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Chronique : Taking Back Sunday - 152


7 ans, ça commençait à faire long depuis Tidal Wave, un 7ème album très en forme, avec des influences folk rock/americana, qui faisait mouche à la fois dans ses morceaux énervés et dans ses superbes ballades. Lassé qu'on lui dise le style de musique qu'il devrait faire, le groupe a décidé de s'entourer du producteur pop/electro Tushar Apte, qu'il avait rencontré lors de sa collaboration avec Steve Aoki sur le single "Just Us Two". Tushar n'étant pas familier du son de Taking Back Sunday, le but n'était pas pour lui de proposer sa version de TBS, mais juste de produire les meilleures chansons possibles. 

En résulte un disque plus direct, que ce soit dans sa musique ou dans ses paroles, avec moins de métaphores incompréhensibles, mais des textes toujours très touchants. La production est claire et on distingue bien les instruments, un peu comme la touche Eric Valentine sur Louder Now.

Le titre du disque, 152, fait référence à un tronçon de route en Caroline du Nord qui a déjà été référencé sur toutes les pochettes de leurs albums et où ils avaient l'habitude de se retrouver plus jeunes. C'est également le 1er sur le label Fantasy Records. 

Loin de vouloir se simplifier pour autant, malgré une orientation clairement plus pop, l'album s'ouvre en acoustique avec "Amphetamines Smiles", sur le chant fragile d'Adam Lazzara et une mélodie à tomber, comme il sait faire (voire encore plus sur cet album), accompagné d'un synthé en fond qui contribue à l'ambiance, avant de partir crescendo sur du rock avant un final intense avec des violons. Le texte parle de se reconnecter avec quelqu'un et le chant s'y veut très émouvant : "We talked until the sun came up, It meant so much, We don’t remember what, You better save yourself, Bеfore you try and save somebody еlse". Juste leçon de vie. Le but était ici de faire un morceau qui mélange un peu tous les tempos et styles, ce qu'ils n'avaient jamais fait avant, et vous verrez que ce n'est pas le dernier construit comme cela.

"The One", le premier titre qui nous a été présenté, commence lui aussi tout doucement avec un chant au bord des larmes et des coups de batterie réguliers, faisant penser au single "Read My Mind" de The Killers, et monte crescendo avec des guitares à la U2 qui viennent s'ajouter, ainsi que le chant du guitariste John Nolan un peu avant le milieu du morceau. Le final mariera les 2 voix d'une façon très TBS, comme on aime j'ai envie de dire, toujours avec ses guitares U2/AVA. La chanson parle des émotions et des défis qui accompagnent la découverte d'un véritable amour.

Le disque n'oublie pas de proposer des morceaux plus up tempo comme le single "S'old", presque pop punk, qui fait lui aussi indéniablement penser à Louder Now, avec ses couplets énervés, et son refrain facile, mais pour le coup super entêtant, en français "Tu vas devenir si vieux de toute façon", précisant qu'il faut accepter ce processus naturel, sans pour autant oublier les choses que l'on aimait enfant : "un puissant rappel que même si les chanceux d’entre nous vieillissent et deviennent plus sages, si nous sommes encore plus chanceux, nous conservons un sentiment d'abandon juvénile auquel nous pouvons avoir accès.Hit instantané et un des rares morceaux avec quelques cris. C'est un peu le même schéma avec le tube "Keep Going", avec des couplets tout aussi énervés et un très bon flow qui donne envie de balancer la tête, Adam s'en prenant à une personne qui l'a visiblement trahi : "I’ve got no reason to be here, I'm just trying to tеll you the truth, Preaching to the choir nеver felt so fucking good, You said it’s all over now, Call it blood under the bridge, The problem isn’t that I’ve changed, The problem is that you’ve stayed the same", de manière même hargneuse durant le pont, en français : "Fils de pute, Je sais ce que tu fais, Je sais ce que tu as fait."

Le synthé, qui intervient sur le pont, puis très régulièrement au cours de l'album, ne dénature pas du tout la musique du groupe mais vient au contraire lui apporter de la profondeur. 

Il y a un tournant avec la piste 5 et la ballade "I Am The Only One Who Know You", qui utilise d'ailleurs énormément le synthé, dans une ambiance pop planante, avant de finir elle aussi sur du rock. Elle s'écoute très bien, mais on ne peut s'empêcher de la trouver un peu générique. 

