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Live Report : Polaris + Silent Planet + Thornhill + Paledusk @ Élysée Montmartre de Paris (10/03/2024)


Alors que Polaris ouvrait le concert de While She Sleeps avec Bury Tomorrow en septembre 2023 au Bataclan, les voilà de retour à Paris après à peine 6 mois, en tête d’affiche à l’Elysée-Montmartre. Ou plutôt en presque co-tête d’affiche pleine à craquer : Polaris jouera environ 1h20, Silent Planet pas loin de 50mn, Thornhill dans les 40mn, et Paledusk… sans doute dans les 30mn ? Affiche 100% metalcore en tout cas.

Je dois commencer ce compte-rendu avec de plates excuses envers PALEDUSK : je me fie généralement à la page Facebook d’un concert pour vérifier les horaires d’un concert, et la page pour cette soirée indiquait un début 19h. C’est tard pour une soirée aussi chargée, mais comme nous sommes dimanche les organisateurs ont peut-être pu négocier une prolongation ? Que nenni : en arrivant à 19h, je me trouve fort dépourvue, quand la sortie de scène de Paledusk est la première chose qui s’offre à ma vue. Notre photographe Garnet ayant mieux géré les horaires, il a pu voir les japonais, je vous cite donc son commentaire : "Paledusk, meilleur groupe de la soirée, voilà" (puis smiley avec des yeux brillants d’émotion). Et concernant l'élément de comparaison, ce que j’ai vu de la soirée fut tout à fait bon. Les personnes entendues entre les groupes et à la fin confirment une très bonne impression, sans forcément proposer de classement entre les groupes. Dans tous les cas : ce fut sans doute très bien, telle est l’idée.


THORNHILL

Ce qui se remarque très vite chez ces Australiens, est que même avec un seul guitariste, ils arrivent à proposer un metalcore assez complexe musicalement -et- très axé sur le ressenti : on se prend à essayer de comprendre où ils nous emmènent musicalement tout en se laissant emporter par le chemin émotionnel qu’ils tracent. Alors même qu’ils subissent le son de l’Elysée-Montmartre pour les premières parties, à savoir que la guitare est un peu noyée : ça aurait sans doute été encore mieux avec un meilleur son. Un reproche peut cependant leur être fait : ils ne "projettent" pas vraiment vers le public : ils le regardent régulièrement (ou plutôt ils regardent vers le public), lui parlent entre les chansons etc., mais par exemple le chanteur fait souvent des cercles qui lui permettent de regarder plus les murs ou le sol qu’attraper le regard des gens dans la salle, le bassiste est très concentré sur ce qu’il joue et regarde souvent devant lui, mais impossible de discerner dans quelle mesure il se fait plaisir, etc. Or, pour ma part, pour vraiment entrer totalement dans un concert, j’ai besoin de ressentir que le groupe s’adresse autant aux gens du premier rang qu’à ceux qui sirotent une bière au bar, là-bas tout au fond. Et avec Thornhill, on ne va pas vraiment au-delà du 15ème ou 20ème rang (en voyant large). Globalement, j’en garderai donc l’impression d’un très bon groupe musicalement, mais qui a besoin de "s’ouvrir" sur scène pour franchir un palier.

Le public leur est très réceptif en tout cas : ça part très vite en pogos très actifs, qui durent et prennent de la place, jusqu’à quelques walls of death improvisés (bel accomplissement pour une première partie), le public se fait entendre pendant et entre les chansons, en résumé le public parisien aime. Alors même qu’il n’y a probablement pas beaucoup de fans du groupe dans la salle : vers la fin, le chanteur demande à ce que la foule se sépare, ça prend tout à fait bien (jusque-là ça se faisait certes régulièrement mais à la seule volonté du public, donc pour une fois que quelqu’un sur scène le demande le public s’exécute avec plaisir). Sauf que le public rate totalement le départ des hostilités, c'est donc bien que le public ne connaît pas spécialement les chansons… pas bien grave, le public se rattrapera sur la chanson suivante, en en improvisant à nouveau !

