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Chronique : The Used - Toxic Positivity


Après le grand retour avec le très bon Heartwork en 2020 (même si le groupe dément s'être jamais absenté), après un album vraiment mauvais en 2017 (The Canyon - pourtant la presse américaine semble l'adorer), qui n'était que la finalité d'une descente débutée depuis Artwork/Vulnerable (selon les fans), The Used nous revient avec un 9ème album, encore une fois produit par John Feldmann

L'écoute du disque bonus de l'édition deluxe d'Heartwork, avec ses compos très moyennes, nous rappelait que le génie du groupe ne tenait peut être qu'à un fil, et que la bande n'était peut-être pas de retour pour de bon. Les deux premiers singles sortis en 2022 ("Fuck You") et 2023 ("People Are Vomit") allaient d'ailleurs plutôt dans ce sens : ça va, mais rien de transcendant. Au final ces deux morceaux ne figurent pas sur le disque. 

Il faut savoir que l'album a été composé en 2 sessions d'écriture, une première de 11 chansons en 11 jours durant la pandémie en octobre 2021, alors que le moral du frontman Bert McCracken était au plus bas, et une seconde de 10 chansons en 10 jours en février 2023, alors que la lumière commençait à briller au bout du tunnel : "Toxic Positivity reflète cette colère et cette frustration envers les gens qui vont bien et qui vont aller bien - et ma culpabilité d’être moi-même dépressif et anxieux." Vu le contexte, on ne sera d'ailleurs pas surpris de l'absence de feats, nombreux sur son prédécesseur. 

Le disque s'ouvre sur "Worst I've Ever Been", un gros titre rock au texte très pessimiste et au refrain catchy : "Don’t ask me for no fucking favors/I’m not anybody’s goddamn savior/"But you won’t carry me"/You’ll have to fend for yourself/No one can stop this wicked world from burning." Ce sens de la mélodie nous rassure immédiatement, et rappelle pourquoi on aimait le groupe sur ses 2 premiers albums, aux refrains géniaux. 

"Numb" est une petite pépite, avec ses lignes de chant parfaites, et l'accent mis sur l'émotion, que ce soit à travers l'utilisation d'un piano ou de (quelques) cris déchirants, à vous glacer le sang, avec un flow intéressant - proche du rap - dans le 2ème couplet, et même un passage jazzy. Le refrain, sur fond de grosses guitares, est un peu plus répétitif,, mais n'enlève rien aux qualités du morceau (qui reste peut-être mon préféré). 

"Pinky Swear" est tout ce qui manquait au The Used de ces dernières années : un titre intense avec un refrain mélodique explosif, ponctué de gros riffs post-hardcore bien lourd et énervés avec breakdowns ! Les titres bien punk rock, comme sur les disques précédents, mais en mieux, sont toujours là : "Top Of The World" mélange couplets pop punk et guitares heavy et rapides dans le refrain, tandis que "Headspace" dose parfaitement chant fragile, refrain emo et passages rageux, sans oublier un très joli pont. 

Des parties orchestrales comme l'intro de "Dopamine", avec ses cordes, ou la tuerie "Dancing With a Brick Wall" (tout est parfait dans ce morceau : le piano, les couplets saccadés, les percussions, le rire chelou de Bert), nous rappelleront le The Used inspiré et ambitieux (au sommet de son art) des 2ème et 3ème album !

Le groupe nous offre la ballade acoustique "House of Sand", qui est agréable, sans égaler ses plus touchantes comme "Blue and Yellow" ou "Smother Me" ("To Feel Something" sur l'album précédent était aussi meilleure). C'est plus sur le debut de "Cherry", avec sa guitare acoustique, son chant émouvant et appuyé (et toujours ces belles lignes de chant, qui nous avaient tant manquées !), que les frissons viennent, "So bury me in the dirt where I belong, bury me/If all I do is love you wrong, bury me." Le final se veut ultra-heavy, et le morceau se terminera sur un cri déchirant. 

"I Hate Everybody", très down tempo, avec son synthé bizarre et ses grosses percussions, ne ressemble à rien de ce que le groupe a déjà sorti mais ferait plus penser à du Hollywood Undead ! C'est toujours très accrocheur, avec son refrain simple et efficace : "All my friends are falling in love/But I can’t even fall asleep/They keep telling me love is a drug/But it’s a chemical that I need." L'autre OVNI du disque est le morceau de clôture "Giving Up", finalement le seul dont on est sûr qu'il a été écrit durant la seconde session d'écriture post-confinement "pour raconter l'autre côté de l'histoire", très poppy/up tempo, et qui se termine sur une touche d'espoir : 

"And I’m done with the misery
Yeah, I’m done faking tragedies
'Cause I’m not giving up on me
I’m not giving up on me
And from dirt even flowers grow."

11 titres, 11 tueries. Oui Toxic Positivity est au niveau de Heartwork et peut-être plus encore, les morceaux, même si plus directs et concis - dépassants rarement les 3 minutes - se veulent aussi (encore) plus accrocheurs. C'est juste un peu court par rapport aux 16 titres de Heartwork. Mais passons les comparaisons bêtes et stupides, The Used poursuit sur sa lancée et prouve surtout que le dernier album n'était pas une heureuse erreur de parcours, et que la bande a bien compris quelle était sa force, n'ayant plus peur d'explorer son côté emo et mélodique, sans renoncer à ses moments les plus heavy. Si Bert précise que les chansons retenues l'ont été avant tout pour maintenir la cohésion de l'album, une sorte de concept (accidentel) sur la dépression, on ne peut s'empêcher de penser qu'elles l'ont aussi été pour leurs qualités, tant le cut final propose des morceaux originaux et émotionnels, mettant de côté tout titre potentiellement trop générique. Au final un disque super efficace et varié, qui vient ajouter une belle pierre à la discographie du disque. Si vous n'étiez pas déjà revenus avec l'album précédent, c'est le moment !

On précise qu'il reste 8 titres enregistrés que l'on ne connait pas encore, et qui arriveront peut-être sous la forme d'une édition deluxe ultérieure, avec "Fuck You" et "Peole Are Vomit".

Note du rédacteur : 4/5

Alucard. 

1. Worst I've Ever Been
2. Numb
3. I Hate Everybody
4. Pinky Swear
5. Headspace
6. Cherry
7. Dopamine
8. Dancing With A Brick Wall
9. Top of the World
10. House of Sand
11. Giving Up

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