Breaking News

Chronique : Architects - For Those That Wish To Exist


Après 8 albums sur lesquels commençait à s'installer une certaine lassitude, et malgré l'excellent Holy Hell en 2019, venant sublimer la formule amorcée par Daybreaker en 2012, Architects devait se réinventer avec ce For Those That Wish To Exist et on les attendait au tournant. Dans la conclusion de notre chronique précédente, nous déclarions : "Il leur reste à nous montrer que cet album n’est que le début d’une nouvelle ère (avec une véritable évolution à la clé ?), et pas juste l’héritage d’un style, auquel ils rendent le plus beau des hommages, mais dont ils ne savent plus se défaire." A croire que le message a été entendu.

L'album démarre en grandes pompes avec la magnifique intro sombre mi electro, mi-orchestrale "Do You Dream Of Armageddon ?", que l'on peut mettre en relation avec l'état actuel du monde, qui est le thème du disque : "Cet album c'était moi en train de regarder notre incapacité à changer pour un mode de vie qui soutiendrait la race humaine et sauverait la planète", explique le parolier et batteur Dan Searle.

Statuons que le groupe sait nous mettre en confiance avec des tueries metalcore/post-hardcore dont il a le secret, mais déjà lorsqu'arrive le refrain mélodique de "Black Lungs", on sent que quelque chose à changé, avec une présence de chant clair plus importante qu'à l'accoutumée, pour un titre heavy et novateur à la fois.


Tout au long du disque, le groupe va parsemer son son habituel d'une multitude de petites innovations, lui permettant de conserver son côté rentre-dedans tout en proposant plus de mélodies ou d'electro. "Discourse Is Dead" mélange déchaînement de violence et notes de synthé dans ses couplets, avant d’enchaîner sur un refrain ultra-mélodique et planant : "So sing us a sad song, So sing us to sleep", refrain d'ailleurs repris de façon magnifique lors du final orchestral. Même formule, encore plus poussée à l’extrême sur "An Ordinary Exctinction", où les riffs sont encore plus saisissants, et les passages electro encore plus dance, pour un refrain screamé plus classique, mais tout aussi génial (on ne leur demande pas non plus de renier tout ce qu'on aime chez eux).

On l'a dit, les passages bourrins sont vraiment lourds. Vous avez déjà tous entendu le single "Animal" (un putain de tube, qui ne fait pourtant pas dans la pop) et les riffs y sont massifs ! Le beat du morceau est complètement dingue, et ce pont à la basse ! Même si aucun autre morceau n'a le potentiel tubesque de ce titre (ce n'est pas une critique), les titres super heavy ne manqueront pas ! A commencer par "Goliath", qui débute à 100 à l'heure comme un morceau de trash metal, avant de proposer un refrain ultra-planant, puis des ambiances très contrastées et le très beau featuring de Simon Neil de Biffy Clyro, dont la voix se marrie à merveille avec le son lourd du groupe, avant de terminer sur des screams de folie.


Winston McCall de Parkway Drive viendra lui aussi proposer ses gutturaux sur "Impermanence", aux côtés d'un Sam Carter (chant) très énervé, accompagné d'une blinde de breakdowns, calmant seulement le jeu le temps du refrain : "We're barricaded, Because nobody wants to meet their maker, The seeds are sown, And we die alone, we die alone." Ce que le groupe perd en technique (on est loin du mathcore des débuts), il le gagne en impact, avec un son très martial.

N'oublions pas non plus "Libertine", un titre beaucoup plus classique mais qui propose un riff tellement parfait qu'on lui pardonne aisément, pour un résultat très très efficace. Avec, encore une fois, un très beau refrain : "Don't turn the page cause your blood will run cold, Fighting the seams isn't free and it's getting old, You're gonna choke when you drink from the fountain, We are the rust worshipping the rain."

On note aussi cette nouvelle influences rock/metal alternative, dont on parlait déjà dans le dernier EP de Bring Me The Horizon, avec des titres qui se rapprochent plus du 1er album de Linkin Park (sur les titres les plus rock) que de la scène -core. Il y a le très bon "Little Wonder" ft. Mike Kerr de Royal Blood, qui propose une très bonne mélodie et un côté presque dansant ("I wanna sing you different song, one that's easier to swallow, [Everything is fucking fine], We can dance, we can all sing along, We can say how we all wanna be saved but it's easier to follow"), ainsi que "Meteor", le titre le plus rock de l'album, qui n'oublie pas non plus son synthé.

"Giving Blood", à mi-chemin entre les deux facettes, avec sa guitare incisive, se veut toujours aussi efficace, avec un pont en chant clair qui est assurément l'un des plus beaux moments de l'album : "It leaves a mark on the mundane, weaves a web in the background. Silently. No time to spare, no sign of the exit wound. God help me."

La bande propose également des ambiances différentes, notamment sur le presque onirique "Dead Butterflies", un morceau émotionnel avec synthé et orchestrations qui devrait vous faire monter les frissons. "Flight Without Feathers" calme quant à lui clairement le jeu en milieu d'album, et se la joue electro et émotion à fond.


"Demi God" devrait également vous prendre par surprise, avec son joli mélange de piano/violons, entre Silverchair et Chiodos, qui viennent faire décoller un morceau rock et l'amènent dans une autre dimension.

On terminera de façon très classique et larmoyante avec l'émouvante "Dying Is Absolute Safe", un morceau acoustique orchestré, au texte poignant : "I've got a lot to lose, but I won't lie to you, And make-believe sincerity, I'm praying for a remedy, But lovely distant blue, one day I'll die for you, And swim in sweet serenity cause death is not my enemy." On n'aurait pas souhaité un autre final.

Ce 9ème album d'Architects reste une évolution logique et saine du groupe, et surtout un disque dont ils avaient terriblement besoin. C'était le moment d'avancer et ils l'ont fait. Sans perdre à aucun moment leur identité, ils nous régalent avec un album varié et consistant, qui s'ouvre au rock et au synthé sans renoncer à sa force de frappe, rempli de passages symphoniques et d'émotion, et qui relancera certainement notre intérêt dans la formation ! 

Alucard. 

Note du rédacteur : 4/5

1. Do You Dream of Armageddon?
2. Black Lungs
3. Giving Blood
4. Discourse Is Dead
5. Dead Butterflies
6. An Ordinary Extinction
7. Impermanence ft. Winston McCall (Parkway Drive)
8. Flight Without Feathers
9. Little Wonder ft. Mike Kerr (Royal Blood)
10. Animals
11. Libertine
12. Goliath ft. Simon Neil (Biffy Clyro)
13. Demi God
14. Meteor
15. Dying Is Absolutely Safe

Aucun commentaire