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Live Report : Insomnium + The Black Dahlia Murder + Stam1na @ L'Alhambra de Paris (12/11/2019)

affiche

Insomnium pratique le death mélodique depuis près de 20 ans : il fait partie de ces quelques groupes qui n'arrivent pas vraiment à décoller mais qui ont su créer une base de fans qui les supporte envers et contre tout, grâce auxquels ils peuvent organiser des tournées comme celle-ci. Cette tournée est aussi, à ma connaissance, la première sans Ville Friman, guitariste et co-fondateur du groupe : il en fait toujours partie officiellement, mais il n'a certainement plus autant de temps à consacrer au groupe maintenant qu'il a décroché un poste très sérieux dans une université anglaise après un "doctorat en écologie de l'évolution" (ça en jette sur le CV). Ainsi, alors qu'il composait beaucoup pour le groupe,  il n'apparaît plus au crédit que d'une chanson sur le dernier album du groupe, sorti le 4 octobre. Le même jour, ils annonçaient que Jani Liimatainen serait le troisième guitariste d'Insomnium... et en fait le deuxième quand Ville ne serait pas disponible pour jouer en concert, soit a priori souvent.
Le résultat en studio est tout à fait que convainquant, restait à voir ce que ça allait donner sur scène, du côté des musiciens comme des fans. Les plus anciens se souviendront peut-être que Jani s'est fait connaître il y a longtemps dans Sonata Arctica, dont il a été le guitariste jusqu'en 2007, soit du speed mélodique, soit -rien- à voir. Ceux qui s'intéressaient à lui savaient qu'il était totalement porté vers les musiques plus extrêmes aussi, mais est-ce que les fans d'Insomnium vivraient bien ce changement + d'un des membres historiques du groupe ?

Ce concert marque également le départ de la tournée : il sera émaillé de petits problèmes propres au rodage en tournée, qui expliquent peut-être le retard à l'ouverture des portes, souhaitons-le en tout cas. En effet, alors que 18h était annoncé sur les billets, on commence à nous faire entrer dans les 18h30... le premier groupe étant déjà en train de jouer. J'ai toujours trouvé absolument déplorable d'ouvrir les portes au moment-même où on fait entrer le premier groupe en scène, ça sera hélas le cas ce soir. 

Ainsi va la vie, nous commençons donc la soirée avec STAM1NA :

Totalement inconnus pour ma part avant ce concert, j'aime beaucoup leur mélange de... thrash, death, un poil technique mais pas trop (je n'irai pas jusqu'à dire "prog"), parfois vers du heavy plus classique, le tout très mélodique. Avec un son aux oignons, ce qui est rare pour un groupe de première partie, surtout un premier groupe de première partie. Sans doute involontairement, ils ont certainement rassuré ceux qui imaginent que tout groupe de metal avec un bon son en concert joue forcément en playback : dans les premières secondes d'une chanson, ils se sont perdus. Ensemble. Arrêtés d'un coup. Merveilleusement synchronisés ! On sent la première date de tournée... Pour couronner le tout, pour ceux qui aiment les étrangetés, ils chantent en finlandais. Beaucoup d'énergie, beaucoup d'envie, un côté très fraternel quand ils interviennent parfois maladroitement entre les morceaux (peu importe, personne n'est là pour se prendre au sérieux, ça aussi ça se rode au fil d'une tournée). Je ne sais pas si pour un concert plus long ça m'aurait autant plu mais comme apéritif c'était très bien. Tant pis si on ne pourra jamais chanter qu'en yaourt avec eux. Le public participe moyennement pendant les chansons, probablement peu aidé par la barrière de la langue, mais leur offre des applaudissements plus que polis quand ils quittent la scène. A revoir à l'occasion.

