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Chronique : Marilyn Manson - One Assassination Under God – Chapter 1


"La dernière fois qu'ils ont essayé de me tuer, j'ai fait un album nommé Holy Wood", déclarait Marilyn Manson, confiant, à son public il y a peu. De quoi nous laissait présager du lourd pour ce nouvel album, One Assassination Under God - Chapter 1, qui sous-entend une 2ème partie prochaine.

Troisième album (excepté le récent We Are Chaos) composé en duo avec le guitariste/producteur Tyler Bates, et enregistré avec le batteur Gil Sharone, il semble reprendre les choses là où Manson les avaient laissées au début des années 2000, à l'époque où il était encore perçu comme un shock rocker, et pas une simple personnalité people.

Il y a quelque chose de mystique et d'inquiétant qui fait son retour, qui rappelle le grand Manson, la preuve dès le morceau d'ouverture éponyme, "OAUG", où il semble qu'il en a lourd sur le cœur : "Je ne souffrirai pas pour votre amusement/Il n'y a plus de rêves à vendre pour moi/Je choisis judicieusement mes cauchemars/Je ne veux pas gâcher l'histoire/Mais ça ne se passe pas bien". Le morceau possède un super refrain, les roulements de batterie, bien heavy, nous replongent dans le metal du passé, et un des cris les plus énervés de sa carrière arrive en guise de point d'orgue, où il hurle "Assassination", dans un morceau qui, vous l'aurez compris maintenant, met en scène son exécution et la trahison dont il est victime : "Tout le monde s'est présenté pour l'exécution/Mais personne ne voulait montrer son visage/Pour te tirer une balle dans la nuque et appeler ça un sacrifice/Ils ne méritent même pas de prononcer ton nom". La ligne "You will always be entertained" semble être un clin d'œil au    "Let us entertain you" de "This Is The New Shit". 

Cette colère et cette rancœur sont ce qui occuperont une grande partie du disque. "Nod If You Understand" renvoie à de très anciens morceaux, les plus bourrins (comme "Little Horn" ou le refrain de "The Fight Song"), dans lequel Manson invective ses opposants ("Regardez-vous/Pour quelqu'un à blâmer/Vous êtes les seuls qui devriez avoir honte"), et rappelle son envie de vengeance : "Je ne me repentirai pas/C'est pour ça que j'ai été envoyé ici/Aucune raison de demander pardon/La douleur est le langage/Qui m'a été parlé/Maintenant c'est à mon tour de répondre". Même idée dans le très bon "Raise The Red Flag", au son crade et indus à l'ancienne (génial ce synthé), mais en même temps très accrocheur, et dans lequel il se montre prêt à en découdre : "Je m'en fous si tu dis que tu es désolé/Je n'accepterai pas ta reddition/Il est temps de battre les intimidateurs et laver la cible de mon dos/Mon drapeau rouge est ton blanc trempé de sang".

Le petit chef d'œuvre de l'album demeure "As Sick As The Devil Within", qui propose des ambiances à la Holy Wood, sombre, mélancolique, avec une alternance de voix inquiétante et mélodique, qui monte en intensité dans un magnifique refrain émotionnel, qui se veut une confession sur ses addictions : "Une raison pour moi/Pour moi de m'en sortir/C'est devenu un besoin/Un besoin de planer/Puis dans une vie qui n'était pas une vie du tout/Pas une vie du tout", puis plus loin : "Il existe une astuce pour sortir de sa peau/Tu es aussi malade que les secrets qui sont à l'intérieur/Mais la bête nous appelle et/Prend lentement le contrôle". On adore également les quelques notes de synthé old school sorties de nulle part entre le pré-refrain et le refrain, pour une petite touche Mechanical Animals

On retrouve également le côté blues rock/dandy rock hérité de The Pale Emperor, sur le plus direct et anticlérical "Sacrilegious" ("Let's get evil, I'm feeling sacrilegious"), mais dans le moderne, on lui préfèrera le gothic rock de "No Funeral Without Applause", à la Eat Me, Drink Me, avec une très jolie guitare "hantée". Mais que ce soit dans l'ambiance mortuaire ou le chant plaintif, on ne peut s'empêcher d'y voir du Holy Wood malgré tout. 

Manson retournera vers le post-punk (vers lequel il s'était déjà aventuré sur Born Villain ou plus récemment "Deep Six") à travers "Death Is Not A Costume", très années 80 avec sa boite à rythme, qui débute comme une ballade electro, mais dont le refrain, très arena, fait penser à du Mechanical quand les guitares débarquent. "Meet Me In Purgatory", autre titre post-punk, se montre très dansant, et aussi très efficace ! Ça fait beaucoup penser à du She Wants Revenge (surtout le refrain, vraiment), qui était déjà une version plus dansante et catchy de Joy Division.

Le disque se terminera, la larme à l'œil, avec "Sacrifice Of The Mass" : un titre (majoritairement) folk, qui ressemble aux meilleures ballades d'Holy Wood, et sur lequel Brian Warner se substitue à Marilyn Manson. Une chanson qui aborde sa propre mortalité et son désir d'être à nouveau auprès de ses parents (décédés). J'adore notamment le pont, sorte d'avertissement de la part d'un Icare qui a voulu s'approcher trop près du soleil (ou de l'abyme ?), qui dit "Quand nous avons soulevé la pierre/Nous aurions dû savoir/Que nous serions mordus par le serpent en dessous". Et de terminer sur : "Mère ne peut pas me pleurer/Père ne gagnera pas mes combats/Je porte mes plus beaux habits à la morgue/Je suis prêt pour mon voyage/Le sang de l'alliance/Est plus épais que l'eau du ventre maternel/Ils attendent à bras ouverts/Que je les rejoigne bientôt". Putain, que c'est beau.

Comme de nombreux artistes, Marilyn Manson n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est en danger ou a un véritable combat à mené. Si Holy Wood était une réponse au massacre du lycée de Columbine (dont la responsabilité avait incombé au rockeur), il s'agit pour lui maintenant de laver son nom suite aux récentes accusations qui l'ont véritablement cancel, et punir les vrais coupables, les "intimidateurs". Le dandy rangé redevient un écorché vif avec ce disque, il retrouve vigueur et inspiration, et mieux encore, à plusieurs reprises, il laisse la simplicité et la sincérité de Brian Warner parler à sa place. Les thèmes de la mort et de l'exécution y sont omniprésents, propices à un retour aux ambiances de son album le plus sombre et envoûtant à ce jour, Holy Wood (mon préféré - même dans les visuels qui reprennent exactement la même typographie rouge), même si, musicalement, le disque couvre bien plus d'influences, jusqu'aux plus récentes. Un retour au sommet inespéré, extrêmement touchant, et certainement son meilleur album depuis Holy Wood.

Note du rédacteur : 4/5

Les + :

- Le retour au metal indus, aux ambiances inquiétantes d'Holy Wood et au grand Manson
- Un disque très personnel et engagé dans les textes
- Le meilleur album depuis Holy Wood

Les – :
- Seulement 9 titres
- Les morceaux aux influences blues rock/post-punk peuvent paraître moins grandiloquents et hantés

Alucard

1. One Assassination Under God
2. No Funeral Without Applause
3. Nod If You Understand
4. As Sick As The Secrets Within
5. Sacrilegious
6. Death Is Not A Costume
7. Meet Me In Purgatory
8. Raise The Red Flag
9. Sacrifice Of The Mass

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