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Chronique : Amahiru - Amahiru


Amahiru réunit Frédéric Leclercq (bassiste de Kreator depuis peu, également guitariste de Sinsaenum et ex-bassiste sur scène + guitariste sur album de Dragonforce) et Saki (guitariste de Mary's Blood et Nemophila). Depuis son départ de Dragonforce en 2019, Fred pouvait exprimer son côté plus trashisant dans Kreator, plus extrême dans Sinsaneum, mais le metal plus mélodique allait forcément finir par lui manquer. C'est donc avec la japonaise Saki qu'il y revient, quelques années après qu'ils se soient rencontrés lors d'une tournée de Dragonforce. Nemophila est un bon groupe de heavy, j'aime moins Mary's Blood mais ainsi va la vie, de toute manière Saki est elle-même est une tout à fait bonne guitariste. Ils sont rejoints par Coen Janssen (Epica) aux claviers, Mike Heller (Fear Factory, entre autres) à la batterie et Archie Wilson au chant (inconnu pour ma part au moment où je lance l'album) : au moins sur le papier, les CVs réunis semblent convaincants. 

Musicalement, ce premier album d'Amahiru nous amène dans le heavy varié à tendances trashisantes. Genre qui n'existe évidemment pas, mais qui décrit bien le style des chansons : c'est fondamentalement mélodique, très direct, un tantinet commercial parfois (pas forcément dans le mauvais sens du terme), le chanteur est tout à fait dans ce style, et l'album se termine avec un morceau franchement thrash ("Samurai"). Or la conclusion marque toujours un peu plus les esprits, même si on a traversé beaucoup d'autres styles entre-temps.  


Quant au seul inconnu de cet album, le chanteur Archie Wilson, on peut espérer que cet album aidera Ã  le faire connaître parce qu'il y est vraiment très bon : chant varié, il est tout à fait dans ce qu'il chante, même moi qui suis infâme avec les chanteurs en général je n'ai rien à lui reprocher. Au plus en fait-il peut-être parfois un peu trop, mais j'aime chipoter. De toute manière, c'est surtout dans les passages instrumentaux, et pas seulement "les solos", que cet album s'envole réellement. Pas, ou pas seulement, parce que Fred et Saki y démontrent l'étendue de leur savoir-faire guitaristique, mais surtout parce que ces passages sont très bien construits, entourrés, se répondent etc. Par exemple "Way Out" commence de manière assez banale / déjà entendue, vers le milieu les instrumentaux arrivent, l'oreille commence à être intriguée, on part en solos et ça devient tout à fait bien. Coenn Janssen et Mike Heller sont absolument inclus dans la qualité des instrumentaux : ils jouent très "juste", soulignent très bien le tout sans jamais en faire trop. 
Par contre, contrairement à beaucoup, je regrette l'introduction de "Ninja no Tamashii" : oui ça fait très musique traditionnelle japonaise, mais quand on a enchaîné les productions musicales et vidéoludiques japonaises à la chaine depuis le début des années 90, on connaît déjà très bien ce type de construction ?D'un autre côté, entre l'air repris à la guitare et le clavier "au son spécifique", on a vraiment l'impression d'entendre une version instrumentale d'une vieille B.O. de jeu vidéo, ce qui est bien aussi. Mais bon... "déjà entendu", or je n'ai jamais beaucoup fonctionné à la nostalgie. A la fin de l'album, "Waves" est un joli instrumental beaucoup plus calme, avant de repartir sur le très thrash "Samurai". Parfois, au beau milieu de tout ça, un bout d'instrument traditionnel japonais, ou de mélodie aux sonorités typiquement japonaises, viendra rappeler la double origine de ce projet.  

Globalement, nous passons donc par du très commercial/américanisant, du (très) rentre-dedans, du japonisant plus ou moins surligné, un peu de guimauve parfois (mais c'est bien la guimauve, ça détend, n'ayons pas honte de la guimauve tant qu'elle reste à petites doses !), tout en restant très mélodique. Pour moi, c'est justement cette diversité qui va donner une impression de Japon : c'est foncièrement metallo-hard-rock, mélodique, ça peut partir dans tous les sens d'un morceau à l'autre, et le tout reste très cohérent.
 

S'il faut trouver des réserves, on peut dire que, parfois, on peut avoir l'impression que la partie "avec chant" a été faite dans un coin et les instrus dans un autre : au final le collage fonctionne bien mais on le ressent quand même un peu. Ca relève certes du chipotage, ça permet d'avoir des instrus dantesques même quand la partie chantée a pu être un peu plan-plan, mais... sans ces collages, ça serait encore mieux. Je me passerais aussi très bien de "Lucky Star" : dès les premières notes, rien qu'à la construction de tube pop joué avec des guitares électriques et aux petites sonorités type électro (qui a dit "à la rebelz de pacotille" ?), j'attendais une chanteuse "à la Elize Ryd" quelque part. Gagné, la chanteuse d'Amaranthe fait son apparition. Pas de chance, je n'aime pas du tout Amaranthe, mais les fans aimeront sûrement. L'autre morceau que je n'aime pas beaucoup est "Zombi", reprise du générique du film Dawn Of The Dead : il est tout à fait bien joué, mais je le trouve trop carré, je n'arrive pas à entrer dedans, c'est trop... "propre" ? Ce qui est un comble pour la B.O. du père des films de zombies ! Mais c'est un bonus, et une reprise : pas bien grave.  

Au final, on ne peut pas vraiment dire qu'Amahiru ressemble à tel ou tel groupe : ça n'aide pas à décrire leur musique, mais c'est certainement ce qui fait l'intérêt de la formation. Ce premier album est une vraie réussite, à quelques réserves très mineures près. La disparité des CVs (et des nationalités) réunies pouvait faire craindre un gloubiboulga géant, et il faut admettre que c'est un peu le cas, mais ils sont réussi à rendre le tout extrêmement cohérent. Sans doute parce que ce gloubiboulga reflètent les goûts musicaux des musiciens impliqués : ils aiment tout ça, l'ont assimilé à force d'écoutes intensives et le jouent. Espérons donc que ce projet aura des suites, même si les difficultés actuelles du secteur (pas seulement dues au Covid) n'aideront certainement pas alors que les musiciens d'Amahiru sont un peu partout dans le monde.  


Polochon.  

Note de la rédactrice : 4/5  

01. Innocent 
02. WTTP 
03. Hours 
04. Way Out 
05. Ninja No Tamashii 
06. Vanguard 
07. Bringing Me Down 
08. Lucky Star (feat. Elize Ryd) 
09. Waves 
10. Samurai 
11. Bringing Me Down (feat. Sean Reinert) [Alternative Version] 
12. Zombi (bonus)

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