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Chronique : Machine Gun Kelly - Mainstream Sellout


A peine deux ans après une entrée remarquée dans le monde du pop punk avec Tickets To My Downfall (désormais disque de platine), un 5ème album chapeauté par Travis Barker de blink-182, le nom de Machine Gun Kelly est désormais sur toutes les lèvres. Et plus que jamais, une partie de la scène attend la chute de celui que Billboard surnomme le "prince du pop punk". 

Son goût pour l'excentricité et les clashs dans lesquels il s'engage ne plaident probablement pas en sa faveur, il est vrai, même si dans le fond il ne fait que répondre aux attaques dont il est victime (Eminem, Corey Taylor), n'ayant n'a pas peur de contre-attaquer face à plus lourd que lui, sans penser aux conséquences.

MGK annonçait pour ce nouvel opus rock un disque plus sombre et violent. Promesse tenue dès les 2 premiers morceaux, "born with horns" et "god save me", deux titres droit au but, avec un chant énervé et des textes qui laissent transparaitre le mal-être de l'artiste : "Everyone left me alone, I don't want to live anymore" (avec, sur ce 1er morceau, un pont acoustique super mélancolique suivi d'un cri sorti de l'enfer) / "Can't reconcile, both of my parents are gone, I wanna talk to my dad but rest in peace, Last month, took a gun in the room alone, Last month, almost blew my head off". Malgré leur côté linéaire, les deux se payent un refrain (simple mais) efficace ("I'm a lost boy, I'm a lost boy, She's a goth girl, she's a pop girl, I know a one way, I know a one way, To a lost world, to a lost world").

Il surprend énormément avec l'excellent titre rock et lourd "papercuts" (dont l'intro acoustique pourrait faire penser à du Nirvana), qui se paye un couplet rap (et MGK est un excellent rappeur) inédit pour cette version album, dévoilé pour la 1ère fois aux MTV Video Music Awards en septembre dernier, répondant à ceux qui l'accusent d'avoir changé de style : "Y'all said that I switched genres, I saw the limit and took it farther, I'm a genius, could've made Donda, But this song is to my dead father, uh." Pour le citer : "Mes paroles préférées dans 'papercuts' sont "Ils les voulaient eux, mais ils nous ont eu nous.' Personne ne m'a invité et je suis là de toute façon." Un style plus mature résolument à exploiter à l'avenir. 

"maybe", la collaboration avec Bring Me The Horizon, propose une très bonne instrumentation un peu heavy avec un côté Paramore, avec Oli Sykes qui vient y chanter et y pousser la gueulante. Honnêtement on pouvait s'attendre à mieux mais l'ensemble reste agréable. 

MGK sait aussi preuve d'autodérision sur l'éponyme "mainstream sellout", s'adressant directement à ses détracteurs et répétant les clichés à son sujet, "I heard the feedback, I'm a poser, With a guitar and a choker, Hidin' under sunglasses, I made an album, they hate the tracklist". Entre colère et pop, les couplets font mouche, dommage que le refrain soit un peu facile, se contentant de répéter "Leave the scene you're ruining it" (un défaut qu'on pouvait aussi faire au disque précédent avec des titres comme "all I know"), même si Travis se déchaine derrière ses fûts.

Mais que les afficionados de pop punk plus festif se rassurent, il y a également tout plein de véritables tubes dans le genre : "emo girl" ft.  la chanteuse WILLOW, simple, fun et efficace, qui est une sorte de "The Rock Show" de blink, mais aussi le feel good "make up sex" ("Okay, screaming when we fuck, screaming when we fight, yeah, Even when I'm drunk, you're my only type, yeah") sur lequel apparaît une nouvelle fois blackbear, dont la voix plus claire vient contraster avec celle de MGK, ou encore "drug dealer" ft. Lil Wayne, à la mélodie parfaite, avec son synthé discret en fond (et qui est une chanson d'amour comme son titre ne le laisse pas penser). 

