adoptant une esthétique rétro
et un son orienté hard rock avec un penchant pour les 80's culminant sur le
disque Disease en 2018. Et pourtant, c'est avec Below en 2020
qu'ils signeront l'album le plus sombre et violent de leur carrière. Un
contre-courant surprenant, comme si Caleb devait une dernière fois plonger
dans les tréfonds de son enfer personnel pour l'abandonner définitivement et
remonter, vous l'aurez deviné : à la surface.
Le frontman décrit The Surface comme l'antithèse de
Below, et le résultat sera un contraste sans précédent : Caleb Shomo
est heureux ! The Surface transpire le bien-être, un concept
difficilement imaginable sur un album de Beartooth. Il dira adieu à la
glorification du mal-être sur "Riptide" et chantera son amour-propre
sur "Might Love Myself", deux titres particulièrement atmosphériques et
mélodiques. Si l'ambiance des singles ne m'avait pas particulièrement emballé
lors de leurs parutions, j'admets volontiers être très surpris de leur
efficacité en tant que tout avec le reste de la tracklist :
The Surface est particulièrement bien mené et surtout très
cohérent.
L'ambiance hard rock des années 80 mise de côté sur Below sera de
retour ici, et sera même beaucoup plus mise en avant : The Surface est
un album de hard rock bien avant d'être un disque metalcore, soyons clair. Que
ce soit en termes de production ou d'instruments, c'est une succession de
tubes plutôt bien fichus et très rétros. Chaque solo, chaque riff fonctionne
en osmose avec cette esthétique de stadium rock. "The Better Me" en est
un des meilleurs résultats, particulièrement joyeux et enjoué tout en restant
entêtant et rock avec ses riffs imparables. Même si une touche heavy et plus
moderne reste dans l'air sur l'album, elle ne sera pas autant mis en avant.
C'est différent, mais ça fonctionne. "What's Killing You" commence
comme un morceau heavy et pessimiste, avant de très rapidement lui aussi
partir sur un anthem rock à l'ancienne des plus efficaces tout en gardant
l'énergie metalcore en petite dose. Comme à son habitude, Caleb est vocalement
irréprochable, même si un tantinet too much dans l'émotion sur certains
titres.
Ce n'est pas pour autant que vous n'y trouvez aucun titre heavy. Le morceau
d'ouverture "The Surface" s'avère être de très loin le plus violent du
disque, avec un final particulièrement sale. Même si non loin on y trouvera un
refrain catchy aux guitares bien rétros, ces éléments complémentent le titre
d'une très belle façon et ne le rende que plus cohérent. Si le refrain de
"Sunshine!", lui, peut dérouter, c'est un autre single qui
utilise la violence de façon intelligente pour un résultat original qui ne se
contente pas de faire du bourrin pour faire du bourrin, marquant
particulièrement le changement d'ambiance. L'énergie punk de "What Are You Waiting For" est aussi particulièrement appréciable pour donner un coup de pêche et, lÃ
encore, offrir un excellent refrain. Mention honorable pour "Doubt Me", particulièrement énervé et qui devrait ravir les fans de l'époque Aggressive.
Même si la violence est efficace, elle n'en reste pas moins superflue. Des
morceaux comme "Look The Other Way", acoustique et intime, ou bien le
grand finale émotionnel "I Was Alive" qui frôle l'ambiance chorale
d'église version rock, seront présents en fin de course pour confirmer que
The Surface n'est pas là pour vous gaver de breakdowns en veux-tu en
voilà , et c'est pourtant là aussi une réussite.
Si pour beaucoup The Surface sera une déception, probablement pointé du
doigt et moqué pour être sensible et beaucoup moins heavy, il n'en reste pas
moins un album hard rock très bien exécuté et efficace. Étant moi-même un
amateur de Beartooth lorsque que le groupe est au plus lourd et pessimiste
possible, il m'est impossible de nier la sincérité de la démarche proposée
ici. Certes, l'ambiance est plus calme et joyeuse, mais en apprenant Ã
passer outre, vous y trouverez de très belles surprises. Beartooth étant
assez connu pour prendre peu de risques et être plutôt répétitif en termes
d'écriture, ils joueront ici le tout pour le tout et offriront ironiquement
un album particulièrement frais, original et cohérent. Si tout ne fonctionne
pas à 100%, le tout constitue un effort des plus honnêtes avec une
production irréprochable. Et quoi que vous en pensiez, soyons juste contents
de voir Caleb Shomo heureux, le bonhomme l'a bien mérité.
Note du rédacteur : 3,5/5
Eddy F
2. Riptide
3. Doubt Me
4. The Better Me (feat. HARDY)
5. Might Love Myself
6. Sunshine!
7. What's Killing You
8. Look The Other Way
9. What Are You Waiting For
10. My New Reality
11. I Was Alive
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