 


SILENT PLANET :

Pendant le concert des américains, au niveau du son, nous n’entendons presque pas la guitare. Ce qui donne "un peu" l’impression d’assister à un concert de batterie-basse-chant. Avec un peu de guitare de temps en temps, en fond sonore. En plus, contrairement à ce que je connais des enregistrements studio du groupe (mais je ne connais pas tout loin s'en faut), ce que joue la guitare semble reposer essentiellement sur le rythme. Même pas la puissance, vraiment le rythme. Et déjà que nous avons énormément de rythmes avec cette masterclass basse-batterie… leur concert manque vite de musicalité à mon goût, j’apprécie les premiers morceaux mais je finis par décrocher après 20 minutes à peine.

-Ou bien- ils proposent juste une musique à laquelle je n'arrive pas à me rapprocher, surtout en concert. Ainsi, en introduisant "Panic Room", le chanteur prend le temps de nous expliquer que lors leur dernier passage à Paris, en 2019, il est allé visiter le Sacré Cœur (ou autre lieu emblématique parisien dont j’ai mal compris le nom, qu’il me pardonne si c’est le cas), et le lendemain il faisait une tentative de suicide. Sans les membres du groupe, qui ont pu être là au bon moment, il ne saurait plus là pour nous parler, et pour chanter. Il passe beaucoup de temps sur cette introduction, pour conclure sur le fait que "c’est bien, d’aller mal ; ce qui n’est pas bien, c’est de ne pas en parler : si ça vous arrive, discutez-en avec vos amis, votre famille, vos proches". Et d’ajouter qu’il a composé la chanson suivante sur ou quand il était lui-même interné en psychiatrie (oublié, mes excuses). Et en effet, dans cette chanson, on ressent énormément de douleur et de mal-être : trop pour moi, je finis par être mal à l'aise. Les fans adorent sans doute, mais personnellement j’ai besoin de voir un peu de lumière au bout du tunnel, d’avoir l’impression que quelque part, même très loin, il peut y avoir un peu d’espoir. Or, avec Silent Planet, on en perçoit vraiment très peu : c’est peut-être simplement pour ça que je n’ai pas su accrocher à leur concert.

Dans tous les cas, musicalement, amener autant de noirceur en se basant très principalement sur du rythme, et alors que le public entend aussi mal la guitare, c’est un tour de force.
Quant à l’attitude des musiciens par contre, là nous avons des gens qui s’ouvrent énormément à leur public, ils sont totalement à vif, pour les gens du premier rang comme pour ceux au bar : ils font plaisir à voir.

Le public le perçoit bien, et le leur rend bien : ça bouge toujours autant, en bonus nous avons droit aux premiers circle pits de la soirée (qui prennent déjà de la place !) et le public participe très honorablement aux chansons. Au final, même si personnellement je n’ai pas réussi à entrer dans la musique de Silent Planet, ils ont fait plaisir à leurs fans et en ont sans doute conquis de nouveau, c’est le plus important.


 

Noter que dans la pause entre les groupes, le public reste chaud bouillant : sur plusieurs morceaux, on sentait que beaucoup se retenaient de ne pas se lâcher un peu sur les bandes sonores. Sur Green Day, quelque chose dans l’air indique que ça devient vraiment compliqué. Suit Tears Don’t Fall de Bullet For My Valentine, et là… devant, on ne les tient plus ! Ca chante le refrain, ça pogote, Jésus devient Moïse (quelqu’un en longue robe blanche, longue écharpe rouge, et évidemment les cheveux longs et la barbe qui vont avec) et fend la mer pour créer un wall of death petit mais honorable, quelques-uns slammeront (dont Jésus !), etc. : le public est prêt pour finir la soirée en beauté.

POLARIS :

L’ingé-son du soir se souvient de l’emplacement des boutons pour la guitare, et nous pouvons apprécier un son correct pour Polaris. Enfin ! Encore un peu plus de guitare aurait été encore mieux, mais du Polaris sans guitare… ça aurait été sacrilège. Donc c’était très bien.

