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Chronique : Persuader - Necromancy


Si on décrit généralement Persuader comme du "power metal", ils démontrent surtout qu'il ne faut pas confondre ce terme avec "happy metal" : oui c'est du heavy, oui c'est puissant, oui il y a les solos, la vitesse, le chant assez aiguë et tous les marqueurs du power-metal, mais l'ambiance est résolument sombre, depuis toujours. D'ailleurs, si leur premier album est sorti en 2000, Necromancy n'est que le cinquième album des suédois : le précédent remonte à 2014, et son prédécesseur à 2006. Persuader n'a jamais été du genre pressé, ce qui n'aide jamais la popularité mais peut aider la qualité.

Depuis le dernier album, le guitariste rythmique (Daniel Sundbom) a quitté le groupe pour être remplacé par Fredrik Mannberg (également guitariste de Nocturnal Rites). Le bassiste et co-fondateur du groupe Fredrik Hedström les a aussi quittés début 2019, il a été remplacé, pour le moment en tout cas, par l'également guitariste soliste du groupe Emil Norberg. Parmi les membres d'origine du groupe, restent donc le chanteur Jens Carlsson et le batteur Efraim Juntunen. Ca tombe bien, le chant et la rythmique sont deux points cardinaux de Persuader.

Il est en effet impossible de ne pas penser immédiatement à Hansi Kürsch (chanteur de Blind Guardian) quand on écoute Persuader. Cette ressemblance existe depuis les débuts du groupe suédois, on aurait pu penser qu'ils chercheraient à s'en départir avec le temps, finalement ils l'entretiennent absolument. D'un autre côté, il s'agit là du Hansi qui aurait décidé d'en rester au chant très rauque des débuts de Blind Guardian. Par contre, alors que les allemands cherchent à aller vers toujours plus de grandiloquent, épique, "cinématique", Persuader enfonce toujours plus le clou dans le power-metal à influences trashisantes. Ce qui était aussi le style de Blind Guardian à ses débuts, sauf que Persuader ne se lasse visiblement pas du tout de ce style. Avec l'ambiance et les paroles sombres que certains espéraient trouver un jour chez Blind Guardian, en vain ; ou peut-être chez Demons & Wizards (puisque Hansi au chant et le guitariste et leader d'Iced Earth à la guitare), qui n'arrive finalement pas à avoir la musicalité qui marque aussi Blind Guardian. Musicalité que l'on retrouve bien chez Persuader, quand bien même les suédois se contentant de "simples" guitares-basse-batterie-chant.

Pour ce qui est de la rythmique, tous les morceaux marquent vraiment beaucoup leurs temps, même dans le chant, même dans les guitares. Les rythmes ne sont pas d'une variété affolante, c'est juste qu'il est impossible de passer à côté. Ca donne un côté assez martial à leur musique, qui pourrait lasser mais c'est suffisamment mélodique pour que ça passe. Pour ce qui est des textes, il est ici question d'un Nécromancien, totalement dévoué au côté obscur de la force : on le voit tomber dans ce qu'il sait très bien être l'obscurité, le justifier, s'y complaire, s'y épanouir, pour terminer sur le destin funeste de l'humanité dont lui-même n'a pas l'air de se réjouir. Pas de rayon de lumière à l'horizon : c'est sombre, poisseux, destiné à le rester.

Surtout, tout cela repose sur un équilibre assez fragile : par le thème de l'album et ce rythme très marqué, jusque dans l'exécution des solos, Persuader s'impose sur Necromancy un exercice de style assez restreint. A savoir qu'il devient compliqué de sortir de la route balisée sans se répéter. Sur l'essentiel de l'album, ils s'en sortent plutôt bien : on ne peut pas dire que chaque titre présente une ambiance très différente des autres, mais la construction, parfois l'envie de chanter à tue-tête fait qu'on se prend assez au jeu. Par contre, dans "Hells Command" et surtout "Gateways", que je trouve même un peu brouillon, on reste trop sur la même construction du début à la fin de la chanson, ça manque des petits détails qui permettent d'accrocher l'attention de l'auditeur. Malgré tout, la recette globale reste la même, on se dit que ça ne saurait être mauvais tout à coup, c'est juste qu'on a perdu le fil, ça va revenir, au pire à l'écoute suivante on raccrochera les wagons. Mais rien n'y fait : ces deux titres ont toutes les chances de vous faire décrocher. Ce qui est dommage, parce que l'album se conclut sur un "The Infernal Fires" tout à fait correct, sans forcément retrouver la qualité du début de l'album mais c'est un bon titre de fin. 


Avec Necromancy, Persuader reste fidèle à lui-même avec un album puissant, sombre, peut-être old-school mais qui passe quand même très bien aujourd'hui. C'est juste dommage qu'il y ait un petit manque d'inspiration vers les 2/3 de l'album. J'aurais envie de dire que, comme par hasard, ce sont au final les titres où "le héros" de l'album parle de ses débats internes (donc il y est question d'une forme de lumière) qui sont tout à fait bons, la musique reflétant ses réflexions, alors que ceux où il se contente d'exposer la beauté du Côté Obscur ont du mal à décoller… mais mon éternel côté positif me fait sans doute imaginer des explications supplémentaires.

Polochon.

Note de la rédactrice : 3,5/5

01. The Curse Unbound
02. Scars
03. Raise The Dead
04. Reign In Darkness
05. Hells Command
06. Gateways
07. The Infernal Fires

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