Les titres punk rock ne manquent pas, avec encore "fake love don't last", comme un message adressé à son ex, "5150" (code pour une personne détenue dans un service psychiatrique et étant en danger immédiat de se faire du mal ou de faire du mal à autrui), ou encore "sid & nancy" et son riff de refrain génial. "WW4" est quant à lui un vrai morceau de hardcore mélodique (avec ce que ça implique de répétitivité). 

C'est aussi le disque sur lequel MGK revient au rap (mélange parfait sur "drug dealer"), on l'a vu sur le couplet inédit de "papercuts", mais aussi avec des titres carrément hip-hop comme l'emo-rap "ay!" (avec une très belle intro à la guitare) et "die in california", une ballade complètement RNB (à la base c'était une démo acoustique jouée sous le nom de "death in california") qui ne laisse pas présager de la noirceur de son texte : "I had a premonition I was overdosin', Someone cut the lights off please, I don't want you to look at me, I paint my nails black, If I ever look happy then it's an act, Every day is an anxiety attack."

S'il y a un autre thème qui revient sur le disque, outre la dépression, les drogues ou sa perception publique, c'est bien l'amour véritable qu'il porte à sa petite amie, l'actrice Megan Fox (qui intervient parfois sur l'album d'ailleurs), et c'est ainsi que se termine l'aventure avec le magnifique "twin flame", une ballade acoustique poignante où MGK raconte leur rencontre et continue de se livrer "You're too good for me, I'm too bad to keep, I'm too sad, lonely, I want you only." Tout comme sur son disque précédent, il termine avec un titre directement adressé à l'un de ses proches. Et si on lui reproche souvent (à juste titre, même s'il fait des efforts, notamment avec le petit passage d'envolée sur le final de "make up sex"), son chant un peu monocorde (il a quand même une voix qui déchire !), il se laisse aller durant un très court instant à jouer le chanteur durant le pont, avec une grande fragilité, et il en ressort quelque chose de très touchant. A notre grande surprise, le final du morceau se veut plutôt heavy avec un solo de guitare accompagné d'un Travis en furie. 

Au final on peut dire que ce Mainstream Sellout, qui réintègre le rap et invite tout un tas de voix différentes, corrige une partie des défauts de son prédécesseur (qui était quand même très linéaire et sur lequel on revenait souvent aux quelques mêmes morceaux) en nous proposant un disque bien plus varié (et long avec 15 chansons + les éditions spéciales, avec notamment le single très sympa "love race" ft. Kellin Quinn), mais aussi bien plus énervé pour un résultat qui pourrait être décrit comme un blink-182 grungy ou sous amphétamines, avec un batteur (presque) en permanence en démonstration de force ! C'est aussi un album clairement moins joyeux sous ses airs colorés (et en ce sens, l'artwork alternatif en noir et blanc colle peut-être mieux au fond du sujet), dans lequel MGK décrit une période finalement très sombre de sa vie, hanté par ses démons et ses insécurités. C'est ce qu'on aime chez lui, ses talents de parolier, et le fait qu'il se livre complètement dans ses textes pour un résultat des plus touchants. Que vous ayez envie de passer un bon moment avec du rock accrocheur ou que vous recherchiez quelque chose de plus introspectif, cette nouvelle livraison saura vous satisfaire. 

Alucard.

Note du rédacteur : 4/5

1. Born With Horns

2. God Save Me
3. Maybe featuring Bring Me The Horizon
4. Drug Dealer featuring Lil Wayne
5. Wall of Fame featuring Pete Davidson
6. Mainstream Sellout
7. Make Up Sex featuring blackbear
8. Emo Girl featuring WILLOW
9. 5150
10. Papercuts
11. WW4
12. Ay! featuring Lil Wayne
13. Fake Love Don’t Last featuring iann dior
14. Die In California featuring Gunna & Young Thug
15. Sid & Nancy
16. Twin Flame

(Bonus tracks)
17. Love Race featuring Kellin Quinn
18. Why Are You Here

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