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Avenged Sevenfold : le concept qui a inspiré le dernier album, The Stage (2016)


Alors qu'on vient de "célébrer" les 10 ans depuis la mort du batteur Jimmy "The Rev" Sullivan, et qu'on s'attend à ce que le groupe annonce un nouveau disque à tout moment (déjà 3 ans depuis le dernier), nous vous présentons un article que nous avions publié à l'origine sur notre ancien webzine (House Of Wolves) en octobre 2016. 

Avenged Sevenfold (metal) a sorti son 7ème album, The Stage, le 28 octobre 2016, à la surprise générale. Premier disque sur Capitol Records après une décennie sur Warner Bros., c’est aussi leur premier effort avec le batteur Brooks Wackerman (ex-Bad Religion), qui a remplacé Arin Ilejay en 2015.

Co-produit par Joe Barresi (Queens of the Stone Age, Tool, Melvins), The Stage est un concept album qui parle d’intelligence artificielle, un départ aventureux du hard-rock de Hail to the King, et qui se termine par une interprétation musicale de 15 minutes du Big Bang, raconté par la voix off de l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson.

Rolling Stone a pu s’entretenir avec M. Shadows (chant) pour en apprendre un peu plus sur l’album :

Pourquoi sortir soudainement un album sans prévenir ?

Hé bien, tout ça est du au fait qu’on s’ennuie [rires]. Tout le monde en fait des tonnes avec des miettes, dévoile 4 ou 5 singles avant que l’album ne sorte. Ça enlève complètement le mystique du disque ; le temps que ça sorte, tu as déjà fait 50 interviews sur ce dont parle le disque et comment il va sonner. C’est 2016 ; les laps de temps d’attention des gens sont si courts, qui a le temps de faire du teasing pendant 3 mois ?

Tu as 5 gars ici qui sont lassés de ça ; alors pour nous, on voulait garder la hype la plus courte et gentille possible, et ensuite tout balancer. Voici l’album – on a passé beaucoup de temps dessus, et il est disponible pour vous maintenant. Et maintenant on peut tous apprendre du disque ensemble, après que vous l’ayez écouté, plutôt que d’entendre toutes ces choses pendant qu’on vous laisse des miettes. On s’est juste dit, « Pas de conneries cette fois – on va juste faire tout ce qu’on veut faire, du concert au merchandising, de comment on présente la chose et comment on la sort. »

On note le paradoxe : alors que le groupe est conscient que tout va très vite et que l’attention des gens est désormais limitée, il s’adapte pourtant en utilisant un marketing à l’ancienne, sans en faire des tonnes avant la sortie, et dévoile son album d’un coup. Bonne stratégie.

Votre ancien label, Warner Bros., a annoncé la semaine dernière la sortie d’une collection de greatest hits d’Avenged Sevenfold en décembre. Avez-vous avancé la sortie de The Stage en réaction à cette annonce ?

Non – j’ai appris l’album de la Warner pour la 1ère fois vendredi dernier, en même temps que vous. C’était une surprise pour nous, mais tout ça a commencé en août dernier. Chris Jericho a fait un faux post Instagram à propos de cet album qui sortirait le 9 décembre, juste pour se débarrasser des gens ; lui et moi en rions l’autre jour, parce que tout le monde a pris ça pour vrai.

Ça a été très dur de le faire de cette façon, parce qu’on comprend que les amateurs de rock veulent vraiment des sorties physiques, tout comme digitales – ils veulent acheter le CD, ils veulent le vinyle. On s’est dit au début, « Sortons-le juste de façon digitale. Tout le monde a Spotify ; tout le monde a un service de streaming ou autre. » Mais on a réalisé que ça énerverait vraiment certains fans, alors on a décidé de faire en sorte, à l’inverse de Radiohead, ou Beyoncé ou Kanye, qu’il y ai vraiment un produit physique dans les boutiques le Jour J. Alors, merci à Capitol pour avoir essayé d’entreprendre cette chose, et spécialement à l’international. C’est juste dingue.

Musicalement et au niveau des paroles, The Stage est bien plus ambitieux que Hail to the King. Est-ce que c’était l’intention alors que vous le faisiez ?

On a un peu atteint ce stade dans la vie où on ne veut pas vraiment sortir un truc juste pour sortir un truc. On ne veut vraiment pas se dire, « Deux années de sont écoulées. On a fait notre break ; maintenant faisons un autre album et partons en tournée. » On avait besoin d’attendre que quelque chose nous inspire vraiment, et c’est pourquoi l’album a mis si longtemps à être fait.

Les chansons de l’album évoluent autour du sujet de l’intelligence artificielle. Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce sujet ?

Quelqu’un m’a envoyé un article sur les IA qui était écrit par Tim Urban sur le website Wait but Why – c’est à peu près le moment où j’ai mis les pieds dans le plat, et je me suis dit, « OK, je dois en apprendre plus sur ça ! » J’ai eu l’impression que c’était le genre de truc pour lequel notre génération devra rendre des comptes, éventuellement, et je voulais juste m’éduquer sur le sujet. Alors j’ai décidé de lire beaucoup d’articles – je lisais beaucoup de trucs de Sam Harris, et j’ai écouté certaines podcasts qu’il avait fait sur les intelligences artificielles et ce que ça pourrait signifier. J’ai commencé à voir différentes opinions, de Mark Zuckeberg à Elon Musk en passant par Stephen Hawking…

Plus j’en lisais, plus je m’enfonçais dans le sujet, et j’ai pensé, « Tu sais quoi ? Je veux vraiment parler de ça ! » C’est quelque chose qui sera une question à l’avenir, pour nos enfants et les enfants de nos enfants ; et si on a une voix qui porte, je voulais que ceci soit l’une des choses qui pouvait éduquer nos fans un petit peu – ou peut-être les inspirer à s’éduquer eux-mêmes. J’en ai parlé aux autres membres, et on a tous commencé à parler et à penser à ces grandes questions. On se disait, « Mec, c’est ça l’album ! On va faire une œuvre d’art, et ça doit parler de ça, parce que ça nous parle vraiment en ce moment ! »

Alors les autres ne t’ont pas dit, « Mec, tu nous saoules avec tes IA ! » ?

