Live Report : Iron Maiden + Avatar @ Paris La Défense Arena (19 et 20 juillet 2025)
Les 19 et 20 juillet derniers, Paris La Défense Arena accueille une scène emblématique de heavy metal : Iron Maiden survole l'hexagone pour un week-end à l'aune de sa tournée mondiale revivant les grands classiques de sa carrière. Nous nous y rendons le dimanche 20 juillet et dès l'ouverture, la plus grande arène d'Europe est remplie. L'effervescence est à son comble, rares sont ceux qui ne portent pas de merch arborant le visage culte d'Eddie. Diverses générations, de la vingtaine jusqu'aux sexagénaires, se disputent la fosse dans l'impatience de la soirée. En attendant de célébrer les 50 ans du groupe mythique, on accueille Avatar, qui ouvre les premières parties françaises du Run For Your Lives Tour.
Avatar
On ne présente plus le quintet suédois : cocktail déjanté de heavy et death metal, rencontre du clown Pennywise et d'un cirque steampunk dirigé par le diable, cela fait deux décennies qu'Avatar s'impose sur la scène du metal industriel. Après son passage aux Eurockéennes, ils nous ont impressionnés par une performance d'une heure de folie. Le groupe a ouvert sur l'électrisante "Dance Devil Dance", témoin de leur style enragé dont la performance live mérite le détour. Johannes Eckerström semble s'être échappé tout droit d'un cabaret de l'enfer. Il s'esclaffe, lance des plaisanteries au public, incarne un parfait équilibre entre la précision d'un leader aguerri et l'énergie survoltée nécessaire pour retourner la salle de concert.
Après un éventail de leur discographie, au cours duquel on a le plaisir de redécouvrir des classiques comme "Smells Like A Freakshow", le groupe nous joue "In The Airwaves" en live pour la première fois, deux jours après la sortie officielle du single ! "Nous trouverons toujours un moyen de nous réinventer", confie le groupe à l'occasion de la sortie de "Captain Goat". Ces singles signent une nouvelle ère, celle d'une vague diabolique de death metal portée par des chants marins, par le lointain écho de mélodies plus anciennes, à l'aune d'une carrière qui n'a cessé de déferler à l'international. Dès l'automne prochain, la tournée In The Airwaves débutera aux Etats-Unis ; le single éponyme est une véritable tornade psychédélique (warning épilepsie !), un nouveau challenge pour un groupe qui refuse le statu quo.
Avatar, c'est un opéra metal gothique qui nous a une fois de plus prouvé l'importance de leur monde, une large gamme de défis qu'ils s'efforcent de relever : voix incandescente, instruments explosifs, théâtralité et décors démoniaques, le quintet coche toutes les cases d'une première partie réussie. Leur prestation est assez courte, d'une quarantaine de minutes, mais avant tout percutante et qui n'a pas dit son dernier mot. Pour eux, il s'agit seulement d'une porte ouverte sur leur univers fou qui semble annoncer un tournant dans leur carrière, une volonté insatiable de se renouveler.
Rendez-vous en 2026 pour les prochaines dates françaises d'Avatar, les 2 mars à Lyon et le 7 mars à Paris !
Iron Maiden
C’est à 20h50 que le main stage débarque enfin sur scène. On a rarement vu un public autant excité à l'idée d'écouter un groupe si iconique : pour cette prestation à guichets fermés, Iron Maiden débute la célébration de son demi-siècle d'activité avec "Murder in The Rue Morgue". Chaque chanson suit un motif répété tout au long de ces deux heures de folie : les premières notes s'écoulent dans l'obscurité puis, brusquement, surgissent les membres des ténèbres et le show peut commencer. Le chanteur Bruce Dickinson tourne son micro vers les fans lors des refrains, il fait l'effort de nous parler en français pendant toute la soirée. Un Eddie toujours aussi décharné apparaît hache en main, personnage parfois troqué par les images de synthèses qui le projettent, furieux, devant la foule exaltée.
Le concert fait d'ailleurs preuve de beaucoup d'attention à la théâtralité de l'événement : prestations survoltées, spectacles pyrotechniques, effets stroboscopiques et clips musicaux se disputent une scène haute en rebondissements. Avec "Phantom of the Opera", on passe du Palais Garnier derrière d'épais rideaux rouge sanglant à la longue complainte maritime de "Rime of the Ancient Mariner", en passant par des références achromatiques du cinéma d'horreur lorsque "The Number of The Beast" résonne ! Outre les riches références historiques (les férus d'histoire salueront "The Trooper" pour son clin d'œil à l'épique mais désastreuse bataille de Balaklava), on sent une certaine complicité malgré les fréquents changements de membres dans l'histoire de la "vierge de fer". Leur nouveau batteur Simon Dawson remplace Nicko McBrain avec brio, Janick Gers fait tournoyer sa guitare au-dessus de sa tête et Bruce poursuit ce sens de la mise en scène, glissé dans la peau de nouveaux personnages hantés par les musiques.
Le show se conclut par des sons emblématiques du groupe dont "Hallowed By Thy Name", avec Iron Maiden tenant en haleine le public jusqu'aux refrains scandés en chœur. Après une pause, le groupe, scandé par le public, remonte sur scène pour asséner son coup de grâce avec le rappel : "Aces High", "Fear of The Dark" et "Wasted Years" clôturent la nuit. "Chaque soir nous jouons ces chansons", révèle Bruce, "et chaque soir est le meilleur soir de notre vie". On apprécie particulièrement le choix de "Wasted Years" comme note finale, à la fois personnelle pour le groupe et inspirante pour le public, l'incitant à vivre pleinement.
Le temps passe, mais la qualité reste. Revivre les morts ou faire mourir les vivants, on ne sait vraiment quel est le but de ce géant intemporel qui fait trembler le monde du heavy metal depuis tant d'années. Ce qui est sûr, c'est que l'héritage d'Iron Maiden n'est pas prêt de mourir et, si les membres se plaisent à mettre en scène leur mort, la musique, elle, ne périt jamais.
Texte : Jinane Blidi
Photos fournies par la production, @jensthepanda
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