J'attendais beaucoup de La part des lions, le disque précédent, suite Ã
un 1er extrait vraiment fabuleux : "Margaux, Omar, Marlow". Un vrai son rock,
des instruments organiques (après un disque un peu plus electro), et une douce
mélancolie. Malheureusement, le son rock n'a pas suffit à me satisfaire : je
me suis vraiment ennuyé avec cet album, principalement à cause des refrains et
des mélodies que je ne trouve tout simplement pas à la hauteur du
groupe.
Pour son 7ème album, Kyo a décidé de s'entourer du producteur Alexandre Zuliani
(Louane, Therapie TAXI), mais a également demandé à Jerome Riera
(dit Jey), le guitariste de Vegastar, de contribuer au disque. C'est
notamment lui qui a proposé l'artiste de la pochette (Louis Granet), qui nous
présente un décor fleuri auquel se superpose un carré noir inquiétant flanqué
du titre en majuscules : ULTRAVIOLENT. À l'image de son époque.
L'album s'ouvre sur le plus beau morceau de tout le disque : l'éponyme
"ULTRAVIOLENT". Il est vrai que depuis son retour, le groupe nous a
habitué à de superbes intros, que ce soit "Poupées russes" ou "La
température", mais il s'est vraiment surpassé ici. Quelques notes de piano
accompagnent le chant fragile de Benoît Poher et sa ligne de chant
magnifique, un synthé vient se rajouter, et lorsqu'arrive le refrain, "S'élancer du balcon dans le vent, mon amour, la vie c'est ultraviolent", les frissons pointent le bout de leur nez tellement c'est beau ! Le titre
part ensuite en pop rock avec des guitares qui sonnent exactement comme celle
de l'époque Le Chemin. Vous avez déjà là tous les ingrédients qui vont
constituer le disque !
Le 1er single, "K17", laissait présager un disque assez rock, et ce ne
sera que partiellement vrai. Après une intro rap/indus, on retrouve enfin les guitares de 300 Lésions tant réclamées à partir du refrain, qui se veut d'ailleurs très
fédérateur : "On a tout volé à la nuit/Et chanté tout l'été/Célébré la vie dans nos
lits/Reboosté la natalité". Un peu l'impression aussi de retrouver le Indochine de Paradize, en plus énergique, et surtout, un groupe qui tente de nouvelles
choses.
Au final, le Kyo 2025 sera un mélange de l'electro de
Dans la peau (2017) et d'un peu tout le reste de sa carrière ! En
effet, electro-rock est le terme qui convient le mieux pour décrire une grosse
moitié des titres de l'album. "VENDETTA" alterne couplets lents et
refrain electropop plus dynamique (on pense encore à Indochine quand ça dit
"13 mois par an je me remélange à toi"), "MARGARITA" balance un
petit riff bien rock'n'roll et un refrain electro toujours très dynamique et
entêtant, "Non non on en fait pas des comme toi, non non non on en fera plus, on en
fait déjà pas, t'es un mélange qu'on pourrait regretter à chaque fois", et "HOSTILE", avec son synthé très années 80, a un côté Vegastar
(Télévision) dans ses couplets, et un refrain lumineux.
Mais Kyo c'est aussi de la mélancolie et de superbes textes. "PULSIONS"
alterne donc de très jolis couplets avec un gros refrain, sur lequel les
guitares se font un peu plus présentes (au milieu, toujours de l'electro), et
"SOLEIL NOIR" accentue encore ce côté triste (et nostalgique), Benoît
chantant comme il avait l'habitude de le faire il y a 20 ans, à la différence
qu'il est accompagné par plus de synthé. Le refrain répété (avec des guitares
acoustiques appuyées) fait penser à celui de "Prends-le" sur
Dans la peau.
