Live Report : Hellfest 2025 - Jour 2 (20/06/2025)
On reste sur place pour accueillir Charlotte Wessels. L'ex-chanteuse de
Delain est accompagnée de ses musiciens provenant aussi de l'ancienne
formation de Delain, et elle se plaît à appeler son groupe "The Obsession"
comme son dernier album. C'est d'ailleurs de cet opus que proviennent la
majorité des chansons du court set, ouvert par "Chasing Sunsets" et suivi par
"Dopamine", deux titres phares. On retrouve avec plaisir "Soft Revolution",
son plus gros single à date, très doux et harmonique. Même si le style est un
peu différent que lorsqu'on l'a connue, il est aussi plus personnel et met en
avant différent aspects de sa voix qui se retrouve pleinement utilisée, entre
les quelques growls et les envolées lyriques. Un instant de poésie qui nous
fait planer avec le sourire.
A peine le temps d'entrevoir la géniale Amira Elfeky et les excellents
Last Train entre deux interviews que nous voilà arrivés devant les Allemands de Future Palace. Comme à son habitude, le groupe de
post-hardcore introduit le set avec "Malphas", un des singles de son dernier
album sorti l'année dernière, Distortion. La setlist est un savant mélange de
ce dernier opus avec les singles de Run. On retrouve par exemple la symbolique
"Decarabia", dont nous avions longuement parlé lors de notre dernière
interview avec le groupe, ainsi que l'énergique "Dreamstate".
Comme toujours, le trio répand la bonne humeur avec vigueur et
Maria Lessing harangue la foule avec énergie. C'est toujours un réel
plaisir d'assister aux shows de la formation, qui savent parfaitement
transmettre leur bonne humeur au public !
Nous enchaînons avec The Warning, les sœurs mexicaines survoltées. Le
set se concentre majoritairement sur le dernier album, Keep Me Fade, également
le meilleur à date. Les singles "S!CK" et "Qué Más Quieres" sont très
efficaces pour faire rebondir le moshpit dès les premières notes, et le trio
déroule leur joyeux rock en ne cessant de bouger et sauter. Les super "MORE"
et "Hell You Call A Dream" sont jouées et beaucoup reprennent les refrains en
chœur tandis que les sœurs alternent la voix tout en jouant de leurs
instruments sans faute. "Automatic Sun" conclue le set en beauté devant une
clameur bien méritée ! La chaleur commence à se faire étouffante, et c'est un
bonheur de voir les différents aménagements prévus par le festival pour la
supporter : outre l'indémodable mur d’eau, présent depuis pas mal d'années
maintenant, le staff vient démarrer des brumisateurs géants à quelques
endroits du festival, ce qui est clairement la solution miracle pour beaucoup
de festivaliers ! On n'oublie cependant pas le classique jet d'eau des
pompiers sur les premiers rangs des mainstages, sauvant au passage les
spectateurs qui campent depuis le matin pour les têtes d'affiche !
Le prochain groupe de notre programme est Spiritbox. D'un pas assuré et
autoritaire, les membres du groupe prennent place sur la scène et déroulent leur
setlist avec, comme d'habitude, une interaction assez limitée avec le public.
Casquette vissée sur la tête et lunettes de soleil,
Courtney Laplante crie face à la foule sans s'arrêter et maîtrise sa
voix avec brio. C’était un groupe attendu et l'audience chante et se bagarre
au rythme des morceaux. On trouve autant de morceaux du dernier opus, Tsunami
Sea, que d'anciens singles. Ainsi, "Soft Spine" côtoie des titres comme
"Jaded" ou l'emblématique "Circle With Me", pour le plus grand bonheur des
fans. Un set un peu moins personnel que lors des shows en tête d’affiche, mais
toujours aussi plaisant à écouter malgré la retenue dont les Canadiens ont
fait preuve.
Un set très efficace d'Epica prend la relève sur la Mainstage 2, que
nous n'avons malheureusement pas le temps de suivre avec autant d'attention
que l’on voudrait. On profite cependant de "Cry For The Moon" et "Consign To
Oblivion", des classiques. Rapidement, c'est The HU qui prend la
relève sur la Mainstage 1 et tout le monde s'extasie. La dernière fois qu'ils
étaient passés sur le festival, ils se trouvaient à la Temple et la tente
était blindée au point de ne plus pouvoir respirer : beaucoup n'avaient pas pu
profiter de ce set à cause de cet inconvénient, un peu à l'image de Jinjer ce
jeudi. Cette fois, ils sont devant un très large public confortablement
installé et impatient de voir leur metal joué avec les instruments
traditionnels mongols. En presque 10 ans, le groupe a su s'affirmer et étendre
sa culture dans le monde entier, au point même d’être le premier groupe de
metal nommé parmi les "Artistes de l'UNESCO pour la paix". Ils profitent
d'ailleurs du public enthousiaste du Hellfest pour jouer leur cover de "The
Trooper" d'Iron Maiden toujours aussi fun à entendre résonner sur leurs
morin khuur. Leur chant de gorge khöömii est impeccable, et
c'est toujours un grand moment d'entendre en live les singles qui ont fait
d'eux des vedettes de Mongolie, comme "Wolf Totem" ou "Yuve Yuve Yu". Ils
terminent leur énorme set avec un de leurs derniers morceaux en date, "This Is
Mongol", et c'est une vraie réussite !
