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Chronique : DGM - Tragic Separation


DGM est une sorte d'énigme : le groupe de heavy-prog italien a sorti son premier album en 1997, a toujours été actif et productif, est très loin d'être mauvais même s'il n'a certainement pas la prétention de révolutionner la musique, pourtant il reste très largement inconnu. La dernière fois que je les ai vus en concert, il devait y avoir 25 personnes dans la salle. Ce concert avait certes bénéficié d'une promotion proche du néant absolu, mais quand même. Peut-être ont-ils pâti de la mauvaise réputation de principe contre les "groupes italiens" au début des années 2000 ? Allez savoir. Quoi qu'il en soit : Tragic Separation est leur dixième album, le groupe ne compte plus aucun de ses membres fondateurs mais sa formation est stable depuis une dizaine d'années. Leur dernier album remontant à 2016, ils ont eu le temps de travailler Tragic Separation dans les détails. 

Le style de DGM est maintenant bien établi : heavy, très prog mais pas trop, dans le sens où ils essaient toujours d'amener quelque chose d'accrocheur à leurs titres au lieu de présenter une énième déferlante de notes très rapides. Par exemple, ici, "Surrender" sera plus dans le tranquillement rock'n'roll (faussement simple), "Tragic Separation" (la chanson) commence par une jolie intro piano-violon puis continue sur un mid-tempo qui reste énergique, "Stranded" et ses passages tout à fait heavy, etc. Cette formule marche toujours très bien en concert, par contre sur album je leur fais souvent le même reproche : le chanteur (Mark Basile) souffre quelque peu du syndrôme Céline Dion. A savoir qu'il chante très bien, très juste, avec une voix très puissante, mais trop souvent très puissante. Les instruments utilisent toute leur pallette de nuances, alors que Mark est toujours, toujours, toujours (ou presque) dans la puissance. Ce qui peut finir par devenir fatiguant. Surtout dans le prog, qui demande de la nuance pour pouvoir rester digeste. Il lui arrive de diminuer les décibels ("Land Of Sorrow" notamment), mais il ne se retient jamais bien longtemps, et vu son niveau on peut douter qu'il ne soit capable que de piano - fortissimo. Accessoirement, DGM a parfois le défaut de beaucoup de groupes de prog : "rajouter des notes pour rajouter des notes". Pas jusqu'à créer l'indigestion pour l'auditeur, dans l'ensemble ils savent s'arrêter à temps, mais parfois on ne peut s'empêcher de lever un sourcil en se demandant à quoi peuvent bien servir toutes ces notes perdues au milieu de nulle part (en dehors du plaisir pour le musicien affirmant qu'il peut le faire.) D'un autre côté, l'avantage des bons groupes de prog est qu'ils embrassent les contradictions : à la fin de l'album, "Turn Back Time", une des chansons les plus puissantes de l'album, précède "Curtain", que l'on peut qualifier de minimaliste (un métronome à son d'horloge, une note tous les 8 temps, et ça fonctionne.)  

Au final, c'est probablement le genre d'album qui marche mieux en concert, quand on peut s'amuser sur la globalité et que la puissance même vocale est toujours bienvenue. En tant que tel, l'album est bien fait, plutôt varié, musicalement au poil… mais tombe encore trop souvent dans le braillard. Ce qui, personnellement, a tendance à me fatiguer. Après, certains adorent ce genre de chanteur, alors pourquoi pas ? "Flesh And Blood", qui ouvre l'album, offre un bon aperçu de toutes ces qualités et tous ces défauts.


Polochon.  

Note de la rédactrice : 3,5/5  

01. Flesh And Blood 
02. Surrender 
03. Fate 
04. Hope 
05. Tragic Separation 
06. Stranded 
07. Land Of Sorrow 
08. Silence 
09. Turn Back Time 
10. Curtain

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