Non [rires]. Je pense que quand je suis venu à eux d’un point de vue réaliste et scienfitique, c’était bien moins effrayant que si j’étais venu pour leur dire, « Hé, faisons un album sur le Bigfoot ! » Ou, tu vois, certaines théories de conspiration stupides. Plus je leur montrais des choses, tout le monde se mettait à lire des trucs sur le sujet. Et soudainement, ça nous insirait des riffs, ça nous inspirait des structures de chansons originales ; ça nous a apporté la liberté de poursuivre beaucoup de choses…

Alors ouais – on voulait écrire sur les intelligences artificielles, pas d’une façon science-fiction, pas d’une façon à la Terminator, mais plus, d’une façon scientifique. L’album parle de sujets qui sont tous proches et qui peuvent potentiellement changer le monde. On a volonté de connaitre les réponses aux grandes questions à propos de l’espace et de pourquoi nous sommes ici ; on ne peut pas évoluer assez rapidement pour trouver ses réponses par nous-mêmes, mais on peut le faire à travers l’intelligence artificielle. Mais il peu aussi y avoir beaucoup de choses effrayantes qui peuvent arriver si on ne prend pas les précautions nécessaires avec ça.

Peux-tu me donner un exemple ?

La chanson « Paradigm » parle des nanobots – et comment ils peuvent être utilisés pour guérir les maladies et vous aider à vivre éternellement. Mais à quel point serait-tu un être humain à ce stade ? Si tu es 70% machine et 30% humain, est-ce que tu vas te perdre ? Ou une chanson comme « Creating God » – les ordinateurs sont de plus en plus intelligents, et tout d’un coup ils deviennent ton dieu ; ils sont tellement plus intelligents que toi, tu es comme un singe pour eux, ou une fourmi. Et ensuite la seconde moitié de l’album part dans l’espace, et l’exploration spatiale, et comment nous nous traitons les uns les autres en tant qu’êtres humains – comment nous n’avons jamais regardé ça de la perspective de quelqu’un d’autre, parce qu’on ne s’occupe que de soi.

Neil deGrasse Tyson fait un cameo à la fin de « Exists ». Comment est-ce arrivé ?

La chanson est partie de l’idée de vouloir récréer le Big Bang de façon heavy-metal, se disant, « OK, ça doit être comme ça que ça a sonné quand ça s’est produit ! » C’est comme un gros morceau classique. On adore The Planets de Gustav Holst, mais personne n’atteint vraiment le Big Bang, alors on l’a fait ! Je voulais que ce soit tout instrumental, mais Brian [le guitariste Synyster Gates] m’a dit, « Hé bien, je pense qu’il devrait y avoir du chant dessus. » Alors on a fait un compromis où on s’est dit, « OK, quand le chant arrive, c’est la Terre – c’est la 1ère fois que la vie commence après la période de retour au calme du Big Bang. » A la base, on voulait utiliser un enregistrement de Carl Sagan lisant un extrait d’Un point bleu pâle, mais on ne laisse pas vraiment les gens utiliser ça. Alors on a demandé à Neil.

Avez-vous eu des difficultés à le joindre ?

Non, il a été très cool. On lui a expliqué qu’on voulait éduquer nos fans, et on voulait une voix de la science dans une autre forme d’art, et il nous a dit, « Ouaip – si c’est pour l’éducation, faisons-le ! » Il nous a demandé de lire pas mal d’essais qu’il a utilisé comme le Hayden Planetarium, et on a trouvé des petites parties qu’on voulait qu’il étende. On a trouvé des trucs qu’on aimait, et on faisait des allers-retours avec lui au téléphone jusqu’à ce qu’on soit tous satisfaits, et ensuite il l’a posé pour nous.

C’était comment de bosser avec le producteur Joe Barresi sur l’album ?

On l’a adoré. Tout ce qu’il a amené sur la table était très perspicace ; il nous disait, « Pourquoi voudrais-tu tuner ton chant ? Tu peux chanter ! Pourquoi voudriez-vous foutre des samples sur la batterie ? Brooks peux jouer ! » Et on répondait, « Ouais ! Tu as raison ! » Et alors on l’a fait à sa façon, et je pense que c’est notre façon maintenant. Je l’adore – c’est brut et dingue, et c’est réel ! Il n’y a pas de samples de batterie là-dessus, il n’y a pas de modification du chant, il n’y a aucun de ces trucs.

C’est plutôt ironique qu’un album sur les intelligences artificielles soit en réalité votre album le plus « humain » en une décennie.

Totalement ! [Rires] Je pense que quand les gens vont entendre qu’on a fait un album sur les IA, ils vont penser, « Oh, ils ont viré electro et techno ! » Mais musicalement on voulait s’assurer qu’il sonne live et direct.

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