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Chronique : Sueco - It Was Fun While It Lasted


On peut dire que Travis Barker a eu un rôle prépondérant dans le revival pop punk, à force de convertir tous ses potes rappeurs en rockeurs, à commencer par Machine Gun Kelly et le succès qu'on lui connait. En effet, si l'on nous avait dit il y a quelques années que le pop punk pouvait remplacer le RNB ou l'electro chez la nouvelle génération, on n'y aurait probablement pas cru, et pourtant. Certes, cette tendance ne plait pas à tout le monde, surtout ceux biberonnés par le punk rock des 90's, et qui déjà à l'époque crachaient sur des formations comme blink-182 ; certes ces jeunes artistes, qui démarrent souvent via TikTok, conservent certains attributs très pop/electro/rap de leur époque, mais pourtant quel plaisir de réentendre ce son qui a bercé notre adolescence ! 

Et si certains opèrent un virage pop punk peut-être opportuniste (quoi que, on imagine mal que faire du rock en 2022 soit plus prolifique que n'importe quel autre genre), c'est aussi l'occasion pour de nombreux musiciens de revenir au son avec lequel ils ont débuté, à leur scène d'origine, et c'est le cas pour des artistes comme Mod Sun ou Sueco, qui nous livre son 2ème album, et son 1er dans un style rock.

La nouvelle génération, biberonnée au rock de ses parents, au streaming et à YouTube, aime brouiller les pistes et mélanger les genres, ainsi emo et rap peuvent fusionner de manière tout à fait organique (Lil Peep), et les discours politiques ont laissés places aux angoisses existentielles, à la santé mentale (jxdn : "Lookin' in the mirror and I hate it, Depressed guy, I never say it") et aux dépendances de toutes sortes.

La formule de Sueco ne révolutionne pas le genre, mais l'interprétation à fleur de peau fait ici toute la différence. Ainsi l'album débute sur l'acoustique "Today", avec son texte poignant de sincérité, "Yeah, I know it ain't healthy, I know I need help, Can somebody plеase save me from mysеlf? Please don't ask, When they're sending me off to rehab, I ain't going", un petit scream et on s'enflamme pour partir en pop punk des familles. 


Le disque est une petite machine à tubes pop punk avec le single phare "Paralyzed", où l'artiste épate en montrant tour à tour la fragilité de sa voix et la souffrance d'un chant au bord des cris (avec une influence emo indéniable), et un refrain imparable : "You got me paralyzed, Go 'head, baby, take my life, 'Cause I don't wanna live if I'm livin' without you, Suicide love, take me out if you have to" ; "Loser", sur le fil du rasoir, qui se veut un hommage à My Chemical Romance : "Je n'étais pas l'enfant le plus cool en grandissant. Je voulais écrire une chanson pour mon moi de 15 ans. J'ai essayé de capturer ce que ça faisait d'écouter 'I'm Not Okay (I Promise)' de My Chemical Romance. Personne d'autre ne m'a compris, mais cette chanson m'a compris" ; "SOS" ft. Travis Barker (malgré l'abus d'autotune, qui est un des défauts de cette nouvelle génération de pop punkers) ou encore "Sober/Hungover" ft. le rappeur Arizona Zervas, toujours ultra efficace, et qui, tout comme "Paralyzed", parle d'une relation difficile et de ne pas vouloir rester sobre. Parfois le phrasé rappé se mélange même avec une musique pop punk comme sur "Drunk Dial".


L'ensemble reste très riche et varié, avec, comme nous l'avons dit, de l'acoustique (la ballade emo "Hate You Too", qui tout comme l'intro finira quand même sur des guitares électriques), mais aussi du piano, (l'intro de "SOS", "It's Going Good" et "PRIMADONA" - entièrement avec une boite à rythme), et des délires un peu plus originaux comme le titre screamo "Toxic Therapy" sur fond de piano/beatbox/guitare, ainsi que "Motel 666", titre majoritairement electro au pont "oriental" totalement barré, suivi d'une voix d'outre-tombe à la Marilyn Manson. 

Comment faire du neuf avec du vieux, ou la rencontre du pop punk des années 2000 avec la génération TikTok, comme si blink-182 (qui passe le flambeau via Travis) faisait du rap, de l'electro, et screamait parce qu'il avait grandi avec l'emocore ! Le résultat se veut nostalgique, moderne et incroyablement fun (malgré ses thèmes plutôt glauques au final) : dans son style, It Was Fun While It Lasted est une vraie réussite ! C'est plein de punch, accrocheur, c'est émouvant grâce à des acoustiques et une voix parfaitement maitrisée (en ce sens on peut même dire que Sueco surpasse MGK, son disque est plus varié que Tickets To My Downfall également), et il serait vraiment dommage de bouder son plaisir ! 

Alucard.

Note du rédacteur : 4/5

01 – Today
02 – Paralyzed
03 – It’s Going Good!
04 – Hate You Too
05 – Loser
06 – Drunk Dial
07 – Toxic Therapy
08 – SOS (feat. Travis Barker)
09 – Motel 666
10 – SoberHungover (feat. Arizona Zervas)
11 – PRIMADONA
12 – It Was Fun While It Lasted

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