Chronique : Kissin' Dynamite - Not The End Of The Road

Not The End Of The Road est le septième album des Allemands de Kissin Dynamite (heavy metal, potentiellement sleaze), le premier remontant à 2008 : ils n'ont certes jamais acquis une très grande renommée malgré l'ancienneté du groupe, mais la qualité de leurs concerts convainc à peu près tous ceux qui vont les voir, ce qui leur donne sans doute la possibilité de tenter encore un peu plus. On les connaît pour une musique entre le heavy classique et le glam, peut-être du sleaze mais je sais mal juger de ce genre. Dans tous les cas, c'est leur premier album sans le batteur qui avait participé à la création du groupe, Andreas Schnitzer : il les a quittés à l'été 2021 en invoquant des "divergences d'opinions". Son remplaçant est un certain Sebastian Berg, pour notre part inconnu jusque-là. C'est également le premier album des allemands sur le label Napalm Records, à vrai dire ils n'ont jamais sorti plus de deux albums sur le même label. Est-ce que ces changements vont influencer leur musique ? 

La première chose qui marque est que le métronome s'est abaissé depuis la dernière fois : on est souvent dans du mid-tempo, plus dans le mélange de hard-rock et de glam que de heavy et de glam, même dans certains détails d'arrangements. Les chansons choisies pour les clips sont évidemment les plus commerciales, mais l'ensemble de l'album reste dans ce style très "radio-friendly", pas trop fort, pas trop compliqué, que l'on peut facilement mettre en fond sonore quand des non-metalleux passent nous voir. Alors que jusque-là, Kissin' Dynamite proposait plutôt des hymnes à concert ? A titre d'exemple, la chanson titre, "Not The End Of The Road", aurait fait partie des pistes plus calmes sur les albums précédents, alors que là c'est une des plus énervées. On ne peut même pas reprocher à un producteur d'avoir travesti leur style, puisque c'est le chanteur du groupe, Hannes Braun, qui a produit, enregistré et mixé Not The End Of The Road. On ne peut non plus dire que le nouveau batteur alourdirait leur son, puisqu'il a au contraire un style très percutant, très énergique, chaque chanson a vraiment sa propre couleur à la batterie : il fait partie des éléments qui amènent une vraie énergie à tous ces tempos plutôt tranquilles. Peut-être que les confinements dûs au Covid les ont épuisés moralement ? Souhaitons que ça soit quelque chose de ce genre, parce qu'il faut bien avouer que, pour quelqu'un qui aimait leur style précédent, cet album est assez décevant. Seule "No One Dies A Virgin" revient à leur ancien style, et ne serait-ce qu'à ce titre elle fait beaucoup de bien. A la rigueur "Defeat It" représente une sorte de compromis entre les deux styles, mais elle est sans doute un peu trop répétitive pour marquer à long terme. 

Pour autant, Not The End Of The Road n'est pas un mauvais album : c'est bien composé, il regorge d'énergie positive, on ne s'ennuie pas, on tape du pied et on dodeline de la tête. C'est juste que, jusque-là, Kissin Dynamite était de ces groupes qui donnent envie de brandir le point, de s'exercer le cou et de s'érailler la voix. Nous avons même droit à une power-ballad très inspirée par Bon Jovi avec "Gone For Good" : l'envie de passages radio est visiblement forte. Ce changement est d'autant plus surprenant que leurs albums ont l'air d'avoir connu un succès toujours grandissant avec le temps, alors qu'ils continuaient à cultiver leur style précédent (Ecstasy, sorti en 2018, s'est classé 7ème en Allemagne, Generation Goodbye a été 14ème en 2017, Megalomania a été 17ème en 2014, etc.) Toujours est-il que tel a été leur choix, c'est donc ce choix que nous sommes amenés à critiquer. 

Quelqu'un qui découvrirait Kissin Dynamite avec Not The End Of The Road pourrait sans doute apprécier cet album : dans son style, il est tout à fait bien fait. Mais pour quiconque aimait le groupe depuis quelques années. Espérons juste que cette baisse de tempo ne se fasse pas aussi sentir en concert. 

Polochon. 

Note de la rédactrice : 3/5

01- Not the End of the Road

02- What Goes Up

03- Only the Dead

04- Good Life

05- Yoko Ono

06- Coming Home

07- All for a Halleluja

08- No One Dies a Virgin

09- Gone for Good

10- Defeat It

11- Voodoo Spell

12- Scars