Tournant sur cette 2ème partie d'album, car hormis le sursaut "Quit Trying", qui alterne des couplets très calmes sous fond de synthé et un gros refrain rock alternatif façon années 2000 (avec de belles envolées de chant sur le final), on va entrer dans la partie "molle" du disque. C'est à dire un enchainement de 3 morceaux composés sur le même schéma et qui sonnent presque de manière identique. Dans le texte (de "Quit Trying"), Adam reconnait être conscient de ses défauts, se référant à eux comme "les pires parties." Il semble que ces aspects de sa personnalité ou de son passé ne soient plus quelque chose qu'il veuille cacher ou nier, d'où le titre "j'arrête d'essayer". 

Tout d'abord "Lightbringer" avec ses nappes de synthé et le chant presque religieux d'Adam avec cette ambiance, pourtant il y a toujours cette rage dans la voix, puis le titre augmentera largement son tempo vers les 1 minute, avec un refrain qui fait penser à "The Boys Of Summer" de Don Henley (notamment repris par The Ataris). Dans la dernière partie Adam poussera sur sa voix aigue, d'une façon que les fans de TBS ne peuvent qu'apprécier. 

"New Music Friday" commence de la même façon, tout doucement, avec sa petite guitare et la voix d'Adam, mais se démarque par la batterie percutante - et les changements de rythme - de Mark O'Connell (excellent sur tout l'album et mis en avant dans le mix). Le morceau se poursuivra en rock, et on adore notamment l'envolée de chant finale (trop courte). Le texte est magnifique : "Do you need somebody else? I can't be, I can’t be somebody else." Les paroles explorent le concept d'identité personnelle et le refus de devenir quelqu'un d’autre pour répondre aux attentes de la société. 

"Juice 2 Me" mettra un peu moins de temps (20 secondes), après son intro planante au synthé, pour partir en rock, plutôt efficace d'ailleurs, dans laquelle Adam dit aurevoir à une ancienne amante : "You’re a voice I needed out of my head, White cross stuck in the sand, And now that you’re gone, I’m glad you’re gone."

On terminera sur un très bon morceau avec "The Stranger", qui, même s'il débute comme les 3 précédents (synthé + notes acoustiques), offre très vite une tension et des couplets très rythmés, et un gros refrain. Le final est du pur TBS, avec les deux voix qui s'emmêlent en criant. On aurait presque des frissons quand Adam monte en intensité en criant "Don't you treat me like a stranger."

Après plus de 20 ans de carrière, je trouve ça fantastique que Taking Back Sunday soit toujours parmi nous, et que le groupe continue d'évoluer sans changer totalement la formule. Car qu'il fasse du folk ou s'oriente vers la pop, il y aura toujours la voix fragile et touchante d'Adam Lazzara, et ses lyrics introspectifs, cathartiques et vulnérables. Il y a vraiment de très beaux moments de chant sur ce disque. Et même si le groupe déteste le terme, et fait tout pour s'éloigner de ces années, le côté emo est toujours là, pour notre plus grand plaisir. Car TBS ne fait pas de la pop comme en ferait un artiste pop, au sens moderne du terme. D’ailleurs ce n’est pas un disque pop, plutôt un disque rock alternatif avec une prod' pop et la touche emo du groupe. 152 nous propose 10 pistes très directes malgré de nombreuses tentatives pour changer les tempos, plutôt accrocheuses, et qui rappellent le son de l'album Louder Now (les titres bourrins en moins), lui aussi très apprécié des fans. La première moitié est une tuerie alternant tube sur tube, on regrette juste l'enchainement de quelques morceaux en 2ème partie qui débutent tous de la même façon (intro lente, synthé/guitare/chant fragile) et qui se ressemblent au final, même s'ils finissent toujours par partir en rock. Peut-être qu'on aurait aimé entendre un peu plus le chant de John Nolan aussi, souvent discret en fond. Le synthé quant à lui ne vient pas dénaturer les morceaux comme on l'a dit, mais apporte vraiment une profondeur et peut devenir un élément intéressant dans leurs futures compositions. Plutôt un très bon disque dans l'ensemble avec déjà parmi mes titres préférés. 

Note du rédacteur : 4/5

Alucard

1. Amphetamine Smiles
2. S'old
3. The One
4. Keep Going
5. I Am The Only One Who Knows You
6. Quit Trying
7. Lightbringer
8. New Music Friday
9. Juice 2 Me
10. The Stranger

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