Nevertel (Interview Exclusive) : "Il faut exploiter l'évolution de l'industrie musicale sur internet à notre avantage"
Début octobre, nous avons pu nous entretenir avec
Raul Lopez (chant/guitare) et Alec Davis (guitare), deux
membres du groupe floridien Nevertel (entre nu metal et
hard rock), qui a sorti son 3ème album, Start Again, en septembre ! L'occasion de discuter de l'album ainsi que de leur 1ère tournée européenne (avec une date au Backstage By The Mill ce mercredi 22 octobre) !
LN! : Vous avez sorti votre nouvel album, Start Again, le 12
septembre dernier. Dans ce dernier, on observe une évolution de votre
style comparé à vos dernières productions. Pouvez-vous décrire cette évolution de votre point de vue ?
Raul : Je pense que l'on voulait davantage créer des hymnes, des chansons
que les gens pouvaient facilement chanter, surtout notre public en concert.
Quelque chose qui reste en tête. Ça nous a pris beaucoup de temps, parce
qu'on a aussi travaillé avec des personnes extérieures au groupe et c'était
la première fois qu'on faisait ça. C'était sympa de pouvoir créer des
mélodies qui semblent intemporelles, c'est ce qu'on voulait. Il se passe
beaucoup de choses dans ma tête, à l'image de notre premier album qui était
un mélange étrange de plein de choses différentes. C'est ça, Nevertel, mais
on voulait lui donner un cadre. On a condensé ça en un ensemble cohérent,
avec des passages entêtants tout en gardant cette variété de styles.
LN! : En effet, vous avez collaboré avec plusieurs personnes pour cet
album. Commençons par parler de Sleep Theory, car Cullen chante avec vous
sur le titre "Break The Silence". Comment s'est déroulé ce featuring ?
Raul : On avait une démo du morceau qu'on avait écrite chez nous.
Il n'y avait pas encore de voix dessus, c'était instrumental. On l'a
envoyé à notre manager pour avoir son avis. A ce moment-là, il était en
tournée avec Sleep Theory car on partage le même management. Donc
ils l'ont entendue, et ils ont adoré cette démo.
Alec : Ils ont appelé Raul à 2h du matin pour lui dire que c'était la bonne. On avait déjà évoqué le fait de collaborer, donc c'était l'occasion parfaite, ils pensaient que ce morceau serait parfait pour cette collaboration.
Raul : On a donc réservé quelques temps en studio au début de
l'année, et on a écrit "Break The Silence" ensemble.
LN! : C'était facile de travailler tous ensemble ?
Raul : Oui. C'était fun ! On a
passé environ une semaine ensemble en studio accompagnés de Dave. C'est un
producteur qui nous a aidé pour cet album-là, et qui produit Sleep Theory.
On aurait dit un groupe de potes qui s'amusait, à regarder Dragon Ball Z
tout en essayant de créer une chanson ensemble. Ça a bien fonctionné.
LN! : Je vois ! En parlant de production, vous avez aussi eu la
participation de Gianni Taylor qui écrit avec Bring Me The Horizon
par exemple.
Alec : C'est un bon ami. Il est
fantastique. À chaque fois que l'on se retrouve coincés dans notre écriture,
il trouve une solution pour nous débloquer et nous permettre d'avancer.
LN!
: Vous pensez que le nouveau son de Nevertel vient en partie de ces
collaborations qui vous ont aidé à évoluer ?
Raul
: Complètement. Ils ont vraiment aidé à façonner ce nouvel album et
à lui donner le son qu'il a aujourd'hui. On y retrouve toujours les
particularités de Nevertel évidemment, mais c'était sympa de collaborer et
de recevoir de nouvelles idées de personnes extérieures. Ils nous aidaient
aussi à sortir de notre cocon, ils trouvaient des façons d'améliorer
notre son.
LN! : Pourquoi avez-vous choisi Start Again comme titre ?
Raul : Quand on a décidé, on avait déjà quelques morceaux de
prêts, comme "Criminal" et "Start Again", justement. Quand on écrivait, on
ne savait pas quel serait le nom de l'album à la fin. À un moment donné,
on a commencé à relire les paroles, et ce morceau semblait bien
représenter notre album. On a pensé que ce serait un nom sympa.
