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Chronique : Sum 41 - Heaven :x: Hell


À l'image de ce webzine, le nouveau et ultime Sum 41 fait le grand écart entre ses débuts pop punk et le metal vers lequel il s'est peu à peu orienté au fil des années (avec une grosse influence Metallica). Un retour en arrière que l'on doit notamment au fils de Deryck, que celui-ci baladait alors régulièrement en voiture, au son des chansons qui constituaient la bande originale de ses années lycée (NOFX, Lagwagon, Strung Out, Pennywise, Social Distortion et Bad Religion). "La seule chose avec laquelle il s'adoucissait était la musique punk rock" explique Deryck.

Et alors que j'avais été déçu à l'époque que le groupe retourne au pop punk sur Underclass Hero - après le chef-d'Å“uvre Chuck - j'étais prêt cette fois à l'accueillir à bras ouverts. Faut croire qu'il a fini par me manquer ! 


Le single "Landmines" a fait fort comme retour en arrière, avec déjà un petit tube de pop punk à l'ancienne, avec son très bon refrain. On retrouvera un peu de tout sur cette partie Heaven : des titres punk ultra-speed comme "I Can't Wait" (avec ses cris et sa grosse ambiance punk à roulette du début des années 2000) ou "Johnny Libertine", des morceaux qui ressemblent fortement à du The Offspring (au final rien d'étonnant, puisque les 2 groupes ont passé l'année dernière à tourner ensemble) comme "Future Primitive" (du Offspring bourrin période Splinter, avec bien sûr les oh oh comme il faut ; à noter que le phrasé incisif de l'intro sonne quand même typiquement comme le Sum 41 des premiers albums) et "Bad Mistake" (du Offspring jusque dans le solo), et même du Machine Gun Kelly avec le dernier single "Dopamine" ou "Time Won't Wait".

Au final, de quoi revivre les années punk à roulettes, l'époque où les morceaux pop punk se retrouvaient dans tous les films pour ados. Je me souviens que j'aimais beaucoup le titre "Makes No Difference", découvert sur la BO du jeu Dave Mirra Freestyle BMX 2. Un morceau issu du 1er album de Sum, et c'est vraiment ce son que l'on retrouve ici. Du pop punk simple et accrocheur. 

Trop simple ? C'est en effet ce qu'on peut reprocher à cette partie Heaven. Si j'aimerais toujours la simplicité et l'efficacité d'un "Makes No Difference", Sum s'est construit finalement sur son influence metal diluée dans son pop punk. Quelque chose qu'on retrouve encore sur l'intro "Waiting On A Twist Of Fate" (même si pour le coup, je trouve que ce n'est pas le morceau le plus accrocheur, malgré la présence de tous les ingrédients d'un bon morceau de Sum 41 - mais il plaît à la plupart et je peux comprendre pourquoi).


Il y aussi le très bon "Not Quite Myself", vraiment un morceau à la hauteur des attentes dans le genre pop punk, très efficace, et qui se permet quelques ralentissements sur le pré-refrain qu'on peut imaginer inspirer des changements de rythme de Screaming Bloody Murder. Un titre un peu plus profond également, alors que beaucoup de morceaux parlent de relations (sujets universels cela dit).

On aura enfin droit à la power-ballade "Radio Silence" avec son piano, plutôt réussie - Deryck excelle dans le genre - et ce sont les mêmes qualités que l'on retrouvera sur la très belle intro de Hell, "Preparasi A Salire" : "I've never felt this more alive, I don't wanna miss a day, I was lost, but now I, Found my way." Lourde de sens pour qui connait le parcours de Deryck. 

Et si on peut légitimement reprocher au groupe de brider les rennes sur la partie pop punk, dans un but qu'on imagine de différenciation, il se lâche enfin sur la partie metal. Car parallèlement à la partie pop punk, il a décidé de terminer les morceaux non utilisés de l'album précédent, jusqu'à en obtenir une petite collection.

Et si 13 Voices (2016) ne m'avait pas impressionné, malgré le retour du guitariste Dave Baksh, Order In Decline (2019) m'avait quant à lui plutôt séduit, puisque j'y retrouvais l'efficacité et le côté tubesque qu'on est en droit d'attendre du groupe. 

Le groupe envoie du lourd direct avec "Rise Up" pour montrer le changement de ton et enchaine avec "Stranger In These Times", un morceau issu des sessions 13 Voices, qui se veut particulièrement efficace. Mention spéciale au pré-refrain ainsi qu'au pont, tous deux très réussis. 


"House Of Liars" est un titre de Screaming Bloody Murder, et ça s'entend, avec son piano et son côté cinématographique/mélancolique, qui ferait presque penser à une chanson de My Chemical Romance ! Clairement le petit truc en plus. "I Don't Need Anyone", avec sa basse hyper lourde, est un des titres les plus metal, tout comme le heavy "You Wanted War", qui fait lui aussi penser à MCR dans le chant, tandis que les guitares sonnent très Billy Talent, avec un solo de Metallica au milieu. Un patchwork de toutes les influences du groupe, et ça déchire.