Jouées : Paha arkkitehti / Sudet tulevat / Pienet vihreät miehet / Masiina / Viisi laukausta päähän / Kannoin sinut läpi hiljaisen huoneen / Solar / Enkelinmurskain

THE BLACK DAHLIA MURDER

Là commence la partie difficile du concert pour moi, mais je m'y attendais : musicalement on les décrit comme du "death metal mélodique", pour ma part je n'ai jamais réussi à les considérer comme tels. Ils se disent aussi influencés par le hardcore, c'est plutôt ça que j'entends chez eux. Pour résumer, à mon goût, ça manque cruellement de mélodies : je me raccroche aux rythmes. A la rigueur, en toute honnêteté, j'admets qu'en concert ça passe beaucoup mieux que je ne m'y attendais : les guitares sont mises en avant, on entend même le clavier (rarissime pour un groupe de tête d'affiche, encore plus pour une première partie !), il y a de quoi passer un bon moment. Je devrai quand même mettre des bouchons de temps en temps, peut-être parce qu'ils utilisent plus de fréquences basses du fait de leur style (les oreilles, ou au moins les miennes, réagissent plus fortement aux fréquences basses).
Une partie du public est réellement venue pour eux : ça bouge énormément... tellement que je tombe lamentablement par terre assez tôt, peut-être à la première chanson (vu mon dos, je ne cherche plus à lutter depuis longtemps). Je ne comprends toujours pas la logique de créer un cercle géant pour tourner à sept ou huit dedans, mais bon, au moins ils s'amusent et ça se remplira petit à petit. Notons aussi une personne qui me prendra en pitié et prendra le rôle de pare-chocs pendant le reste de ce concert, c'est gentil ! Le groupe lui-même a une très bonne attitude, pour une fois c'est principalement un des guitaristes qui s'adresse au public (co-fondateur avec le chanteur, mais c'est le guitariste qui parle), avec un très grand sourire. Certains des groupes qui jouent ce genre de musique adoptent aussi une attitude très "sombre" sur scène, The Black Dahlia Murder fait partie de ceux qui vannent le public et discutent avec lui avec un sourire jusqu'aux oreilles. Pour ma part... même si ça passe mieux que je ne le craignais, je ne chercherai sans doute pas à les voir à nouveau, pas dans mon style musical. 

Jouées : Widowmaker / Jars / Contagion / Miasma / Matriarch / Warborn / What a Horrible Night to Have a Curse / Nightbringers / As Good as Dead / Malenchantments of the Necrosphere / On Stirring Seas of Salted Blood / Kings of the Nightworld / Everything Went Black / Deathmask Divine

Pendant le changement de scène, la foule devient enfin massive : le public parisien se déplace avant tout pour les têtes d'affiche et n'essaie même pas de le cacher ! Pour le coup les retardataires ont raté une bonne première partie et potentiellement vu la fin d'un groupe qui détonnait peut-être un peu sur cette affiche : dans le fond, les absents ont toujours tort. Surtout, et c'est à ça que l'on voit qu'Insomnium a avant tout d'anciens fans, une sorte de tension palpable commence à s'installer, une tension positive... les gens sont impatients ! 

INSOMNIUM

Première date de tournée oblige, encore une fois, il devait y avoir quelques problèmes : la bande d'introduction ne part pas. Du tout. Nous laissant dans le noir quelques instants, on finit par applaudir pour encourager, quelqu'un arrive sur scène pour "discrètement" lancer la bande et... oooh, magie, une mélodie ! Pépin 2 : à son arrivée, le batteur devait faire quelques rythmes sur la bande. "Comme de juste", nous n'entendons rien : ses micros n'ont apparemment pas été "sonorisés"... heureusement, au moment crucial (quand les musiciens sont tous en scène et doivent, là, tous commencer à jouer !), l'ingé son se souviendra qu'il faut lancer tout le monde, et nous entendrons magnifiquement bien chaque instrument tout au long du concert. Salutations marquées à ce technicien son encore une fois, il aura fait un excellent travail du début à la fin, sur chaque groupe, toute la soirée (en dehors de ce petit pépin de calage, rien qui ne puisse être réglé en quelques mots). 

Par où commencer... je m'attendais à un très bon concert, il a certainement été au-delà de mes espérances. Insomnium est donc un groupe de death mélodique (là, oui, on est d'accord !) qui joue une musique qui peut être pleine de mélancolie, d'une certaine forme de tristesse, et en même temps énormément de chaleur, de volonté d'en découdre. Ça se ressent encore plus en concert. Et encore plus avec un son aussi précis. Tous les musiciens sont absolument adorables et le public leur mange dans la main, du début à la fin. Les plaisanteries viennent parfois de la scène, parfois du public. Ça bougera beaucoup à nouveau, dans un cercle beaucoup plus petit et contenant pourtant beaucoup plus de monde (les mystères de la physique métallique !), avec des gentilles personnes qui se donnent à fond dans le pogo tout en y faisant régner l'ordre et l'amitié (*larmichette*) : après avoir repéré qui / quelles zones veulent participer ou non, ils le contiendront à certaines zones, pendant que les personnes trop éméchées quitteront petit à petit les rangs. Avec ces mouvements de foule, je me retrouve beaucoup plus à droite que prévu, vers la fin beaucoup plus vers l'avant, surtout je garde une bonne vue sur tout le monde... pour ça, les pogos seront toujours très pratiques ! 