Alec : Dans cet album, on aborde beaucoup des thèmes autour
du renouveau, d'un nouveau départ, donc ça correspondait vraiment bien.
C'était devant nos yeux depuis tout ce temps et on ne l'avait pas réalisé
avant. Quand on l'a remarqué, c'était une évidence.
LN! : Vous avez parlé du morceau "Criminal" qui est justement aussi un gros
single de cet album. C'est probablement le plus entrainant. Quelle a été la
réaction de vos fans quand ils ont découvert ce nouveau son très catchy ?
Raul : Si on prend "Criminal" comme
exemple, je pense que ce morceau est une montée en niveau pour nous. Quand
on l'écrivait, on s'imaginait déjà sauter sur ce morceau, et c'est
exactement ce qu'il se passe quand on la joue en live. C'est incroyable.
Tout le monde saute et s'amuse quand on la joue, certains chantent.
Alec : C'était notre vision en studio et ça a marché. C'est
fou quand on y pense, le morceau est sorti il n'y a pas si longtemps et
les gens le connaissent déjà assez pour chanter avec nous !
LN! : En effet, vous êtes en tournée au moment où l'on parle, vous
pouvez directement voir comment les chansons rendent en live !
Raul
: Oui ! Du coup, on voit directement la réaction des gens à
nos nouveaux morceaux qui viennent de sortir. Les entendre en live,
c'est quelque chose de complètement différent que de les écouter en
studio.
Alec : Ou de juste t'intéresser aux statistiques sur Spotify
ou autre. On voit le visage des gens qui les découvrent, ça n'a pas
de prix.
LN! : Vous avez ajouté pas mal de screams dans ces nouveaux morceaux
également, ce qui n'était pas forcément le cas avant. Pour autant, comme
on disait, vous n'avez pas oublié cette essence hip-hop/rap qui vous
démarquait. Comment vous arrivez à tout mélanger pendant la composition ?
Alec :
On mélange les styles depuis longtemps. C'est organique.
Raul : Des fois, on ne prévoit pas forcément d'avoir des
sonorités hip hop, rap… Je le fais au feeling, en fonction de la musique
qui passe derrière. Je vais entendre un passage où ça m'inspire du rap,
mais je ne vais pas le faire juste parce que j'ai envie d'en ajouter dans
la chanson. Dans cet album, j'ai aussi eu beaucoup plus de chant clair que
d'habitude et c'est aussi nouveau. Pour autant, je ne voulais pas
consciemment faire moins de hip hop qu'avant. J'ai chanté comme
m'inspirait les musiques. On compose toujours comme ça, au feeling comme
dit Alec, on ne force rien.
LN! : Je vois, tu choisis tes voix en fonction de ce que la musique te
fait ressentir.
Alec : Oui, on laisse la chanson nous
dire ce qu'elle veut pendant qu'on la compose, en quelques sortes !
LN! : C'est cool, je comprends ! Parlons d'une autre collaboration
que vous avez faite, pour vos clips musicaux vous avez travaillé avec Orie
McGuiness. Il a collaboré avec Bad Omens ou Spiritbox, par exemple.
Comment c'est de travailler avec lui ?
Alec
: Il est super ! C'était un rêve
qui devenait réalité. Absolument fantastique. La meilleure expérience de
tournage qu'on a jamais eue. On avait toute une équipe qui s'occupait de
tout, et Orie avait cette facilité à transcrire notre vision en images… Il
y a une raison pour laquelle il est le meilleur, vraiment.
Raul : Il nous a aidé à mettre des visuels sont ce qu'on
imaginait pour Nevertel et il a élevé notre niveau. C'était vraiment super
de travailler avec lui, on l'adore.
LN! : Décidiez-vous des thèmes des vidéos que vous vouliez tourner avant où
son équipe avait déjà des idées pour vous ?
Raul : On a collaboré sur tout. On
avait l'idée de base, générale, et on allait voir Orie pour en débattre et
réussir à créer quelque chose ensemble. Des fois, la meilleure idée venait
de nous, de notre management, ou d'Orie. Il écoute un morceau et parfois
il est directement inspiré, et on le suit sans savoir à quoi on
ressemble : pour certains clips, on avait aucune idée de ce que ça
allait donner à la fin.
