Chronique : Eminem - The Death of Slim Shady (Coup de Grâce)
Eminem est de retour avec un nouvel
album The Death of Slim Shady (Coupe de Grâce). Malgré le
fait qu'il soit considéré comme l'un des plus grands rappeurs de sa génération,
certains de ses derniers albums (Revival et Kamikaze) étaient clairement un
cran en dessous du niveau habituel. Il avait cependant redressé la barre avec la sortie
surprise de Music To Be Murdered, son dernier album en date. Cette fois, pas de surprise,
l''album a été grandement teasé sur les réseaux et quelques morceaux ont déjà
été diffusés. Alors, The Death of Slim Shady, ça vaut quoi ? Autant vous
prévenir tout de suite : âmes
sensibles s'abstenir!
Sur la première partie du disque, on assiste à un Eminem old school. On se croirait
revenir au temps de The Eminem Show avec "Renaissance" et son flow imparable. Confirmation avec "Brand New Dance" ou encore le dernier
couplet de "Habits".
Le premier vrai duel entre Eminem
et Slim Shady arrive sur "Trouble" en mode battle dans un format réduit
de 40 secondes à la 8 Miles.
Eminem s'auto analyse sur les premiers couplets de "Evil",
avant que Slim Shady pointe le bout de son nez, même si son
ombre rode tout au long du morceau. L’enchainement est tout trouvé avec le track suivant "Lucifer" (introduit par un sample d’Alfred Hitchcock, en référence à l'album précédent). Le titre est une sorte "d’échange" entre les deux
compères et se termine par "si je
suis Lucifer Dre est le producteur de l’Antéchrist". Ce sera le titre
du morceau suivant sur lequel Eminem (toutes ses personnalités comprises) règle
ses comptes avec ses détracteurs avec des rimes aiguisées, tranchantes et violentes. Il
ne s’arrête pas là, il continue sur "Fuel", et clashe Puff Daddy
avec un somptueux : "(…) We
can just say (What?) I'm like a R-A-P-E-R (Yeah) Got so many S-As (S-As), S-As
(Huh) Wait, he didn't just spell the word, "Rapper" and leave out a P, did he? (Yep) R.I.P., rest in peace, Biggie And Pac, both of
y'all should be living (Yep) But I ain't tryna beef with him (Nope) 'Cause he
might put a hit on me like Keefe D did him And that's the only way you're gonna
be killing me (Nah (…)" JID, invité sur le morceau, se montre à la
hauteur et réalise une performance remarquable, clairement un des meilleurs feats de l’album.
Vous l'aurez compris, une grande partie du disque est
tournée autour du duel Eminem vs Slim Shady, mais le réduire seulement à ça
serait être de mauvaise foi. Eminem , Slim Shady OK… mais Marshall Mathers dans
tout ça ? On le retrouve sur "Temporary", dédié à Hailie, sa fille qu'on a vu grandir à travers ses albums. Gros moment d’émotion sur ce feat avec
Skylar Grey, titre entrecoupé d’interactions entre Hailie enfant et son père.
Il s’adresse également à ses enfants, d’une manière plus générale sur "Somebody Save Me" en clôture de l’album, là aussi très touchant comme Eminem sait si bien le faire. Un sentiment décuplé grâce aux refrains de Jelly Roll.
Qui dit Eminem dit controverse. En plus de 25 ans de carrière, il y en a eu de nombreuses. Courant 2000 il
avait déclaré "ce n’est pas compliqué on m’attaque, je réponds !". Une de ses cibles préférés sont les rappeurs et ils sont nombreux a être clashés sur l'album. Parmi
eux Puff Daddy précédemment cité ou encore Machine Gun Kelly dont la querelle remonte à plusieurs
années ; à l’origine Eminem n’avait pas apprécié la remarque déplacée que ce
dernier avait faite sur sa fille. Autre cible, la communauté LGBTQ + qui l'accuse d'être homophobe. Eminem leur répond de manière humoristique sur "Houdini" : "Mon
siamois est transgenre, il se prend pour un black mais agit comme un chinois" ou plus sérieusement sur "Habits" "Et si
les hommes veulent porter du rouge à lèvres et des sous-vêtements féminins qui
s’en soucis ? Leur merde c’est leur affaire" ou encore "une partie de moi comprend et veut dire que
je suis désolé et arranger ça. Donc toutes mes déclarations sont
contradictoires comme si utiliser le mot F pour gay était faux et offensant". On pensait le problème réglé lorsqu’aux Grammy Awards il avait interprété son titre "Stan" en duo avec Elton
John. Il est vrai qu’à cette époque certains justiciers Twitter n’étaient pas nés. Pour rappel, Elton John (une des plus grande icones gay de la planète)
est un des plus proches amis du rappeur…
La "Cancel culture" voulait l’effacer, autant vous dire qu’il s’en
donne à cœur joie. D’une manière plus générale c’est la génération Z qui est
visée.