Ca tombe bien que Polaris conclue la soirée, puisqu’ils proposent un bon résumé de tous les groupes que l’on a pu voir (sous réserve de Paledusk, que je n’ai pas pu voir, donc) : on y retrouve beaucoup de noirceur et un vrai contact avec le public, comme chez Silent Planet, mais aussi beaucoup de musicalité et une forme de luminosité, comme chez Thornhill, avec un bonus "chœurs à reprendre en chœur (et avec cœur)". Et encore plus de pogos – walls of death – quelques circles pits­, qui s’étalent encore plus dans la salle. Parmi les slammeurs, on peut à nouveau noter Jésus, qui fait ça tellement bien que l’on peut dire qu’il a été porté en croix : c’est beau. Je dois quand même reconnaître avoir un peu décroché sur le dernier quart d’heure, mais ça peut être la fatigue de la journée. Ca peut aussi être les stroboscopes, très, très utilisés pendant Polaris, or ils me donnent mal aux yeux au début, puis à la tête si ça dure (les changements brusques de lumière, ça n’est pas bon pour tout le monde) : j’ai certes l’habitude de baisser les yeux quand il y en a, mais quand il y en a beaucoup, et c'est le cas pendant Polaris, ça peut aussi finir par me sortir de l’ambiance d’un concert. Béni sera le jour où ils mettront fin aux stroboscopes (-Jésus, si tu nous entend !-)

Bien évidemment, le groupe a fait un hommage à Ryan Siew, leur guitariste décédé en juin 2023 à seulement 26 ans. Ca sera la chanson "Waves", pour laquelle on nous demande de sortir les torches sur les téléphones portables, idée qui tombe un peu à l’eau puisque de la lumière reste sur le public pendant presque toute la chanson : on ne profite pas vraiment de l'effet. Mais peu importe, le public chante en chœur et entonnera des "Ryan – Ryan" à la fin, c’est le plus important.

A ce sujet, noter que Jesse Crofts (Windwaker) prend la place de guitare lead en concert, et il est vraiment très, très bon. Le groupe dit à quelques occasions que quand ils hésitent à continuer, c’est ce genre de concert qui leur permet de tenir bon : souhaitons qu’ils continuent dans l’idée de faire vivre le groupe -et- avec Jesse, qui est vraiment excellent dans son rôle.

Toutefois, notons que certaines personnes dans le public… devraient apprendre que l’amusement ça se partage, ça ne s’impose pas ? A savoir que, personnellement, entre ma corpulence (limitée) et quelques problèmes musculaires, il n’est vraiment pas conseillé que je me lance dans des pogos, circles pits et assimilés. Mais ça n’est que moi, j’ouvre totalement le passage à quiconque veut aller s’y frotter, et je me venge avec la gym du cou (très importante, la gym du cou). Par contre, quand on commence à pousser dans mon dos, fort, longtemps, en gigotant façon "ouvrons le pogo par là aussi, ouais !", alors qu’il n’y a personne derrière le type qui saoule présentement et que très visiblement je me bloque plutôt que partir dans l'idée… ça peut avoir tendance à m’énerver. J’ai certes réglé le problème en faisant une grosse poussée vers l’arrière et en disant fort "si tu veux saouler comme ça, tu vas le faire AILLEURS", mais justement il n’y avait aucune résistance quand j’ai poussé vers l’arrière (en dehors du type), ce qui montre bien que c’était bien juste une personne qui saoulait / personne ne lui imposait cette poussée qu’il faisait durer. Pas méchant le type ceci dit : il a compris et n'est pas revenu casser les pieds. Pendant le concert de Polaris, il y en aura 3-4 comme ça, qui chercheront à imposer leur amusement aux autres (+ peut-être d’autres dans d’autres coins)… vivez vos vies les enfants (si vous me permettez), ne l’imposez pas aux autres !



En conclusion, le public sortira de ce concert avec des étoiles plein les yeux, pour tous les groupes de la soirée. Rien n’est parfait en ce bas monde donc il y avait forcément quelques petits "moins" ici et là, mais dans l’ensemble la soirée fut riche en émotions, défoulements et séances de sport, soit tous les éléments d’un bon concert.

 

Texte : Polochon 

Photos : Garnet

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