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Chronique : Underoath – Erase Me


Huit ans que le groupe de metalcore Underoath n'a rien sorti (on ne compte pas l'inédit « Sunburnt » paru en 2013 sur l'album Anthology), après un dernier album, Ø (Disambiguation), sans le batteur/voix claire Aaaron Gillespie, parti se consacrer à son groupe de rock alternatif, The Almost. Un dernier album sur lequel Spencer Chamberlain, qui savait déjà assurer les deux types de chant (cris/chant clair) reprenait toutes les voix à lui tout seul, et où le groupe se permettait quelques parties plus aériennes, notamment le single à la Deftones “Paper Lung”. Après l'arrêt du groupe en 2012, Spencer forme le groupe de rock alternatif/grunge Sleepwave.

Début 2018 (alors que le groupe est reformé pour le live depuis 2015 avec Aaron Gillespie) les premières rumeurs sur un nouvel album commencent à circuler, et celui-ci est annoncé un mois plus tard : Erase Me.

Le single “On My Teeth” est dévoilé en premier, pas si éloigné du son metalcore habituel du groupe, il change néanmoins nos habitudes par son côté progressif et son ensemble très direct et instantané. Le morceau d'ouverture de l'album, “It Has To Start Somewhere”, est également une sacré tuerie, un des meilleurs du disque avec un refrain hurlé appuyé par les instruments avec une telle urgence (qu'on avait déjà un peu dans le refrain de “On My Teeth”), à vous en foutre des frissons. Spencer y aborde la perte de sa foi : « You've got me wrong, How did we end up like this ? I've lost myself, please, God, give me a chance [...] This is all so damn useless, I'me done with you. »



Malheureusement, il faudra presque s'en tenir là pour tout auditeur cherchant à retrouver le son d'Underoath qu'il avait l'habitude d'entendre. Car pour ce 8ème album, le groupe s'est interdit la règle du “ça ne sonne pas assez comme du Underoath“ et en a profité à fond.

« Hold Your Breath » est probablement le dernier morceau le plus « à l'ancienne », au son très lourd et rapide à la limite du punk avec des couplets criés et un refrain épique/arena rock. “Sink With You” présentera également un sursaut d'énergie post-hardcore en milieu d'album, malheureusement rabaissé par un refrain des plus simples, se contentant de répéter la même phrase en boucle.

Dès le second single, “Rapture”, le groupe nous a présenté sa nouvelle direction avec un morceau rock à la structure plus classique et ne contenant pas le moindre cri, une évolution que beaucoup ont apparenté à celle de Bring Me The Horizon, même si le groupe en nie l'influence, justifiant d'une volonté de se dépasser plutôt que de se réinventer. Dans les faits on se rapproche d'avantage d'un Sleepwave 2.0, qui reste la formation qui aura le plus influencé ce nouveau Underoath, par exemple avec le titre “In Motion”, un morceau rock alternatif survitaminé avec un chant enragé et un magnifique refrain pop (rien de péjoratif, peut-être le plus beau refrain de l'album), même si beaucoup de morceaux se situent finalement entre les deux.



C'est là que le groupe étonne le plus, avec des chansons bien plus mélodiques comme « Bloodlust » avec le chant d'Aaron et un refrain terriblement efficace dont le “riff” est puissamment asséné au synthé, on remarque d'ailleurs que le travail du claviériste Christopher Dudley est génial tout au long de l'album et que le synthé n'avait probablement pas autant été mis en avant depuis le 1er album, Cries of the Past, en 2000. Le synthé est également utilisé pour donner une ambiance religieuse et sacrée à l'excellente “Wake me”, avec des lignes de chant magnifiques.

On retrouve une ambiance aérienne dans les couplets et la mélodie envoûtante du refrain de « ihateit » (“You're the only thing that gets me high, And I hate it, and I hate it” : s'adresse-t-il à Dieu ? Spencer y explose en effet en cris sur la fin en hurlant “God erase me, I don't desserve the life you give”). Ils ont également osé “No Frame”, la piste où la bande se fait plaisir niveau expérimentations electro.

Le morceau final, “I gave Up”, aurait pu être un peu plus épique pour une clôture, néanmoins avec une grosse intro au piano on comprend pourquoi il a été placé là, entre rock'n roll et pop, le chant s'y montre quand même intense et nous abandonne sur une touche bien pessimiste, loin de l'espoir chrétien habituel.

Passé la déception obligatoire de la première écoute de ce Erase Me, où l'on cherche encore à retrouver le groupe que l'on a connu, et à part les quelques morceaux metalcore qui sont de véritables tueries, on apprend à appréhender la nouvelle formule, dont la sauce prendra au fil des écoutes, jusqu’à en apprécier le moindre bout. Chaque riff, nappe de synthé, pré-refrain, mélodie de chant ou pont, chaque texte dans lequel se livre Spencer, semble tellement écrit à la perfection qu'il est difficile, malgré un côté plus direct et simple, de ne pas s'incliner devant autant de talent. Peut-être pas l'album que beaucoup souhaitaient, néanmoins tout amateur de rock alternatif ou metalleux un peu ouvert trouvera ici une petite perle, bien meilleur que l'album de Sleepwave et bien meilleur que tous les disques du genre, ne serait-ce que par le côté enragé qui fait défaut à beaucoup de productions similaires, et la maîtrise de l'ensemble. Une fois de plus, Underoath reste au-dessus.

Note du rédacteur : 4/5

“It Has To Start Somewhere”
“Rapture”
“On My Teeth”
“Wake Me”
“Bloodlust”
“Sink With You”
“ihateit”
“Hold Your Breath”
“No Frame”
“In Motion”
“I Gave Up”

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