Cependant certaines attaques sont
gratuites et vraiment méchantes sans trop qu’on sache pourquoi, notamment Christopher Reeves qui en prend plein la gueule tout au long de l’album.
Grand passionné de cinéma, il créé ses albums comme des films. The Death of Slim Shady a eu droit à de nombreux teasings en guise de bandes annonces. On le trouve par moments touchant et sincère, l’humour et le second degré sont toujours là et également l’autodérision (de nombreuses allusions à ses prises de médicaments qui ont failli lui être fatales). Il n'hésite pas à clasher ses détracteurs et dénonce ce qui lui semble ridicule (pour parler poliment) dans la société d’aujourd’hui. On a donc un album avec le combo gagnant et sa déclaration "Si tu achètes un album d’Eminem attend toi a avoir du Slim Shady et non des oiseaux et des petites fleurs" est encore d’actualité aujourd'hui. Confirmation avec "Quelque chose ne va pas chez moi, mon dieu, les vielles habitudes meurent difficilement" sur "Habits".
Quand on parle d'Eminem, une des premières choses qui vient à l'esprit, c'est sa technique. Ce dernier n'est pas surnommé le God of Rap pour rien, on sent qu'aucun mot n’est écrit/prononcé au hasard, tout est travaillé. On retrouve sur la plupart des couplets des rimes tri voir quadri syllabique, c'est dire le niveau. Je pense même que c'est tellement technique que, pour nous français, nous ne pouvons pas nous rendre compte à quel point c'est technique.
Sur les réseaux depuis quelques jours une théorie émerge selon laquelle si l'on écoute l’album à l’envers, ce serait Slim Shady qui tuerait Eminem. Théorie qui peut se confirmer par la présence du Skit "Guess who’s back" si tard dans l’album (entre autres), ou encore le tweet sur le compte d’Eminem la veille de la sortie : "C’est un album conceptuel il faut écouter les morceaux dans l’ordre sinon pas sur qu’ils aient tous un sens," connaissant l’énergumène, ce ne serait pas surprenant qu’il y ait un double sens.
"Killshot, booyaka, Coup de grâce, motherfucker". Eminem continue de se faire attaquer sur des sujets sur lesquels il s’est de nombreuses fois exprimé, mais certains n’ont toujours pas compris qu’il serait très difficile d’avoir le dernier mot face à un des plus grands rappeurs de tous les temps ! The Death of Slim Shady (Coup de Grâce) ne porte pas son nom par hasard, il est à la hauteur de l'attente et n’est pas seulement là pour les fanboys de service. Il est surtout là pour montrer à la société d’aujourd’hui qu’elle est devenue une caricature de Slim Shady ! Nous avons affaire à l'un des meilleurs albums de la discographie du rappeur, cependant, si vous voulez du hip-hop mainstream, passez votre chemin. Cet album n’est clairement pas pour vous.
Pastaga
1. Renaissance
2. Habits
3. Trouble
4. Brand New Dance
5. Evil
6. All You Got (skit)
7. Lucifer
8. Antichrit
9. Fuel
10. Road Rage
11. Houdini
12. Breaking News (skit)
13. Guilty of Conscience 2
14. Head Honcho
15. Temporary
16. Bad One
17. Tobey
18. Guess Who's Back (skit)
19. Somebody Save Me
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