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Chronique : The Devil Wears Prada - Color Decay


Avec plus de seize ans d'activité au compteur, The Devil Wears Prada s'est toujours montré versatile sur ce que la scène metalcore pouvait offrir, entre grindcore et metalcore en passant par du hardcore mélodique et atmosphérique, il restait tout de même un terrain sur lequel le groupe n'avais pas encore pleinement mis les pieds : faire du méga tube en quantité. Bien que Transit Blue (2016) et The Act (2019) laissais entrevoir bon nombre de hits de grandes qualités, Color Decay compte bien suivre cette ligne artistique, mais cette fois sur la totalité du disque.

The Devil Wears Prada goes pop ? C'est un postulat un peu exagéré (on est loin d'une transformation aussi extrême que Bring Me The Horizon avec amo) mais soyons clair d'entrée de jeu : Color Decay est sans nul doute l'album le plus catchy et accessible que la bande de Chicago ai sorti.

Et du single effectivement il y aura, et à vrai dire, qu'ils soient heavy ou non, la tracklist entière pourraient faire office de single tant les titres sont bien huilés et réussis. Parmi les plus familiers aux sonorités du groupe "Salt", "Sacrifice" ou encore "Noise" viennent à l'esprit : on garde les notions hardcore et les screams, mais le mélodique devient plus ambiant et présent, pour flotter tout au long des morceaux. Jeremy Deployer, toujours au service du chant clair, est plus que jamais une évidence pour ajouter de l'émotion et donner des frissons durant les refrains. Non seulement d'excellent tubes, mais aussi certains des meilleurs titres de leur carrière.


Si la plupart des titres restent assez proches du hardcore, d'autres n'hésitent pas à s'aventurer sur des terrains plus réservés et émotionnels. Encore une fois, Jeremy Depoyer est au sommet. "Broken" et "Cancer", où le rythme est beaucoup plus retenu sur des thèmes douloureux, arrivent même à garder cette qualité de single potentiel. Il serait facile de faire glisser l'émotion dans la lourdeur et le too much, mais le résultat reste solide et géré d'une main de maître. Quant à "Fire", le morceau le plus calme de l'album, le groupe ira même jusqu'à sortir la guitare acoustique pour la toute première fois, avec de petites percussions électro, et c'est là aussi une surprenante réussite.

Bien que le chant clair soit une partie intégrante du disque, le chant crié de Mike Hrnica reste de la partie, et apporte lui aussi une très belle contribution à Color Decay. L'évolution vers des cris écorchés et screamo arrive à son apogée sur cet album. L'émotion par le cri se trouvera sur des titres comme "Trapped" et "Twenty Five". Écorché vif sur des chansons intimes, un mélange improbable entre The Devil Wears Prada et Touché Amoré assez surprenant et à la fois logique vis à vis des influences que le groupe avait commencé à introduire sur ses précédents disques.

On vous rassure, le cri ne sera pas uniquement émotionnel. Après tout le groupe est connu pour savoir faire du bourrin sale et grinçant. Par son introduction avec "Exhibition", le flippant "Hallucinate" ou encore le super nerveux "Watchtower", vous aurez bien entendu droit à du heavy généreux et quelques breakdowns bien nerveux : on ne va pas se mentir, le petit "I CHOOSE THE DISTANCE!" fait du bien, non ? Même si cet éternel côté méga tube reste en place sur les morceaux les plus violents, en particulier sur "Time" qui jongle parfaitement sur son refrain catchy au possible, The Devil Wears Prada reste un groupe qui sait envoyer le pâté, et ils savent comment bien le faire.

Douze titres, douzes bangers. Voilà comment on pourrait décrire Color Decay. Si concrètement il n'y a pas grand-chose sur ce disque dont nous n'avions pas déjà eu quelques indices sur leurs précédents disques, le groupe décide non seulement d'aller jusqu'au bout de ses influences mais réussi aussi là où les deux derniers disques ont eu plus de mal : garder une cohérence qui s'applique à la totalité des titres, et à en faire des tubes blindés au passage. Le tout constitue une pilule nettement plus facile à avaler et n'affecte en rien la qualité du disque. La production, encore une fois prise en charge par le claviériste Jonathan Gering est impeccable en tout point et aide grandement à la cohésion quasi parfaite des morceaux. Difficile de trouver une note négative, si The Devil Wears Prada n'est certainement pas le premier groupe hardcore à vouloir tenter l'album aux tubes, les gars ne s'en sortent pas moins bien et nous offrent un album solide qui trouvera facilement sa place entre That's The Spirit et For Those Who Wish To Exist.

Eddy F.

Note du rédacteur : 5/5

1. Exhibition
2. Salt
3. Watchtower
4. Noise
5. Broken
6. Sacrifice
7. Trapped
8. Time
9. Twenty-Five
10. Fire
11. Hallucinate
12. Cancer

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