On va vraiment retrouver le Kyo de la (très) grande époque avec deux morceaux
tout particulièrement poignants. Le premier, c'est la ballade "HORS DU TEMPS", une déclaration d'amour tout simplement magnifique (et une chanson
optimiste, pour une fois), qui n'a rien à envier à de célèbres tubes comme
"Dernière danse" ! Voix fragile sur nappes de synthé et guitare, mélodie
chialante ("T'es entrée dans ma vie comme on entre dans un saloon, Ça s'est passé très
vite quand tu m'as coupé le souffle, Je n'ai plus vu la foule, seulement tes
grands yeux, J'ai bousculé les clowns et les cracheurs de feu"), un vrai hymne pour les amoureux. Le contre-coup, c'est "LES AMANTS". Un vrai titre dépressif qui débute crescendo avec de très belles notes de
guitare, une voix au bord des larmes, ("J'en ai marre de dire que ça va moyen alors j'te réponds plus, tu m'as dit
la vie est un cadeau mais je vois pas mon nom dessus"), une mélodie à la "Sarah" dans les couplets avant un gros refrain electro
mais triste, accompagné d'orchestrations, et un final surprenant et tragique
(allusion au suicide ?) en spoken word. Un morceau qui vous laissera aussi
vide que la fin de "L'équilibre".
Il est temps maintenant de parler de "FORMIDABLE", un vrai titre up
tempo, qui présente un invité étonnant en la personne de MDNS (en
vrai, j'étais trop content qu'en j'ai vu son nom dans la tracklist !), hurleur
au sein du collectif Train Fantôme et post-punker/new-wave en solo (membre de
la nouvelle Team Nowhere - on reste en famille) ! On est donc sur un titre
punk rapide/new-wave, avec un refrain arrogant et feel good : "Cette année on va faire couler de l'encre, mon esprit est loin j'ai éclaté
l'ancre, toutes les vérités sont bonnes à entendre, et tout ce qui est bon Ã
prendre on va le prendre". Durant le pont, notre punk national offrira à Kyo son tout 1er passage
crié (un vrai kiff ce moment) ! Un vrai petit tube, et j'espère qu'ils en
feront un clip et le joueront en live ensemble.
Après un morceau instrumental et atmosphérique au synthé, "XXXI X XXV",
qui se finit de manière plutôt sombre, on termine avec "L'ENTRE MONDE",
morceau de clôture à ne pas sous estimer, puisque, à l'instar d'un "White
Trash", Kyo sait garder du lourd, littéralement, pour la fin. On y retrouve le
son de La part des lions, de vraies guitares rock, un vrai bœuf de
musiciens de presque 5 minutes, qui aurait pu figurer sur un album d'Empyr
(malgré la présence d'un synthé hantant qui n'enlève cette fois rien au côté
rock - et oui, on aurait aimé retrouver ce son plus souvent sur le disque, je
ne vais pas le nier). Et Benoît de chanter à propos d'une rupture : "Il y a de toi partout, dans tous les coins de ma ville, dans les coins d'ma
rétine, il y a de toi partout. On partageait tout, l'eau de vie, l'eau du
bain, le désir, la résine et mon sweat trop court. Dans l'entre monde, même
les fleurs de plastique ont fanées, il y a des jours où je ne mets plus les
pieds dehors".
Si ULTRAVIOLENT n'est pas aussi rock qu'on pouvait l'espérer, le
groupe ayant décidé de conserver (et revenir à ) l'apport electro de l'album
Dans la peau, il le mélange à tout ce qu'il sait faire de mieux
(textes poétiques, mélancolie sublime, refrains efficaces) pour un résultat
electro-rock à la hauteur, et de nombreux moments vous rappelleront quand même d'anciens titres de
la grande époque. Avec son intro à tomber, des titres comme "K17", "LES
AMANTS", "FORMIDABLE" ou "HORS DU TEMPS", et un final digne d'Empyr, l'album
se hisse déjà parmi les meilleurs du groupe, à peu près à égalité avec (ou
un poil devant ?) L'Équilibre. On peut toutefois regretter
quelques abonnés absents, comme le chant du guitariste Florian Dubos
(j'attends encore un morceau à la Empyr avec les 2 voix qui se répondent) ou
bien un vrai morceau acoustique, mais rien qui n'enlève le plaisir de
l'écoute.
Note du rédacteur : 4/5
Alucard
1. ULTRAVIOLENT
2. K17
3. VENDETTA
4. HORS DU TEMPS
5.
MARGARITA
6. SOLEIL NOIR
7. HOSTILE
8. LES AMANTS
9.
PULSIONS
10. FORMIDABLE
11. XXXI X XXV
12. L'ENTRE MONDE
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