Un set immense se prépare à prendre la suite : Within Temptation, avec
leur immense décor de temple romain moderne. Sharon Den Adel, la
chanteuse, s'avance sur "We Go To War" avec son masque de fer très solennel.
Engagés activement depuis quelques années sur les guerres, notamment pour
l'Ukraine, et les droits des femmes comme en Iran, c'est ce que reflétait leur
dernier album, Bleed Out, dont les 4 singles principaux sont joués ce soir-là .
Sharon avait d'ailleurs donné une conférence de presse dans l'après-midi sur
le sujet, considérant que « malgré la chaleur, il était important de venir en
discuter », d'après ses dires. Un choix noble malgré la température étouffante
qui régnait dans la tente presse. Le groupe approchant les 3 années
d’activité, leur discographie est plutôt large, et choisir les singles à jouer
est une tâche difficile ! Ils alternent souvent les setlists en fonction des
villes et festivals, donc c’est toujours une bonne surprise de voir quels
morceaux ils nous préparent pour chaque show. Ici, un excellent mélange des
anciens albums vient ponctuer le show, avec étonnamment un petit focus sur The
Unforgiving : ce n’est pas seulement l'emblématique "Faster" qui est jouée,
mais aussi "In The Middle Of The Night" et "Lost" pour le plaisir des fans. Le
groupe ne laisse évidemment pas les classiques de côté pour autant, et on
retrouve "Stand My Ground", "Our Solemn Hour" ou encore le duo avec Tarja
Turunen, "Paradise", par exemple. 14 chansons pleines d'énergie et de passion
devant une foule qui ne cesse de chanter, les yeux éclairés des effets de
pyrotechnie. Par ailleurs, ils en profitent pour présenter leur nouveau
claviériste, Vikram, suite au départ récent de Martijn (qui
était là depuis 2001 !). Leur passage se termine avec un de leurs plus gros
succès, "Mother Earth", et les chœurs résonnent à travers tout le festival
pour la dernière fois avant de les voir saluer pendant quelques temps, ravis
de pouvoir partager un moment avec leurs fans. Incroyable !
Sur la Mainstage 1 s'avance alors le groupe controversé de cette édition :
Muse. Pour beaucoup, ils n'ont pas leur place dans un festival de
musique extrême ; ils ont donc 1h30 pour convaincre le public vieillissant du
Hellfest. Et quel show ! Ils sont clairement là pour prouver qu'ils méritent
cette place, et pour faire kiffer leur public. Après avoir ouvert avec
"Unravelling", sortie pour l’occasion, le groupe déroule une setlist
clairement pensée pour le fest et pleine de références. On retrouve de
nombreux clin d'œil aux plus grands groupes du genre, avec par exemple
Slipknot (une partie de "Duality" est jouée après "Kill Or Be
Killed"), Gojira et Nirvana (dont des parties de "Stranded" et
"Heart-Shaped Box" sont jouées en introduction de "We Are Fucking Fucked") ou
encore Rage Against The Machine (dont les notes de "Calm Like A Bomb"
résonnent à la fin de "New Born"). Le groupe n'oublie pas leurs classiques
avec "Hysteria" et "Supermassive Blackhole", et après 16 chansons, ils
reviennent pour un rappel de 3 morceaux supplémentaires, dont "Uprising" et
"Knights of Cydonia", ponctués d'enregistrements entre les morceaux pour
rendre le final encore plus immersif. Un show taillé pour le Hellfest qui
aurait pu être un sans-faute, si ce n'était le plus gros point noir de la
journée : les problèmes de son étaient horribles sur le début du show, du
moins pour les 7 premiers morceaux, ce qui est énorme ! La guitare ou la voix
de Matt Bellamy étaient complètement aléatoires et gâchaient un peu
l'expérience. Heureusement que l’ingé son s'est repris à mi-parcours pour nous
proposer un bon final.
Le dernier groupe de la journée que nous choisissons est Heilung. Avec
eux, on peut toujours s'attendre à une expérience unique, mystique, qui touche
directement l'âme. Cela ne manque pas, et ce set montre Maria,
Kai et Christopher au sommet de leur art. Le début est très
classique, comme il l'a toujours été pour chacun de leur concert : la
cérémonie d'ouverture avec la purification du lieu et la petite prière
emblématique, puis l'enchaînement sur "In Maidjan", probablement leur plus
connue. Les cris tribaux retentissent, les gens et les artistes commencent Ã
danser, et c'est parti pour une heure de plaisir. Rapidement joints par leur
armée de guerriers, topless et peints, lance et boucliers à la main, ils
enchainent les chorégraphies. Entre chants planants, passages parlés ou cris
sauvages ponctués par les tambours et la palette d'instruments traditionnels
faits maison par le groupe, c'est un show unique. A chaque fois, ils nous
embarquent dans une atmosphère unique et nous font ressentir des choses comme
nul autre – si tant est qu’on est sensible à leur univers. Les adorables
"Asja" et "Anoana" sont un baume au cœur, tandis que "Tenet" se fait
percutante, lancinante, s'insère dans notre esprit et nous force à danser avec
tout le monde. Un spectacle hors du temps, qui termine cette journée dans une
sérénité incroyable. Peu surprenant cependant : Heilung, "Healing" en
allemand, soit "soigner", est l'origine même du groupe qui propose les effets
d'une séance de méditation et de bien-être à travers la musique ancestrale. En
tout cas, une claire réussite au Hellfest, qui détend tout le monde après la
journée aussi violente que chaude.
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