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Future Palace (Interview Exclusive) : "On a pas peur de défendre nos idées à travers notre musique !"

Au Motocultor Festival 2024, nous avions pu nous entretenir avec le trio allemand Future Palace (post-hardcore/alternative rock). L'occasion de parler des concerts, mais aussi de leurs impressions sur le nouvel album, Distortion, et leur façon de composer.

LN! : On est au Motocultor Festival et vous avez déjà joué votre set. Comment c’était ?

Maria Lessing (chant) : Le show était très sympa ! C’était notre dernier concert de l’été et dernier festival. Ce n’est que notre deuxième apparition en France et il y avait beaucoup de monde, ça fait plaisir !

Manuel Kohlert (guitare) : Un Wall Of Death s’est ouvert et ne s’arrêtait pas, c’était impressionnant ! Ça ne fait que 3 ans que l’on fait des concerts, donc c’est cool d’avoir de bons retours.

Maria : Jouer aussi tôt dans la journée ce n’est pas facile, je viens à peine de me lever que je dois déjà échauffer ma voix, et l’énergie du public peut être différente quand c’est le début des concerts de la journée. Mais on est habitués et voir les gens faire l’effort de venir dès le début pour nous voir c’est génial.

LN! : C’est votre 2e show en France, la dernière fois, vous ouvriez pour Electric Callboy à Paris. Avez-vous vécu différemment le public en salle et en festival ?

Manuel : J’avais de la fièvre sur cette date ! Je m’évanouissais sur le ferry c’était super dur, mais je m’en suis sortie sur scène !

Maria : J’ai préféré le festival aujourd’hui ! La salle à Paris m’intimidait un peu (ndlr : L’Olympia), on aurait dit que la foule allait nous tomber dessus à cause de la configuration. Mais c’est une date dont on se rappelle bien car le public était vraiment à fond. C’était aussi la première fois qu’on allait à Paris, donc on a visité la ville, et quand on a vu notre nom sur la devanture de la salle on avait des étoiles dans les yeux.

Johannes Frenzel (batterie) : Je trouve que les Français ont une énergie très différente des allemands, ça nous stimule davantage et la barrière de la langue nous demande plus d’efforts aussi !

Manuel : Ce que j’aime bien avec les festivals aussi c’est la diversité des groupes qu’on peut rencontrer backstage, de tous les styles et nationalités.

LN! : Vous avez joué de nouvelles chansons aujourd’hui et votre nouvel album Distortion va sortir. Comment vous ressentez la réception de ces morceaux par les fans ?

Maria : Les singles sont très différents les uns des autres. On a des morceaux dansants, d’autres très énervés… Mais les gens les aiment beaucoup. Une chanson a fait beaucoup parler, c’est "The Echos Of Disparity", à cause du sujet, pas à cause de la musique en elle-même. La chanson porte sur l’égalité et les droits des femmes dans le monde, le fait d’être sur-sexualisé…  On a eu pas mal de commentaires de cons homophobes et quelques vagues de haines en ligne parce qu’un de nos danseurs dans la vidéo est habillé en femme. Le but c’était de mettre un homme dans la peau d’une femme et de le représenter de la même manière que la société met en avant les femmes, par exemple dans le hip-hop. Il dansait pour nous. Les gens commentaient « la chanson est cool, mais le danseur me dégoûte ! ». Ça prouve juste qu’ils n’ont pas vraiment écouté la chanson ni compris le message. On aurait dit des hommes des cavernes qui sortaient pour dire « qu’est-ce que cette femme nous raconte encore ? ». Alors que c’est à cause de commentaires comme ceux-là que la chanson existe. Ça ne nous atteint pas trop, ça montre plutôt que c’était une chanson importante à sortir car le message est vraiment d’actualité. Et on n’a pas peur de jouer ce morceau dans des pays où ce genre de message n’est pas autorisé. On défendra ces idées à travers notre musique. En tout cas, c’était vraiment une chanson qui a créé une controverse.

LN! : Il y a vraiment des pays où le style de musique metal ne passe pas bien en général !

Maria : C’est sûr, je me rappelle pour un clip, j’étais déguisée en Satan et on n’a jamais réussi à trouver une église pour tourner la vidéo, personne ne voulait accepter ça ! On a fini par trouver un endroit similaire mais non religieux, et tous les commentaires étaient du style « on espère que tu vas retrouver Dieu et purifier ton âme » ! On a aussi "Decarabia", dont le titre est le nom d’un démon. Je trouve ça fun et ça va bien avec le thème du morceau, qui représente les maladies mentales comme des démons qui nous possèdent. Et comme toujours, on a des commentaires de gens qui vont nous reprocher d’idolâtrer des démons, alors qu’encore une fois, ils n’ont rien compris au morceau ! C’est plutôt drôle. Visiblement, beaucoup de gens prient pour nos âmes ! Mais les vrais fans de musique comprennent ce qu’on veut dire, ce sont les meilleurs.

LN! : D’où tirez-vous votre inspiration pour écrire vos morceaux ?

