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Parkway Drive : l’histoire secrète derrière l’album Reverence


Vu de l'extérieur, ces dernières années ont été une succession de victoires pour les Australiens de Parkway Drive. Depuis la sortie de leur 5ème album, Ire, qui a changé la donne en 2015 en les sortant du carcan du seul metalcore, en faisant son entrée dans le Top 30 au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, et en leur offrant un hit numéro un de retour dans leur pays. Un parcours couronné par un show énorme à la Brixton Academy l'an dernier.

Mais en privé, les choses étaient différentes. Durant la même période, le groupe a du faire face à une série de tragédies personnelles, la mort n'étant jamais très loin, portant son ombre sur ce qui aurait du être la période la plus triomphante de leur carrière et de leurs vies.

Parkway a distillé ces expériences dans son dernier album, Reverence, sorti le 4 mai dernier sur Epitaph, avec un disque beaucoup plus sombre et énervé. Durant 90 minutes d'interview, le chanteur Winston McCall tente d'expliquer cette période à un journaliste de Metal Hammer, qui confie que c'était très difficile pour lui, qu'il prenait régulièrement des pauses pour rassembler ses pensées et que sa voix a déraillé plus d'une fois  :

Ces dernières années ont été les plus traumatisantes qu'on ai vécues. C'était juste la période la plus vicieuse de nos vies. Ça va être dur, mais je savais que ça allait arriver. Il y a eu des décès. Beaucoup de décès.

Reverence s'ouvre sur le croassement de corbeaux, traditionnellement utilisés comme symbole pour la mort. Un choix approprié vu les circonstances qui entourent la création de l'album.

Le groupe a sorti le titre "Vice Grip", le 1er extrait de l'album Ire, en juin 2015. Juste après ils ont joué avec Architects, un groupe qu'ils soutiennent depuis leurs tous débuts il y a 10 ans, c'est là que le guitariste Tom Searle d'Architects leur a parlé de son cancer.

On s'est dit, "Putain ?" Mais on se répétait "Ça va aller, il va le surmonter".

Choqués mais plein d'espoir, le groupe a continué la promo de Ire, en jouant en Australie puis aux Etats-Unis. Mais à la fin de leur tournée américaine, le groupe a reçu une autre nouvelle dévastatrice : la partenaire de l'un des membres du groupe venait d'être diagnostiquée d'un cancer (Winston ne dévoilera pas le membre en question pour protéger son intimité).

C'était horrible.

La nouvelle a gravement affectée tout le groupe, et il a géré de la seule façon qu'il connaissait : en se plongeant dans son travail.

On devait faire ce qu'on devait faire, en tant que groupe.

Ils ont continué à tourner, jetant leur frustration et leur confusion dans leurs concerts. En janvier 2016, Parkway Drive a tourné en Europe avec Architects en ouverture. Au milieu de la tournée, Tom a été forcé d'abandonner et de suivre un traitement.

Tu te dis, "Putain de merde, c'est sérieux."

Quand la tournée européenne a été terminée, le groupe est retourné en Australie pour recharger ses batteries et essayer de donner du sens aux derniers mois. Pour Winston, c'était l'occasion de passer du temps avec sa femme, son chat, et son bull terrier, Monty. Pour le chanteur, Monty était un proche au même titre qu'un humain. Sa femme et lui avaient sauver le chien quelques années auparavant, et le chien était même présent lorsqu'ils enregistraient les démos de Ire.

Il était génial. C'était le plus peureux des chiens, mais il nous aurait protégé jusqu'à la fin.

C'est à ce moment là que Monty a été diagnostiqué d'un cancer inopérable. Le chanteur devient visiblement émotionnel alors qu'il s'explique, retenant ses larmes :

Ils m'ont dit, "Il a deux mois à vivre". Et mon unité familiale c'était ma femme, mon chat et mon chien. Je me disais "Putain, toutes les merdes m'arrivent." Puis deux semaines plus tard il est descendu en courant vers la porte et il s'est juste étendu. Il est mort dans bras. [Il marque une pause.] J'ai du creuser sa tombe.

Il prend une profonde inspiration. Ce qui est arrivé ensuite est encore pire. L'apparition du groupe au festival Reading en août 2016 était supposé être le sommet de l'année écoulée. Ils étaient déjà en Europe avec leur tournée, et juste une semaine avant qu'ils n'arrivent au Royaume-Uni pour le festival ils furent informés du décès de Tom Searle.