Pourtant, on se doute que cette volonté de double disque n'était pas forcément simple à répartir : "Waiting On A Twist Of Fate" aurait pu être sur la partie metal, de même que des chansons aux rythmes rapides comme '"Over The Edge" ou "It's All Me" (issu des sessions Chuck) auraient fait de très bons morceaux punk (avec quelques ajustements bien entendu). De même pour la reprise de "Paint It Black" des Stones, beaucoup moins heavy que le reste de cette partie, au demeurant très sympa, et qui aura au moins le mérite de faire découvrir ce tube à une nouvelle génération. D'ailleurs, saviez-vous que Gob, qui partage avec Sum le guitariste Tom Thacker, l'avait déjà reprise dans une version encore plus punk ?

L'album se termine avec "How The End Begins", un titre commencé à l'époque de 13 Voices, mais qui ne pouvait pas sortir à meilleur moment. Terriblement efficace, avec son côté Linkin Park, il donne vraiment envie de tirer sa petite larme ; Deryck semble s'y questionner sur la pertinence de continuer l'aventure : "Sometimes I wonder if I have enough to say, Or am I just an echo, A reflection of yesterday", avant de conclure : "Now it's the end, we can't get it back, Why doesn't anything good ever last?,  I gave it all I could give, only to question if, This is how the end begins."

Heaven :x: Hell, ce 8ème et dernier album de Sum 41 porte finalement les stigmates de son concept et de sa création. Tandis qu'Heaven a été composé à la base pour d'autres artistes, d'où son côté très gentillet, et qu'Hell termine les chansons non complétées des albums précédents, on se retrouve avec un disque hybride et dénué de fil conducteur, ce qui est d'autant plus flagrant dans les textes. En résulte l'impression que le groupe se bride sur la partie pop punk, qui ne fait pas mieux qu'un Underclass Hero (déjà moins bien que All Killer No Filler et Does This Look Infected?) - même si une certaine simplicité à la Half Hour of Power est tout à fait appréciable - et redevient lui-même sur la partie Hell, qui n'est elle-même pas dénuée de punk malgré son enrobage metal. Aurait-il mieux valu uniformiser le tout quitte à constamment mélanger pop punk et metal ? Une partie de moi a envie de dire oui. Une autre est quand même contente qu'un disque de pur pop punk à l'ancienne sorte en 2024. Donc je ne réponds pas, et choisis la facilité en me disant que, finalement, ce disque - qui est loin d'être le meilleur de leur carrière comme on a pu le lire, mais quand même selon moi le meilleur depuis SBM - montre que Deryck a dit tout ce qu'il avait à dire avec Sum 41, et le prend pour ce qu'il est : un dernier cadeau avant un ultime silence, en même temps qu'une rétrospective nous permettant d'écouter des chansons issues de toutes les périodes (et qui sont très bonnes en plus). Merci pour tout les gars.

Note du rédacteur : 4/5

Alucard

J'ai demandé à Amin de la page Sum 41 France et de la chaîne YouTube Bloom, d'écrire également un petit commentaire à ajouter à ma chronique, de quoi avoir le 2ème point de vue d'un fan ultime : 

Sum 41 nous prouve une dernière fois qu'ils ont encore des choses à dire ! Globalement, l'album est une réussite ! 

Son concept rend le projet atypique et les craintes que le groupe "s'auto-plagie" étaient grandes, mais il est clair que ce n'est pas du tout le cas, bien au contraire. L'album nous offre des styles encore jamais explorés par le groupe que ce soit avec "Time Won't Wait"/"Dopamine" (pop punk moderne à la MGK/Travis Barker) ou encore "Stranger in These Times"/"I Don't Need Anyone" qui reprennent parfaitement les codes du metal moderne (vibe BMTH). Ils arrivent également à refaire du "Sum 41" en plus frais avec "Johnny Libertine" (vibe HHOP), "Future Primitive" (vibe DTLI?/Chuck) ou même "House of Liars"/"You Wanted War" (vibe SBM). 

Seul bémol, l'album s'essouffle vers la fin. Les 3 derniers morceaux ne sont pas les plus intéressants. Le cas de "Paint It Black" (reprise des Rolling Stones) reste un mystère. Quant à "How the End Begins", qui a la lourde tâche de conclure le projet, il peine à convaincre. Le morceau est appréciable mais n'a clairement pas la bonne place. On le ressent particulièrement à la fin lorsqu'il se coupe de manière brutale. Dommage de ne pas avoir laissé le son durer avec, pourquoi pas, des bruits de pas et de rangement. L'album devrait ravir la majorité des fans du genre et du groupe. Deryck n'a pas été aussi créatif depuis Screaming Bloody Murder (2011). Merci de nous avoir laissés avec un projet qu'on pourra écouter aisément pendant encore des années (jusqu'à ce qu'un potentiel retour soit annoncé d'ici 7/8 ans ?). 

Note : 4,5/5 

Top 3 - Bad Mistake - Stranger in These Times - I Don’t Need Anyone 
Coup de cœur bonus : Dopamine/House of Liars/Not Quiet Myself

1. Waiting On a Twist of Fate
2. Landmines
3. I Can't Wait
4. Time Won't Wait
5. Future Primative
6. Dopamine
7. I Could Use Some Help
8. Bad Mistake
9. Johnny Libertine
10. Radio Silence
11. Preparasi a Salire
12. Rise Up
13. Stranger In These Times
14. Don't Need Anyone
15. Over the Edge
16. House of Liars
17. You Wanted War
18. Paint It Black
19. It's All Me
20. How the End Begins

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