Maria : On écrit tous de notre côté et après on assemble tout.

Manuel : Si on prend l’exemple de "Decarabia", je dirais que ce qui m’a inspiré dans la composition de la musique c’est les tournées qu’on a faites. J’ai réfléchi sur la signification de l’énergie que l’on apporte en jouant en live. Quand on écrit tout seul chez nous on n’a pas de public, on est dans le calme, on doit imaginer ce que ça peut donner à grande échelle. Pour celle-ci, j’ai voulu recréer ce que moi je ressentais comme énergie quand on était sur scène, transmise par le public. La mélodie de l’intro, je l’ai écrite il y a presque 10 ans, je l’ai réécoutée et je me suis dit que ça marchait bien avec le reste et je l’ai ajoutée !

Maria : Wow, je ne savais même pas ça !

Manuel : Des fois je réécoute de vieux morceaux et je me dis que certains pourraient marcher pour Future Palace ! Je ne prévois pas vraiment à l’avance la structure de la chanson, mais tout finit par prendre forme à la fin.

Maria : C’est fou parce que très souvent, ce qu’on fait séparément marche super bien une fois que l’on assemble nos idées. Ce que je veux exprimer avec mes paroles correspond toujours aux musiques qu’il peut écrire. C’était le cas pour "Decarabia", dès que j’ai entendu le morceau, j’étais séduite, c’est exactement ce qu’il me fallait ! Une des meilleures démos que j’ai pu écouter. Si je devais écrire d’avance tous les textes, je ne m’arrêterais pas et j’écrirai 5 millions de chansons. J’ai tellement de choses à sortir, de sentiments que j’ai besoin d’exprimer. Alors j’associe mes sentiments aux musiques et je sors ce dont j’ai besoin petit à petit. Ce contraste entre l’aspect dépressif des paroles et la musique qui fait danser marche très bien je trouve. Quand on creuse la musique, on trouve beaucoup plus de couches d’interprétation que l’on pourrait imaginer à la première écoute.

Johannes : Manuel a écrit ce morceau à la fin de notre dernière tournée et il insistait beaucoup pour que j’écoute la démo en premier, il me demandait tous les jours ! Dès que j’ai écouté, je savais que ça allait être un super single, même si elle n’était pas terminée.

Maria : Il y a certaines chansons pour lesquelles tu sais d’avance qu’elle va sortir du lot. C’était pareil pour "Flames" et "Paradise". C’était une évidence. Au contraire des fois je ne suis pas trop séduite par un morceau, j’ai des doutes, mais ensuite il suffit de quelques changements en studio pour que ça devienne un de mes morceaux préférés. C’est fascinant !

LN! : Est-ce que vous avez écrit beaucoup de démos comparé au nombre de morceaux présents sur l’album ?

Johannes : Pour cet album, on a très peu jeté de matériel.

Maria : On avait pas mal de contraintes de temps et je me suis un peu foirée niveau timing, du coup j’ai dû tout terminer en une semaine à peine ! Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour remettre en question ce que j’avais produit, ni de produire « en trop ». Alors quand on s’est retrouvés au studio, on a fait avec ce qu’on avait. Mais du coup, on était beaucoup plus ouverts aux nouvelles idées, on a expérimenté de nouvelles choses sans avoir beaucoup de temps pour retravailler une partie encore et encore. Ça donne une diversité assez sympa et tout a l’air cohérent, c’est un album qui se suit bien, les chansons s’associent bien entre elles. On a cette belle énergie tout au long de l’album, elle s’est infiltrée sur chaque musique, et c’est un beau produit final !

Manuel : Comme il y a beaucoup de chansons qui ont été écrites en même temps, elles se reflètent les unes dans les autres. Si on avait eu plus de temps, ça serait sûrement différent. Je ne sais pas si c’est une bonne et une mauvaise chose, mais je suis curieux de ce que l’on va sortir la prochaine fois si on utilise une méthode différente ! Dans tous les cas, on est contents de ce qu’on a produit.

LN! : Comment vous avez choisi vos singles ?

Manuel : Certains morceaux étaient sortis avant même l’idée d’un album, c’était de nouvelles chansons que l’on voulait produire juste comme ça, des singles à part. Au final, ils ont aussi été mis sur l’album. Pour le reste des singles, ça dépendait de notre ressenti, comme "Decarabia" qu’on a tous adoré.

Maria : Johannes a aussi une forte opinion de nos morceaux une fois sortis du studio ! Il compose moins donc il est un peu plus objectif et a moins la tête plongée dedans. Il nous aide à choisir et à prendre du recul. Les producteurs aussi nous donnent leur avis. On ne sort pas juste les morceaux que l’on aime, on doit aussi réfléchir au côté business, vision, impact sur le public. Au moins, le point positif, c’est que chaque chanson pourrait marcher en single, donc ça nous conforte dans l’idée qu’on a produit un bon album. Si on avait plus d’argent, on ferait des vidéos pour toutes les musiques ! En tout cas, on a hâte de pouvoir tous les jouer en live, on espère revenir vite !

Interview : Margot Patry

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