Bring Me The Horizon : vers un retour au metal ?

2019 fut une année chargée pour Bring Me The Horizon. Les 5 de Sheffield se sont ouverts à l'electro sur leur dernier album, amo, ont donné des shows gigantesques à travers la planète, ont contribué à la bande originale du dernier chef d'oeuvre vidéoludique d'Hideo Kojima avec le single "Ludens" avant de retourner en studio et de terminer l'année avec le projet expérimental de 8 pistes Music to listen to... 

Le magazine Clash a rencontré le frontman Oli Sykes dans sa chambre d’hôtel en Ukraine pour discuter de l'état esprit actuel du groupe, leurs récents projets et de comment ils veulent garder toutes les options ouvertes pour l'avenir. 

Si Oli répète pas mal de choses qu'il a déjà dites dans des précédentes interviews, comme le fait que l'écriture d'amo leur a semblé durer une éternité, et qu'ils préféraient à l'avenir être plus réactifs plutôt que de rassembler dans un album des chansons qui ne seront jamais jouées en live, il nous livre également un tas de nouvelles informations. On commence par une petite précision au sujet de Music to listen to..., projet dont il a eu l'idée en voulant rassembler des chutes et des démos de chansons, notamment ces long passages de monologues : 

"Dès qu’un matériel d'enregistrement arrive, c’est comme mettre une caméra sur vous - il est impossible de continuer à être exactement qui vous êtes parce que vous êtes si conscient que quelque chose vous enregistre, quelque chose vous documente. Alors vous commencez à vous surveiller, et vous commencez à essayer de ne pas dire certaines choses.

Avec un album la chanson moyenne est de trois, quatre minutes, et c’est vraiment difficile d’être qui vous êtes. Je voulais simplement capturer - pour le meilleur ou pour le pire - qui je suis, et ce que je pense, et ce que je ressens à propos des choses. C’est pour ça que ça a fini en monologues. Je me suis dit : je vais juste le faire et le laisser tel quel, même si je dis quelque chose de stupide, ou que c'est un peu dyslexique… c’est ce que c’est. Je voulais faire passer cela, de sorte que l’auditeur se sentait un peu plus lié à nous, et à ce que nous sommes.

Il est difficile de faire passer cette image complète sur un album. C’est ce que je pense, de toute façon."

Il parle également d'un sujet qui nous intéresse tous : l'avenir du groupe et savoir si oui ou non ils vont revenir au metal. Et honnêtement, on est plutôt en droit de penser que oui.

"Vous ne voulez pas utiliser les gens, parce qu’au bout du compte, je comprends que nous venons d’une scène metal et rock et que c’est ce que les gens veulent encore entendre de nous, mais il y a des choses que nous voulons faire de façon créative et qu'on ne peut pas s'empêcher. C’est presque comme une purge créative, en ce sens.

Au bout du compte, si cela ne vous plaît pas, c’est très bien - nous aurons de nouvelles choses à venir. C’est seulement pour les gens qui n’aiment pas notre groupe parce que c’est un certain genre ou un certain style, ils aiment notre groupe parce qu’ils ont l’impression que ce que nous faisons leur parle. Donc peu importe si nous faisons une chanson fleur bleue ou une chanson lourde ou autre - je rencontre des gens et j’ai vraiment l’impression qu’ils aiment notre groupe pour la même raison que j’aime notre groupe."

Un peu plus loin : 

"C’est le problème avec les artistes, surtout quand on est dans un groupe depuis aussi longtemps que nous, et qu’on devient plus grand… ce n’est pas que nous voulons nous éloigner d’où nous venons, mais il y a toutes ces autres choses à l’intérieur que vous voulez explorer, et ce n’est pas nécessairement ce que tout le monde veut entendre. Et je vous en remercie. Certaines personnes nous aimeront parce que nous sommes un groupe de rock qui fait de la musique différente de tout le monde - elles ne veulent pas entendre de musique pop, de jazz ou quoi que ce soit.

Je peux comprendre cela et je peux aussi l’apprécier, à une époque où il n’y a pas beaucoup de groupes heavy qui sont populaires ou en première ligne ou qui correspondent au même groupe que nous. Je peux donc comprendre cela. Je pense que amo a été une purge, dans un sens, parce qu’il y a beaucoup de musique et de styles que nous aimons et que nous voulions faire. Mais en même temps, il y a un manque de musique sérieusement lourde, et de musique en colère, et de musique passionnée, en ce sens, où il s’agit de rébellion.

Il y a un manque de ça dans le mainstream. Nous voulons écrire un autre disque comme celui-là [ndlr : un disque violent] - que nous le fassions ou non, je n’en suis pas sûr, mais c’est quand même ce que nous aimons… C’est juste que là où j’étais l’année dernière, il n’y avait rien de tout ça en moi. Donc, en étant capable de sortir ça, et d’être créatif, ça vous fait penser : 'eh bien, je l’ai fait maintenant, je suis prêt à jouer un peu sur nos forces, et être le groupe que ces fans veulent.'"

Il révèle également qu'il a commencé à composer de nouveaux morceaux :

"Nous sommes allés à Amsterdam il y a quelques semaines et nous avons commencé à écrire. Jordan a écrit de petites idées - tout comme moi - donc nous écrivons beaucoup. Nous sommes sur le point de nous préparer à écrire beaucoup plus, et de commencer à rassembler le prochain disque. C’était cool. Nous l’avons fait presque comme un test pour notre label - nous voulions publier ce disque en décembre.

On fait juste ce qui nous vient naturellement, ce qui surgit artistiquement.

Que les gens le veuillent ou non, nous n’essayons pas de chasser quoi que ce soit, c’est simplement ce que nous faisons. Nous ne sommes que des gens ordinaires, nous ne sommes pas des musiciens parfaits… C’est juste très banal. Ce serait bien de continuer ainsi, de partager la musique avec les gens une fois qu’elle sera terminée, de faire en sorte que les gens se sentent plus familiers et de donner presque aux gens un sentiment de… pas de propriété, mais qu’ils connaissent le disque, et qu’ils peuvent sentir de quoi il s’agit, plutôt que de faire comme : 'voilà, voici nos nouvelles chansons… débrouillez-vous avec.'

Je pense qu’il faut se mettre à penser que la musique n’est pas aussi précieuse et se contenter de dire : voilà. Peut-être que notre prochain disque sera plus lourd et plus émotionnel, comme ce que les gens qui n’aimaient pas amo veulent vraiment, mais le prochain pourrait être un album dance complet ! Et les gens vont se dire : "eh bien, de la nouvelle musique viendra six mois plus tard, ce disque est toujours là'… si c’est comme ça que les gens veulent écouter notre groupe.

Ce n’est pas comme si ce serait la seule chose que vous entendrez de nous pendant deux ans, alors soit vous l’aimez, soit vous faites avec."