Cela a lourdement affecté le groupe, mais ils ont lutté contre leur deuil. Le 27 août ils sont arrivés au Reading pour un intense set de milieu d'après-midi. Une belle performance, mélangée avec de la colère et du deuil. Mais leur triomphe fut couronné d'une nouvelle encore plus dévastatrice : la partenaire de l'un des membres du groupe qui avait été diagnostiquée d'un cancer venait de décéder.

C'était la merde. On est sortis de Leeds. On s'est assis et on s'est dit, "Qu'est-ce qu'on peut faire ? On pourrait physiquement jouer, mais on ne pourrait jamais être debout là-bas..." On était comme des zombies. Ça nous est tombé dessus massivement. Tu es dans la situation la plus isolée que tu puisses être - une poignée de personnes coincées dans un bus tandis que tout s'écroule autant que possible autour de toi. Et en même temps tu dois aller sur scène et te la jouer "on est là !" devant des milliers de personnes devant toi. Et ce n'était pas encore terminé.

Depuis, il n'y a pas eu une période où ils n'ont pas reçu un coup de fil pour leur dire qu'un membre de leur famille avait été diagnostiqué d'un cancer ou était décédé d'une maladie. La dernière fois que c'est arrivé, c'était juste quelques jours avant cette interview.

Tu as une période de recueillement, puis il y a encore quelque chose qui arrive. Ça me fait mal au cœur de le dire, mais maintenant c'est devenu normal. Je suis coutumier du processus de deuil. A quel point ça craint ? Tu dois juste t'asseoir ici et discuter des gens que tu ne reverras plus, et penser à l'impact que ces gens ont eu sur ta vie. Et toi tu es toujours là. [Sur un ton ironique :] Quelle chance.

Sur l'album Reverence, plusieurs moments évoquent la mort, mais le moment le plus ahurissant reste le morceau final, "The Colour Of Leaving". Musicalement, c'est plutôt épuré et ça parle de la futilité de la vie. A un moment dans la chanson, la voix de Winston commence à vaciller et on dirait qu'il ne pourra pas poursuivre. C'est difficile à écouter. Ça a du être encore plus difficile à enregistrer.

C'est vraiment brutal. J'ai écrit la moitié de cette chanson après que Monty soit décédé, et l'autre moitié après ce qu'il s'est passé avec Tom et cette semaine d'enfer. Mais je ne savais pas si je pourrais la jouer d'une quelconque façon.

Au final il a décidé de l'enregistrer. La première fois il n'y ai pas arrivé. Il n'a fait que 4 prises du morceau parce que c'était trop difficile. Celle présente sur l'album et la seule qu'il a pu terminer.

Je l'inscris comme un marker. Je me dis, "Il doit y avoir quelque chose - tu m'as tout pris, mais il me reste les mots. Je t'emmerde de m'avoir tout pris."

Cet esprit de défi transpire à travers tout l'album. Il a insisté pour jouer "Wishing Wells" dans l'obscurité.

Les lumières sont éteintes, je retire mon T-Shirt, je tire sur mon visage, je crache de partout. Ça rejetait la frustration de tout ce à quoi on ne pouvait pas répondre dans cette chanson.

Le groupe aura appris ce qui important et ce qui ne l'est pas :

S'il y a un moment où ta mortalité est violemment placée en face de toi, c'est bien quand un ami ou un membre de ta famille qui est en excellente santé, qui est un être humain merveilleux, voit son heure arriver. Il n'y aucune raison que tu puisses comprendre pourquoi ça arrive. Tu cherches quelque chose à quoi te raccrocher.

Il savait que l'album diviserait tout autant que Ire, il le savait et il s'en foutait :

"Ces fils de putes ne font plus de breakdowns maintenant. Repose En paix, Parkway, tu es mort." Tu te dis "Wow, tout se dégrade rapidement." Puis tu t’assoies et tu réfléchis, "On les emmerde, il y a tout ça et puis il y a ce qui est vrai." Et ce disque est vrai.

Il parle du morceau "In Blood" dans lequel il chante "And through it all, we wore the pain, We held our own through the darkest of our nights" :

Je l'ai écrit comme un testament sur le fait qu'on ai réussi à survivre. J'étais fier du groupe, j'étais fier de ce qu'on avait fait. J'étais fier qu'on l'ai fait. Je connais ces gens. C'est ma putain de famille. J'ai passé 15 années de ma vie avec ces personnes. On a vécu beaucoup de merdes ensemble. Pas juste ce qu'il s'est passé ces dernières années, mais depuis le tout début. Et il n'y a aucun chance qu'on abandonne après tout ça.

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