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Chronique : Djo - The Crux


Si le nom de Joe Keery ne vous dit rien, peut-être que Steve Harrington, le baby-sitter le plus cool de la série Stranger Things, vous parlera un peu plus. Loin de vouloir attirer l'attention grâce à son statut, l'acteur se cache humblement sur scène derrière le surnom Djo, où il opère comme auteur-compositeur et multi-instrumentiste. Son premier album, Twenty Twenty, sorti en 2019, avait rapidement fait connaître le projet avec les singles "Chateau (Feel Alright)" et "Roddy" et leurs sonorités rock indé et sobrement psychédéliques à la Tame Impala. Mais c'est en 2022, à la sortie de son second album, Decide - nettement plus orienté electro-pop rétro - qu'internet s'empare de lui et de son single "End of The Beginning", qui a connu un succès colossal sur Tiktok, dépassant le millard de streams. Trois ans après le buzz, l'acteur est de retour pour un troisième disque, The Crux

De façon assez ironique, les deux premiers albums Joe Keery revenaient avec un sentiment doux-amer sur ce que la célébrité et le show-biz avaient de meilleur mais surtout d'éprouvant à offrir, un thème très récurrent qui était souligné non seulement par ce surnom, mais l'acteur allant même jusqu'à monter sur scène avec lunettes de soleil devant les yeux et une perruque sur la tête. Exploser sur Tiktok ne va donc pas empêcher Djo d'avancer plus loin et de ne pas répéter son titre phare pour plus d'attention, loin de là. The Crux est une véritable lettre d'amour ouverte au rock'n'roll classique, et l'album regorge à ras bord de références musicales et lyriques aux plus grands noms de l'histoire du rock, avec des hommages aussi évidents que réussis. 


L'album commence doucement avec des titres assez proches des deux premiers albums de Djo : on ouvre avec "Lonesome Is A State Of Mind", excellent titre pop aux sonorités acoustiques avec un petit penchant electro et un refrain qui reste définitivement en tête, très The Strokes dans l'âme. Comparaison qui s'applique aussi aux autres singles de l'album : "Basic Being Basic",  fun et entêtant sur ses synthés et un chant moitié spoken word qui n'est pas sans rappeler Julian Casablancas. Pareil aussi pour "Delete Ya" dans un registre plus sentimental. Si Keery reste un peu plus safe et familier sur ces titres, ils n'en restent pas moins absolument efficaces. 

C'est sur la durée de la tracklist que The Crux prend plus d'envergure et commence sa longue liste de références aux classiques du genre. La très jolie balade folk acoustique "Potion" est une véritable bouffée d'air frais à la Fleetwood Mac, entre des couplets doux et un refrain plein de joie. Dans un registre plus planant, "Fly" fera honneur à Led Zeppelin, avec ses guitares acoustiques et une montée psychédélique parfaitement exécutée, garantie de vous coller des frissons. Joe Keery ira même s'attaquer aux Beatles sur "Charlie's Garden" un hommage indéniable au légendaire "Sergent Pepper" du groupe anglais, pour un titre super dynamique et coloré, et aussi directement dédié à l'acteur Charlie Heaton, son meilleur ami et aussi collègue sur Stranger Things (dans le rôle de Jonathan Byers), et où Djo raconte à quel point il aime passer du temps avec son pote dans son jardin, si c'est pas franchement mignon. 


Toujours dans un mélange d'ambiances rétros, on retrouve un peu de The Cars et surtout beaucoup de Queen dans des titres généreux comme "Back To You", où Keery chante avec bienveillance sur l'importance de sa famille et meilleurs amis, ou sur "Gap Tooth Smile" une chanson d'amour rock'n'roll surexcitée qui fera référence à Freddie Mercury jusqu'aux lyrics : "Freddie said it right, cause she's my killer queen".

Vous l'aurez compris, les influences sur The Crux sont gigantesques, mais sans aucune prétention. Le but étant d'avntage de rendre hommage que de faire une bête imitation. On trouvera quelques ballades piano pour calmer le jeu, comme "Golden Line" une autre chanson d'amour très émotionnelle absolument réussie et parfaitement menée du début à la fin, et où Joe chante avec un sacré coffre. De même pour le titre de fin "Crux", qui clôture sobrement l'album avec un autre anthem assez Beatles dans le cÅ“ur, et un message des plus modeste : "Let it be what it is, lеt it out from inside you. Get it back to your heart, but only if you give it back again".  


Djo livre avec The Crux un album chaleureux et sincère, c'est 45 minutes de bonne humeur et 12 titres dont pas un seul n'est de trop. The Crux est sentimental et fait chaud au cœur sans jamais trop se prendre au sérieux. Joe Keery confirme avec ce disque qu'il n'est pas juste un énième "acteur cool qui fait aussi de la musique" mais un musicien accompli et talentueux, qui ne s'arrête pas aux trends et autres gimmicks d'internet nécessaires pour survivre dans l'industrie de la musique, il fait simplement ce qu'il veut avec les meilleures intentions possibles derrière. Un sans-faute.

Eddy F 

Note du rédacteur : 5/5

Les + :
- Tracklist cohérente, on ne s'ennuie pas 
- Influences gigantesques sans tomber dans la parodie et en gardant sa propre identité 

Les - :
- Les sonorités electro de Decide sont presque inexistantes, bien que cela n'affecte pas l'album de façon négative 

1. Lonesome is a State of Mind
2. Basic Being Basic
3. Link
4. Potion
5. Delete Ya
6. Egg
7. Fly
8. Charlie's Garden
9. Gap Tooth Smile
10. Golden Line
11. Back On You
12. Crux

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