Alec : Des fois, on n'avait aucune idée de ce que ça
donnait ! On tournait notre partie, et Orie avait cette capacité à
créer une trame narrative rapidement et c'était incroyable. On n'était
même pas toujours là pour les images.
LN! : C'est super quand ça se passe aussi bien ! D'une manière,
cet album vous ouvre aussi de nouveaux horizons, vu que vous venez en
tournée en Europe.
Raul : On joue au Royaume-Uni et un peu
partout en Europe. Notre toute première tournée en Europe, et on est tête
d'affiche ! On n'était même pas venu ouvrir pour un autre groupe
avant. C'est effrayant, mais aussi excitant.
Alec : Et puis c'est mon anniversaire sur la date de Paris,
alors on va faire la fête !
LN! : Vous vous attendez à quelque chose de différent en Europe comparé
à vos habitudes aux Etats-Unis ?
Alec : Je suis sûr qu'il y aura un
choc culturel. Mais je n'ai aucune idée d'à quoi m'attendre.
Raul : D'après ce qu'on nous a dit, les fans sont très engagés, ça bouge souvent davantage, donc j'ai hâte d'en faire l'expérience.
Alec : La seule fois où je suis allé en Europe, c'était pour
un voyage en Pologne en 2012… C'est tout !
LN! : Une grosse nouvelle expérience dans tous les sens du terme,
alors !
Alec : Oh oui ! Je suis prêt à me
sentir bizarre et étranger… Déjà, conduire du mauvais côté de la route au
Royaume-Uni, ça va être quelque chose !
LN ! : Je suis curieuse d'avoir vos impressions après cette tournée
alors ! Pour changer de sujet, les réseaux sociaux ont joué un rôle
important dans le développement de votre musique et pour attirer de
nouveaux fans. Comment vous réfléchissez à votre promotion via les
réseaux ? C'est quelque chose d'encore moderne que tous les groupes
ne font pas.
Raul : On a toujours essayé de nous
adapter à la façon dont l'industrie musicale change et se développe avec
la popularité des réseaux sociaux. TikTok nous a beaucoup aidé, même si
c'est un peu aléatoire, on a réussi à convaincre l'algorithme. On continue
juste à poster de manière constante, c'est ce qui a marché pour nous. Je
pense que pour tous les groupes qui débutent, comprendre comment
l'industrie évolue et l'exploiter à son avantage pour se promouvoir d'une
nouvelle manière, c'est important. Si on avait juste accepté la promotion
classique, comme tout le monde le faisait avant, je ne sais pas si on en
serait là aujourd'hui.
LN! : En effet, il y a beaucoup de groupe qui ont réussi à se
développer d'un coup grâce à TikTok par exemple, les trends… Comme Bad
Omens dont on parlait avant. Ils étaient déjà connus bien sûr, mais
l'utilisation de leur musique en trend les a fait complètement exploser.
Vous suivez donc cette stratégie également ?
Alec
: Ce serait vraiment cool d'avoir une de
nos chansons utilisées pour une trend. On suit ces tendances de près, et on
essaie de se développer de cette manière, oui. Bad Omens fait partie de
nos inspirations.
LN! : Dernier petit sujet, parce que j'ai entendu cette anecdote… C'est
vrai que vous avez formé le groupe grâce à un concert de Linkin
Park ?
Raul : Oui ! C'est vrai. On sortait du
lycée, on était tous partis faire notre petite vie à droite à gauche… Par
exemple, j'avais déménagé plus au nord… Je jouais déjà de la musique
depuis quelques années. Puis, j'ai vu que Linkin Park donnait un concert
près de chez moi. C'était mon groupe préféré, et je ne les avais jamais
vus ! Alors j'y suis allé. Directement après le concert, j'ai appelé
Jeremy (chant) pour qu'on fasse de la musique ensemble et je me suis remis
à écrire.
LN! : Comment tu te sens maintenant qu'ils se sont reformés ?
Raul : Ils sont revenus oui, et je
suis tellement content ! Je les soutiendrais toujours, je vais
continuer d'aller les voir. On les a déjà revus deux fois ! C'est
toujours autant un rêve de les voir sur scène.
LN! : J'adore cette histoire. Merci beaucoup d'avoir répondu à mes
questions !
Raul : Avec plaisir, on se voit à Paris !

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