Cerise sur le gâteau, c'est vraiment très agréable de voir à quel point Jani est accueilli de manière positive, par le groupe évidemment, avec qui il plaisante régulièrement, mais aussi et surtout par le public. Pour être honnête, puisqu'il ne vient pas du tout de ce genre à la base, et que les fans de metal peuvent être assez extrêmistes "chacun dans sa branche", j'avais craint que certains soient un peu circonspects, dirons-nous, devant ce "virement de bord" (qui n'en est pas vraiment un pour lui, passons). Mais non, tout le monde a été très positif, même dans les commentaires à la sortie. Pour ma part, pour être très honnête, même si je connaissais déjà Insomnium, c'est parce que j'avais enfin l'occasion de revoir Jani après 11 ou 12 ans que j'ai bravé mon mal de dos qui revient : j'adore ce musicien, j'adore ce type, ça a été le premier musicien que j'ai jamais vu monter sur scène (si si !) lors d'un concert où je venais voir les trois groupes de la soirée (et pas juste la tête d'affiche) (le Sonata des débuts restera à jamais un de mes groupes fétiches) et, tout simplement, sa guitare m'avait énormément manqué ! Enfin, et c'est sans doute pour ça qu'il se fait aussi bien accepter du public, il se fait énormément plaisir, ça se voit dans ses mimiques, ça s'entend dans sa manière de jouer. Et puis il est tout à fait bon, hein, aussi, forcément. 
Et le chanteur/bassiste pourrait participer au championnat du monde de grimaces (metal, puisque les finlandais adorent inventer des "championnats du monde de ... metal", même sur de la broderie !) 
Pendant que le guitariste principal (et principal compositeur sur ce très bon dernier album, n'oublions pas) participera au championnat du monde de la pose. Metal. En jouant un solo "avec le détail qui change tout". Par contre, il ne pourra pas participer à celui du "passage instru nickel chrome après une bière cul-sec"...
Pas d'appréciation sur le batteur, il m'excusera, j'avais la tête ailleurs ! 

Je pourrais ajouter une multitude de détails et d'anecdotes mais je me contenterai d'une seule : à la fin du concert, une fois les lumières allumées, je remarque qu'une femme que j'avais remarquée dans les pogos (très enthousiaste !) est en pleurs. Celui qui l'a prise dans ses bras prenant un air un peu inquiet, je ne peux pas être sûre que c'était en réaction au concert. Mais j'ai envie de croire que c'est parce que ce concert était tellement bon qu'au final elle n'a pu qu'éclater en sanglots quand ça s'est terminé. Car oui, ce concert était si bon que ça. Il y a quelques années, c'est typiquement le genre de concert qui me faisait étudier la suite des dates de la tournée, pour voir si je pourrais y retourner une ou deux fois (les avantages de la vie étudiante). Et je restais forcément à la fin du concert, le temps de descendre de mon nuage. Aujourd'hui, les travaux du RER me font arriver chez moi à 1h du matin, après avoir quitté la salle à 22h30... Quoi qu'il en soit : une chose est sûre, à la première occasion, je retourne les voir. Et je ne saurais que trop vous encourager à le faire. Mais vraiment. Assurément un de mes meilleurs concerts de 2019, voire un peu plus.
En sortant, m'apercevant de la date, je ne peux m'empêcher de me dire que c'était une belle manière d'envoyer un grand doigt métaphorique à ceux qui ont fait un massacre au Bataclan il y a 4 ans presque jour pour jour.

Jouées : Valediction / Neverlast / Into the Woods / Through the Shadows / Pale Morning Star/ Change of Heart / And Bells They Toll / Mute Is My Sorrow / Ephemeral / In the Groves of Death -Rappel- The Primeval Dark / While We Sleep / One for Sorrow / Heart Like a Grave

*photos réalisées avec un tout petit appareil sans prendre le temps de faire de "vrais" réglages : toute votre clémence est demandée.*

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