Oli Sykes de Bring Me The Horizon : "Les gens qui n'ont pas aimé NeX GEn diront qu'ils l'adorent dans quelques années"
Kerrang! s'est longuement entretenu avec Oli Sykes, le leader de Bring Me The Horizon, l'occasion de revenir entre autres sur une année 2024 extrêmement chargée, le dernier album, l'état d'esprit du groupe à ce stade de sa carrière, son idée de réaliser un manga et les projets pour 2025 ! Traduction (morceaux, mais beaucoup) d'une interview massive !
"Le groupe est dans un endroit tellement chill en tant qu'unité", rayonne-t-il. "On a toujours été proches, et c'est inhabituel parce que tous les autres groupes autour de nous qui existent depuis aussi longtemps, vous avez ce sentiment de : 'Vous les gars, vous n'êtes plus du tout amis, n'est-ce pas ?' mais il y a une bizarrerie non exprimée ou une tension irrésolue, ou un peu de compétition".
"On a jamais eu ça. On a connu des hauts et des bas, mais il y a toujours eu l'unité. On est tous au même endroit maintenant, on est tous heureux de faire la même chose et il n'y a pas de disputes".
Il revient ensuite sur l'année écoulée, où le groupe a donné presque 50 concerts, mais a surtout sorti son nouvel album, POST HUMAN: NeX GEn :
"Évidemment, notre album est finalement sorti, et ça a été un moment énorme", poursuit-il, reprenant de la vigueur alors qu'il met de l'ordre dans ses souvenirs. "C'était vraiment bien. J'ai beaucoup travaillé sur moi-même pour vraiment laisser aller le truc une fois que nous l'avons créé et sorti dans le monde, et je me suis presque appuyé sur mes propres sentiments. C'est comme si j’éliminais tous mes ressentis - ou peu importe comment vous voulez l'appeler - de ça, plutôt que de me demander : 'Qu'est-ce que tout le monde va penser ? Regardons les commentaires…' Ça fait longtemps que je dis ce genre de conneries, mais chaque année, ça devient un peu plus réel".
Un lâcher-prise qui s'est aussi exprimé autour des performances de l'album dans les charts :
"Nos managers ont dit : 'Il pourrait être numéro un, mais il y a cet autre groupe qui fait toutes ces performances in-stores, alors qu'allons-nous faire ?'", se souvient Oli. "Et je me suis dit : 'Putain, je m'en fous. Soyons numéro deux.' On ne dirait pas, mais ce sont juste ces petites choses qu'il faut laisser tomber et se dire : 'Ça ne veut rien dire pour moi !' Et sans vouloir offenser nos fans ou qui que ce soit, mais leurs opinions commencent à compter de moins en moins pour moi (rires). Ils ne me feront pas de mal".
"Je savais avec NeX GEn, quand il est sorti, que comme la plupart de nos albums, certaines personnes allaient l'adorer, et d'autres diraient : 'Je ne comprends pas' et 'C'est de la merde'. Je sais que j'aime cet album - j'aime chaque chanson qu'il contient, et je suis convaincu que chaque chanson de cet album sera la préférée de quelqu'un. Je sais aussi que dans quelques années, les gens qui ne l'ont pas aimé diront qu'ils l'adorent".
Le groupe semble content d'en être à ce stade de sa carrière :
"Honnêtement, je pense que nous sommes l'un des groupes qui travaillent le plus dur, mais en même temps, nous ne sommes pas assoiffés ou désespérés d'être plus célèbres ou plus grands", dit-il. "Nous sommes très à l'aise là où nous sommes, et si c'était tout, et si c'était notre apogée, alors cool. Si nous n'aimons pas quelque chose ou si nous ne voulons pas le faire, est-ce que ça vaut la peine de le faire dans le seul but d'obtenir un pour cent de plus ?".
Oli se moque de ses propres capacités vocales, "Si je faisais X Factor, tout le bâtiment se moquerait de moi, je ne suis pas un chanteur naturellement doué", cependant il se dit "très content" de sa performance, surtout sur scène.
"Les paroles sont tellement cathartiques quand je les chante", sourit-il. "Et je pense que c'est parce que je me suis retrouvé à travailler davantage seul après le départ de Jordan. Cette fois-ci, même les mélodies venaient davantage de moi - plutôt que d'un endroit partagé. Elles sont donc plus faciles à chanter, et parce qu'elles sont plus faciles à chanter, ça les rend également plus faciles à ressentir.
Si je chante mes propres mélodies et des choses qui viennent de moi - et je suis sûr que n'importe quel auteur-compositeur ou pop star vous dirait la même chose - alors tu peux y arriver, parce que la mémoire musculaire est déjà formée", explique-t-il. "Tu l'as inventé, plutôt que d'apprendre l'interprétation de quelqu'un d'autre. Donc, sur ce disque, plus que jamais, je me sens moi-même, parce que c'est tellement facile. J'ai l'impression de déchirer, et grâce à ça, je ressens aussi ce que je dis maintenant".
Sur un plan un peu plus personnel :
"En ce qui concerne ma vie, je suis dans le meilleur endroit où je n'ai jamais été - mais je pourrais toujours en faire plus, si vous le demandiez à ma femme", rit Oli. "Elle a la tête sur les épaules et elle est très spirituelle. On médite beaucoup, mais elle travaille davantage sur elle-même. Mais j'essaye ! J'apprécie beaucoup".
