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Chronique : Fiddlehead - Between the Richness


Fiddlehead ne devait être qu'un petit side-project sans ambition particulière. Tout commence quand Pat Flynn (chanteur du groupe de punk hardcore américain Have Heart) décide de regrouper d'autres musiciens pour un nouveau projet, et parmi eux, Alex Henery, plus connu comme guitariste pour le groupe de pop punk anglais Basement. Le résultat ? Un savant mélange de post-punk, pop et hardcore, avec une grosse influence emo des années 90.

Après un premier EP nommé Out of the Bloom en 2015, sorti dans la discrétion la plus totale, le groupe signera finalement bien plus tard chez le label Run For Cover Records et sortira un premier album, Springtime and Blind en 2018. Profondément marqué par le décès de son père, le chanteur Pat Flynn écrira cet album entièrement en son honneur, avec l'intégralité des lyrics écrites du point de vue de sa mère, maintenant veuve. Un album profond qui, bien que tragique et triste dans son propos, offrait un son particulièrement chaleureux et réconfortant.

Un disque qui n'était pas sans rappeler le groupe Title Fight et leur album Shed, issu du même label (Title Fight étant aux abonnés absents depuis 2015). Cette ressemblance leur vaudra un intérêt particulier, bien que Fiddlehead possède sa propre identité. Ce premier disque prendra tout le monde par surprise, y compris Fiddlehead eux mêmes, surpris de voir l'accueil positif et sans précédent. Pour un groupe qui ne pensait même pas sortir un premier album, les voilà face à un modeste mais non négligeable succès, qui soulève grandement la question d'un deuxième disque.

Et c'est avec Between the Richness que ce second album prendra vie. Et cette fois-ci, plutôt que faire le deuil de ceux qui nous ont quitté, le groupe est là pour célébrer les vivants. Patt Flynn, étant à présent lui-même mari et père de famille, va boucler la boucle sur ce nouvel album. Véritable ode à la famille, la vie et la mort, le bon, le mauvais : entre les richesses. Cette nouvelle mentalité s'entend dès les première minutes. "The Years" et ses lyrics lourdes de sens : "New life blooming, nothing can change the pain and I don't want it to", toujours en parfaite osmose entre punk/pop/hardcore et emo, c'est une vraie vague d'émotion et d'air frais qui découle de ce titre. Le chant de Flynn est toujours un peu maladroit, pour ne pas dire parfois faux, et franchement, on s'en fiche. Cela ne fait que consolider la sincérité des émotions telles qu'elles sont partagées.

Définitivement plus optimiste que Springtime and Blind, Between the Richness offre sont lot de titre plus doux et en retrait, proposant de nombreux singles des plus agréables à écouter comme "Million Times" ou des titres aux sonorités plus indie tels que "Loverman" et "Joyboy", qui montrent la bande de façon plus posée, pour des sonorités vraiment entêtantes. Le son du groupe reste inchangé, et pourtant impossible de ne pas remarquer l'évolution et la maturité dont il fait preuve. "Down University" et sa batterie lourde, son riff punk rock, son chant de cheerleaders, ses lyrics nostalgiques : c'est un contraste permanent entre l'énergie et l'agressivité punk, qui se mêle parfaitement à la douceur et la chaleur de l'emo pour un résultat qui fonctionne de bout en bout.

Between the Richness gardera aussi des titres beaucoup plus sombres pour apporter un très beau contraste au disque. Et c'est là aussi une réussite : "Get My Mind Right" et ses cris particulièrement violents mais sans jamais s'éloigner de cette émotion crue et directe, en font un des meilleurs titres de l'album, aux côtés de "Eternal You" et "Life Notice", dont les influences sont très claires : beaucoup de Fugazi, de Sonic Youth, pour une (très) grosse dose de 90s. C'est aussi sur cette note que se conclut l'album avec "Heart To Heart". Véritable lettre ouverte à ses enfants, Patt Flynn monte crescendo en puissance pour sur une véritable claque de noirceur post-punk et indie, entre Joy Division et Interpol. Juste bluffant.

Fiddlehead passe le cap du deuxième album avec brio. Between the Richness comporte même tous les éléments d'un parfait deuxième disque : un son identique qui pourtant apporte sont lot flagrant de changements et de maturité, des thèmes plus variés pour une identité inchangée. La production est impeccable et les imperfections du disque lui servent au final de qualités. Si vous aviez déjà aimé leur précédent album, aucune chance d'être déçu par le second qui réussit à faire encore mieux. Et si Fiddlehead vous avait échappé jusqu'ici et que vous cherchez un son où le post-punk et l'emo des 90s flottent en parfaite harmonie, ne cherchez pas plus loin. Et vivement le troisième album.

Eddy F.

Note du rédacteur : 5/5

1. Grief Motif
2. The Years
3. Million Times
4. Eternal You
5. Loverman
6. Down University
7. Get My Mind Right
8. Life Notice
9. Joyboy
10. Heart To Heart

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