Live Report : Allt + Atlas + NDKH @ Backstage By The Mill de Paris (20/03/2025)
Le 20 mars dernier, on entrait dans l’écrin intimiste et feutré du Backstage By The Mill. Pour cette étape de leur tournée européenne, les Suédois Allt (metalcore progressif) sont à Paris après un passage en octobre dernier. Cette fois, ils figurent en tête d’affiche aux côtés d’Atlas (metalcore) et de NDKH (deathcore progressif). La soirée s’annonce bien : pour cette date sold-out, le public remplit l’espace assez tôt, on circule bien entre les différents bars, le merch se trouve au sein même de la salle de concert mais n’est pas investi par des kilomètres de queue, bref : au Backstage, l’ambiance est vraiment sympa.
NDKH
NDKH délivre un deathcore violent et massif, parfait pour échauffer le public.
Devant une foule réceptive, voir le groupe français s'intégrer à la tournée
est un vrai plaisir, d'autant plus que cela permet de mettre en lumière de
nouvelles vagues hexagonales de core. Dès les premiers morceaux, le quintet de
région parisienne offre un rendu puissant avec un scream bien maîtrisé et une
place aux instruments qui colle avec l'acoustique de la salle. Leur mélange de
mélodie et de riffs lourds déploie une énergie palpable dans la pièce. Entre
djentcore et deathcore progressif, les morceaux de leur album
If Heaven Is A Lie, sorti en 2021, sont indéniablement puissants.
Atlas
Après quelques minutes, c’est au tour d’Atlas de monter sur scène. Le groupe
de "northcore" et metalcore finlandais fait son entrée sur une mélodie dont la
montée en tension laisse rapidement la place à la batterie. C’est simple :
avec Atlas, les instruments explosent en des rythmes lourds et des percussions
massives, sans non plus écraser la voix des deux chanteurs, loin de là ! On
reste particulièrement surpris de la voix extrêmement claire de
Leevi Luoto. Dès les premières notes, le chant plus traditionnel, voire
tribal, signe un paysage sonore sombre qui célèbre tout un héritage nordique.
L’une des particularités du groupe réside précisément dans cette combinaison
d’un métal moderne avec quelque chose plus ancien, plus inquiétant, sorte de
sacrifice aux dieux païens de Finlande. On sent vraiment l’inspiration
écrasante du froid du Nord, revendiquée par les artistes eux-mêmes, qui
captivent immédiatement la foule dans cette expérience live si particulière au
groupe, une performance qui mérite le détour !
ALLT
Lorsque la tête d’affiche apparaît sur la scène du Backstage, le public criait
déjà son nom depuis plusieurs minutes. Formé en 2020, Allt propose un
metalcore progressif qui ne saurait pourtant se résumer à un genre spécifique,
comme le prouve bien leur premier album From The New World. Après tout,
le nom du groupe en suédois le montre bien : "allt" signifie "tout".
Le groupe a ouvert sur "Remnant" avec un frontman qui donne le micro au public
et parvient à le faire chanter en chœur "We are the Afterglow". Le chant est
mélodieux, presque mélancolique malgré tout le chaos instrumental. Avec
"Echoes", on passe à un refrain qu’on laisse volontiers rentrer en tête, et
qui montre bien l’évolution vocale de Robin Malmgren depuis
Dark Waters, avec une habitude de mélanger les aigus et les graves, les
cris et les chants rauques. Tout le monde se laisse emporter par la brutalité
des riffs, y compris les guitaristes Viktor Florman et
Olle Nordström, qui n’hésitent pas à headbanguer. Les fans,
enthousiastes du début à la fin du concert, répondent à l’appel sous des
lumières agressives : ils sautent, ils se lancent les uns contre les autres
dans plusieurs pit incités par Malmgren, qui finit par retirer son sweatshirt
dans la chaleur de la salle.
Les concerts où la complicité entre artistes et public est évidente sont
toujours vraiment cools, si bien qu’on n’est pas surpris, Ã l’approche de la
fin, que la foule insatiable en demande plus. Sous nos acclamations, Allt
finit par revenir pour plusieurs chansons, dont "Paralyzed", performée avec
Atlas. Le morceau provient de l’EP The Seed of Self-Destruction, dont
on a déjà écouté "The Deep Blue Silent", mixé et produit par Buster Odeholm
qui n'est autre que le batteur et bassiste de Vildhjarta et le guitariste de
Humanity's Last Breath ! On sent diverses influences Thall et clins d'œil à la
scène de metalcore suédois qui ne sont évidemment pas pour nous déplaire. Les
thématiques pesantes et fatalistes de l’EP appellent à une forme de libération
dans la noirceur et l’abîme qui se complète parfaitement à l’explosion
paradoxale de la musique. La présence scénique des deux groupes est top,
chanteurs comme instrumentistes se jettent dans la foule pour profiter des
derniers instants et des fans enflammés.
On garde un très bon souvenir de la soirée et une belle découverte pour
NDKH. Atlas nous a conquis par son hommage aux esprits nordiques derrière
une atmosphère sombre et immersive qui devient presque une poésie hurlée.
Enfin, Allt nous a présenté un premier album riche en rebondissements, qui
constitue certainement un moment clef pour la carrière du groupe. Abordant
des thèmes existentiels dans le chaos d’un monde dystopique et
post-apocalyptique, From The New World regorge de sons qui illustrent
la capacité du groupe à mêler riffs puissants et mélodies envoûtantes, le
tout évoquant malgré tout, avec justesse, la désolation et la beauté
tranquille de la vie moderne.
Texte : Jinane Blidi
Photos : Clément Coupin
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