"Elle m'a récemment fait travailler avec mon ombre. Ensuite, je suis parti en tournée et j'ai promis de le faire, mais je suis revenu et je me suis dit : 'Putain…' Je ne l'avais pas fait (rires). Ça a commencé après le confinement - je me disais : 'Je dois travailler sur Oli Sykes, la personne, pas seulement le musicien.' J'en suis très conscient, et cela en soi est vraiment important. Je pourrais faire encore beaucoup de choses, mais c'est un voyage".
Il essaye également de "porter l'histoire de Post Human sur différents supports" :
"Quelque chose que j'aimerais vraiment faire, c'est un manga. La dernière fois que nous étions au Japon, nous sommes allés parler à des personnes qui réalisent essentiellement les plus grands mangas - comme Ghost In The Shell et Akira. Je parle à beaucoup de personnes différentes qui sont vraiment douées dans ce genre de choses, et grâce à des événements fortuits, j'ai rencontré des gens avec qui il pourrait être vraiment cool de travailler. J'ai cette histoire en tête depuis des années, et maintenant, je me dis : "Si tu veux que ce soit comme tu le vois, tu dois tout écrire. Au début, ça a commencé comme : 'Je vais juste vous donner un résumé de chaque chapitre'. Mais au fur et à mesure que j'écris, il y a bien plus dans ma tête que je ne le pensais…"
"Les groupes font un comic-book et c'est une jolie façon de vendre des disques supplémentaires, mais ce n'est pas un truc sérieux", souligne-t-il. "J'aimerais vraiment que ce soit bien fait. Pas seulement 'Nos fans l'achèteront et l'aimeront', mais quelque chose qui pourrait plaire à un plus grand nombre de fans d'anime ou de fiction pour jeunes adultes".
Il parle des parallèles entre les histoires qu'il invente et sa propre expérience :
"Qu'il s'agisse d'un personnage qui devient célèbre puis tombe dans la drogue, ou d'un personnage qui est le chef d'une secte", dit-il. "J'ai l'impression d'écrire sur un côté de ma personnalité, puis il y a un autre personnage qui est à l'opposé, et c'est cette dualité, ou cette bataille entre eux, qui prévaudra. Pendant que j'écris, je regarde en arrière et je me dis : 'En fait, ça signifie bien plus'. De la même manière que les paroles sont une forme de thérapie, c'est presque comme ça aussi. Vous savez, quand vous regardez un film ? Je pensais toujours : 'Je me demande si l'écrivain y a déjà réfléchi aussi profondément, ou si c'est juste nous qui interprétons tout ça à un niveau dingue ?' Mais vous réalisez que vous écrivez vraiment à partir de tant d'expériences personnelles".
Concernant l'ARG autour de l'album : "Ils disent toujours 'Ce ne sera pas Oli', mais c'est littéralement moi qui écris toutes ces entrées de journal et réalise ces petits clips audio", rit-il. "Au début, je pense que je ne me sentais pas vraiment en sécurité", frémit-il. "Mais ça m'a fait réaliser que n'importe qui peut écrire une histoire et que n'importe qui peut faire la plupart des choses. Il vous suffit de vous asseoir et de commencer quelque part. Ça commence à peine bien, mais vous continuez à le faire, et chaque jour ça se construit et change. Maintenant, j'en suis au point où je me dis : 'C'est vraiment bien' (rires). J'en suis ravi !".
Ils reviennent ensuite sur le succès du groupe :
"Je n'aurais jamais pensé que notre groupe serait aussi grand, ou que nous serions là aussi longtemps", sourit-il. "Mais je me sens toujours comme un outsider. Quand on nous demande de jouer dans un grand festival, je me dis toujours : 'Est-ce qu'ils plaisantent ? A quoi pensent-ils ? Est-ce parce qu'ils peuvent nous avoir à bas prix ?!' Dans ma tête, je suis avec tous les opposants et je me dis : 'Personne ne sait qui ils sont putain !' J'aurai toujours cette attitude, mais il est important de s'arrêter et de sentir le parfum des roses, d'apprécier ce que vous avez, et d'essayer de méditer sur cela et se dire : 'C'est vraiment incroyable, ce que nous avons accompli'".
Concernant les projets du groupe pour 2025 :
"J'ai l'impression que nous devons nous éloigner un peu, parce que j'ai l'impression que nous sommes devant tout le monde depuis si longtemps, et je pense que les gens l'apprécieraient", admet-il.
Il a également envie de "retourner en Amérique" et de visiter "certains endroits que nous n'avons pas beaucoup vus ces deux dernières années".
"J'aimerais aussi sortir de la nouvelle musique. Nous avons tellement écrit pour NeX GEn, il y a tellement de chansons sympas qui circulent, et je pense que le monde adorerait les entendre. J'adorerais sortir peut-être une version Director's Cut du disque ou quelque chose du genre. Mais j'essaie de me mettre moins de pression, et de ne rien promettre ! Après le dernier album, j'avais l'impression que les gens allaient commencer à me traquer et à me kidnapper pour demander une rançon (rires). Mais je suis sûr qu'il y aura de la nouvelle musique, des concerts et tout ça l'année prochaine".
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