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Chronique : PRESIDENT - King Of Terrors (EP)


Ma 1ère rencontre avec Charlie Simpson, supposé (sans le moindre doute) frontman de PRESIDENT, remonte à l'époque du 1er album de Busted, sur lequel je ne m'étais pas trop penché (à part les singles catchy) de par le côté un peu boys band. C'est lorsque j'ai été introduit à Fightstar, son nouveau groupe de post-hardcore, sur un forum, que je suis devenu un énorme fan du personnage : c'est à dire de tous les albums de Fightstar qui ont suivi ainsi que de (presque) tous ses disques en solos (gros coup de cœur pour le dernier sorti en 2022).

Entretemps revenu dans Busted pour élever le niveau, cela faisait déjà 9 ans que Fightstar était en hiatus et qu'il n'avait pas sorti de musique un peu plus heavy. On imagine que ça devait commencer à le démanger. Pour justifier ce nouveau projet énigmatique, PRESIDENT explique que des questions métaphysiques sur l'existence de Dieu et du paradis l'ont mené dans un endroit très sombre, qu'il a du exorciser en écrivant des chansons, avant même la création du masque : "Il y a cinq ans, j'étais dans une période très sombre. [...] Rien de tout cela n'est antireligieux. C'est mettre à nu l'âme dans la quête d'un sens supérieur". Un projet pour poser des "questions profondes et inconfortables", et surtout, un disque qu'il a entièrement composé, produit et sorti seul. 

L'EP s'ouvre sur les 2 premiers singles et évidemment 2 grosses tueries. Des titres assez orientés metal alternatifs, avec leur lot de passages plus atmosphériques et de rugissements metalcore/djent. La plus grande réussite vient des mélodies, vraiment parfaites, avec de gros refrains hyper accrocheurs. Bien sûr, l'utilisation du vocoder pour donner un côté robotique à la voix fait débat, d'autant qu'il ne l'utilise pas en live. Peut-être un moyen pour garder son identité cachée plus longtemps (raté), ou bien tout simplement une volonté stylistique, l'electro était fortement mis à contribution sur le reste du disque. Dans "In the Name of the Father", qui s'ouvre sur des notes inquiétantes, il explique être perdu ("Je ne sais pas où ça a mal tourné/J'ai été broyé en crachant du sang") et s'accrocher à une illusion qui s'effrite ("Je suppose que je m'accrochais à de la poussière"). Les couplets y sont mélancoliques, les cris déchirants dans le refrain. Sur le pont, il se montre partagé entre sa foi et sa rébellion, hurlant "Effraie-les/Fais-les t'adorer". On en ressort bouleversé. 

"Fearless" enfonce le clou avec ses couplets tristes (la voix de Charlie a toujours porté quelque chose de profondément triste), et un gros refrain rock (parfait selon moi), avec le mot "fearless" scandé par des enfants qui rappelle "Happy Song" de Bring Me The Horizon. La chanson pourrait autant s'adresser à une figure religieuse qu'une personne qui a trahi sa confiance ("Je ne sais pas, j'en ai juste marre de tes putains de mensonges/Oh, je vais tenter ma chance, on se voit au paradis"), et reconnaissant sa difficulté à pardonner ("Le pardon est une force que je n'ai pas encore apprise"). Le final bien metal est une pure tuerie. 

Encore plus contrasté, "Destroy Me" alterne riffs post-hardcore, couplets émotionnels sur fond electro et refrain plus énervé (plus précisément le post-refrain où il hurle "Sors-moi de cet enfer"), avec un final particulièrement lourd. La chanson naît d'un sentiment de désespoir et d'un désir ardent de jours meilleurs dans une relation gâchée (avec Dieu, une fille, toutes les interprétations sont possibles) : "Je suis au fond/Et je t'ai laissé me détruire/Avec une cicatrice de sang dans mes veines/Et je t'ai regardé tout emporter".


L'electro est omniprésente, mais plus particulièrement sur le titre "RAGE", qui fait penser au son de BMTH sur l'album amo. Une piste plus calme et moody menée par son synthé, qui s'énervera sur la fin. On remarque d'ailleurs un moment très Fightstar lorsque les guitares interviennent à 1 min. 15 (ce ne sera pas le dernier). Les paroles du morceau s'inspirent du poème de Dylan Thomas, Do not go gentle into that good night :

"Et toi, mon père, là, sur ces tristes hauteurs,
Maudis-moi, bénis-moi de pleurs durs, je le veux !
N'entre pas apaisé dans cette bonne nuit,
Mais rage, rage encore lorsque meurt la lumière".

Le refrain est un mélange de désespoir et de supplication ("Et je continuerai à crier ton nom/Mais je n'entends pas") évoquant une tentative désespérée de se connecter - à une personne, à Dieu, sans recevoir de réponse, renvoyant à la crise de foi de "In the Name of the Father" : "Oh, Père, je ne t'entends pas encore".

Des formations comme Sleep Token ayant entretemps déblayé le terrain, on ne s'étonnera pas que "Dyonisus" alterne des breakdowns lourds et des couplets electropop tellement pop qu'ils font penser au dernier album solo de Charlie. Le refrain, quant à lui, avec ses envolées, est du pur Fightstar. Si le titre a pour nom le dieu du vin, c'est parce que PRESIDENT y évoque sa dépendance à l'alcool ("La patience n'est pas facile quand je suis encore sous l'emprise de l'alcool/J'ai assez payé quand je t'entends crier/J'essaie, j'essaie, j'essaie de m'en passer") et son besoin d'obtenir une réponse ("Te supplier, de parler un moment").

L'EP se terminera avec le très beau "Conclave", qui mélange piano, electropop, guitares, et présente un chant de tête de la part de PRESIDENT, avec un magnifique refrain, qui, encore une fois, peut-être interprété de différentes façons : "Parce que tu ne m'as jamais soutenu pendant mes nuits les plus sombres/Mais je t'aimerais quand même, même dans l'au-delà".

King Of Terrors aurait pu être le nouvel album de Fightstar tant les similitudes entre les 2 groupes sont frappantes, à la différence que PRESIDENT est le projet d'un seul homme, du moins pour l'instant (peut-être que les musiciens live participeront à la suite). Un Fightstar qui serait plus dans l'air du temps, avec plus d'electro, un mélange des genres encore plus prononcé (la pop semble tout droit venir du dernier album solo de Charlie) - même si tous ces éléments étaient déjà présents chez Fightstar - et en plus contrasté au sein des mêmes chansons (l'influence Sleep Token). Certains gimmicks de Fightstar se reconnaissent, comme le fait de terminer une chanson par un gros breakdown, peu importe combien elle était mélodique tout le long. Le songwriting est à la hauteur, comme à son habitude, traduisant le mal-être et les interrogations de son auteur, avec des paroles à double sens qui peuvent être interprétées de manière religieuse ou non. Des réflexions et remises en question très personnelles qu'il a souhaité séparer de ses autres projets, bien que la formation semble désormais être un véritable groupe. C'est touchant, c'est super accrocheur, ça peut se montrer très mélodique ou très heavy, et la voix de Charlie pourra vous émouvoir autant que vous délivrer ses cris les plus intenses à ce jour. On a hâte de voir où le projet va aller à partir de là, en attendant on va se repasser l'EP en boucle.

Note du rédacteur : 4/5

Alucard. 

1. In The Name Of The Father
2. Fearless
3. Rage
4. Destroy Me
5. Dionysus
6. Conclave

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