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Chronique : Machine Gun Kelly - Tickets To My Downfall


En 2019, le rappeur Machine Gun Kelly (qui jouait déjà de la guitare) clôture son 4ème album, Hotel Diablo, avec un titre rock, "I Think I'm OKAY", featuring le rockeur anglais en pleine ascension YUNGBLUD, et le célèbre Travis Barker de blink-182 à la batterie : le single fait un carton monumental et termine disque de platine. Définitivement une piste à creuser. Rajoutons à ça le succès quelques mois auparavant du biopic de Mötley Crüe sur Netflix, The Dirt, dans lequel MGK, de son vrai nom Colson Baker, interprète le batteur Tommy Lee, avec qui il deviendra ami dans la vraie vie. Les étoiles étaient alignées pour que Colson baigne dans le monde du rock'n roll. 

MGK, décidant d'explorer d'avantage ce son, booke un jour en studio avec Travis Barker pour enregistrer ce qui deviendra le single "bloody valentine". La session était tellement productive qu'il demande à Travis de bloquer deux mois pour qu'ils puissent collaborer sur un album entier, avec Travis à la batterie et à la production ! Ainsi est né Tickets To My Downfall, que Colson explique ainsi : "Je devais atteindre une certaine hauteur pour ensuite décliner et m'écraser, et les gens sont conscients de cette hauteur à laquelle je me trouve, et ils ne veulent plus me voir m'élever ; ils veulent me voir m'écraser. Il devait y avoir une aventure pour que les gens s'intéressent et soient à l'écoute, pour ensuite la voir s'effondrer."

Rien à dire sur les 3 premiers singles dévoilés, qui font admirablement bien le job, "bloody valentine", une "une histoire d'amour complexe et séduisante", ou "concert for aliens" ressuscitent le son de blink-182 période Enema of the State (1999), avec la voix plus rauque de Colson. Mention spéciale pour l'excellent "my ex's best friend", probablement le plus catchy des 3, avec un excellent feat. rap/chant de blackbear

Le principal reproche que l'on peut faire sur l'ensemble du disque reste cependant sa linéarité. En effet les morceaux ont tendance à se ressembler un peu, avec un chant plutôt monocorde, probablement du à son expérience de rappeur (mais qui s'accorde quand même assez bien dans le cadre d'un phrasé punk incisif). Pour autant on se régale quand même sur "drunk face", le très efficace "jawbreaker", avec un synthé discret sur le refrain, ou le rentre-dedans "WWII", probablement le genre de morceau bien punk que les gens attendent de blink (d'ailleurs l'intro rappelle celle de "Going Away To College") ; mais un peu moins sur le répétitif "all I know". 

On recherchera les titres qui se démarquent, avec ce petit truc en plus, comme l'excellent "forget me too" ft. Halsey, probablement la plus belle surprise de l'album, avec un refrain simple mais efficace, "You want me to forget you, Okay, forget me too, You tell me you hate me, baby, Yeah, I bet you do", et une présence féminine façon Paramore qui apporte un peu de fraicheur. On s'arrêtera également sur la plus calme "lonely", qui parle de son père (décédé en juillet dernier) et de la tante chez qui il a vécu, avec notamment cette ligne touchante : "I lived with your sister, My first home since Mom had left, And I wrote my first song with him in the basement." La dernière piste, acoustique, "play this when i'm gone", est aussi une belle façon de clôturer l'album, avec un titre dédié à sa fille Cassie : "I'm twenty-nine, my anxiety's eating me alive, I'm fightin' with myself and my sobriety every night, And last time I couldn't barely open up my eyes, I apologize."

MGK a (très) rapidement sorti une édition digitale deluxe, avec 6 pistes supplémentaires. Un excellent morceau comme "bodybag" ft. YUNGBLUD et Bert McCracken de The Used aurait probablement gagner à apporter un peu de variété dans la tracklist d'origine, mais le titre, s'inspirant un peu trop fortement de "Dance Dance" de Fall Out Boy, n'a eu l'autorisation d'être utilisé de la part de Patrick Stump et Pete Wentz qu'au dernier moment, le 30 septembre dernier. "hangover cure", plutôt mid-tempo, propose un bon refrain et quelques choeurs sur la fin qui font penser à Tom Delonge, "split a pill" est un titre pop punk simple et vraiment (vraiment) efficace, et "can't look back" surprend par son intro et sa guitare post-punk, avec un refrain bien rock. On terminera les bonus avec l'excellente reprise de "Misery Business" de Paramore, et une version acoustique de "bloody valentine". 

Au final Tickets To My Downfall n'est peut-être pas le meilleur album pop punk de tous les temps, ce n'est pas ce qu'on en espérait non plus, mais il a le mérite de ressusciter avec brio le pop punk catchy des années 90, ainsi que le son de blink-182 que certains fans voudraient toujours entendre aujourd'hui (pour autant, je préfère le dernier blink-182, NINE, à TTMD, pour ceux qui se poseraient la question). On apprécie également le tour de force de la part d'un artiste qui n'hésite pas à se lancer dans un autre genre, moins intéressant commercialement parlant que son genre d'origine, et qui fait les choses bien. A défaut d'être le sauveur du rock, MGK a certainement été, en 2020, l'un de ses plus grands représentants médiatiquement parlant, unissant sa fanbase rap avec la scène rock. Colson a écrit un disque mené par les guitares et l'instrumentation live avec l'espoir que la jeune génération ai envie d'apprendre l'instrument, tout en touchant un public plus large, remarquant que son père, avant sa mort, aimait sa musique pour la première fois de sa carrière. C'est tout ça que représente Tickets To My Downfall, et c'est pourquoi ce disque est important pour la scène rock en 2020. 

Note du rédacteur : 3,5/5

Title Track
Kiss Kiss
Drunk Face
Bloody Valentine
Forget Me Too feat. Halsey
All I Know feat. Trippie Redd
Lonely
WWIII
Kevin and Barracuda Interlude
Concert for Aliens
My Ex’s Best Friend feat. blackbear
Jawbreaker
Nothing Inside feat. Iann Dior
Bayan Tree Interlude
Play This When I’m Gone

bonus tracks
• body bag feat. YUNGBLUD & The Used 
• hangover cure
• split a pill 
• can’t look back
• misery business
• bloody valentine – acoustic edit

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