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Chronique : Orden Ogan - Final Days


Orden Ogan est un groupe allemand de power-metal, réellement de power-metal : chez beaucoup de groupes qui revendiquent ce style on peut hésiter avec le speed-metal (plus rapide et "lyrique"), tandis que chez Orden Ogan la musique reste assez mid-tempo, tout à fait puissante, souvent lyrique mais pas spécialement rapide. Leurs chansons peuvent être assez lentes à vrai dire, tout en restant tout à fait "puissantes".
  
De manière générale, le groupe aime les concepts : Final Days étant leur septième album, nous en sommes au septième concept. Il est toujours plus ou moins question de leur mascotte, Vale, cette fois-ci dans un contexte de science-fiction : ils brodent un contexte général sans jamais trop le préciser, sans doute pour laisser place à l'imagination de l'auditeur. Notons que même s'il est question de fin des temps c'est sans rapport avec le COVID : l'album a été fait et terminé début 2020, il devait sortir en août 2020, devait suivre une tournée à l'automne 2020, bien évidemment tout ça a dû être décallé. Comme il ne s'agit pas de tout remettre aux calendes grecques pour autant, Final Days sort finalement en avril 2021 et la tournée est prévue pour février 2022. En priant pour qu'on ait le droit de retourner les salles à ce moment-là !

Avant d'aborder la substantifique moëlle de cet album, il faut aussi noter que la formation a beaucoup changé, alors qu'elle restait stable depuis 2011 : Niels Löffler est passé de la basse à la guitare, Patrick Sperling a été recruté à la guitare, Steven Wussow à la basse, Dirk Meyer-Berhorn reste fidèle à son poste à la batterie, Sebastian "Seeb" Levermann, tête pensante du groupe, reste chanteur-claviériste-guitariste mais n'assure plus les guitares en concert. Aucune révolution dans la musique du groupe pour autant : Seeb mène la barre sur les recettes qu'il développe depuis les débuts du groupe, avec un power-metal sombre et efficace.


Car efficace, cet album l'est assurément : le son est puissant et lourd, les refrains (à reprendre en choeur) sont bien ancrés, la structure des chansons est bien carrée... "carrée". On sent l'efficacité allemande, pourrait-on dire : objectivement, ça manque d'envolée, de laisser-aller, d'autre chose que du 4/4 martelé de manière très martiale. D'un autre côté, Gunmen, leur album précédent, montrait un groupe qui maîtrisait parfaitement l'intro alléchante, avant de tomber dans une structure sûre et efficace pour le corps de la chanson. Ce qui donnait l'impression d'un groupe à bon potentiel, mais avec un je-ne-sais-quoi de frustrant (qui ne les empêchait pas d'être diablement efficaces en concert). Dans Final Order, plus question de prendre l'auditeur en traître : les intros -et-les chansons sont ciselées. Peut-être encore un peu trop sur le même schéma, il faut qu'ils apprennent encore à mettre un peu de fantaisie, de bizarreries dans leur musique, et pas simplement dans les bruitages (d'autant qu'il n'est pas sûr que le son d'une connexion Internet "première génération" parle beaucoup aux plus jeunes, voir "In The Dawn Of The AI" ?) On peut aussi dire qu'"Inferno" démontre que l'on peut être efficace dans le 4/4 martial-carré : malgré sa rythmique omniprésente, il y a beaucoup de ces petites variations qui feront l'hymne de concert.


Il y a certes deux invités sur Final Days, hélas ils apparaissent sur deux morceaux peu intéressants à mon goût : "Interstellar" est un peu trop monotone (peut-être un reste d'un album précédent ?), les envolées d'un solo de Gus G (connu pour avoir été guitariste d'Ozzy Osbourne il y a quelques années, aujourd'hui dans Firewind), qui ne force de toute manière pas son talent, pourront faire lever un sourcil, mais la chanson repart dans sa monotonie très plan-plan juste après. Ylva Eriksson (Brothers Of Metal) chante certes tout à fait bien sur "Alone In The Dark", sa voix se mélange très bien à celle de Seeb, mais ça n'empêche pas la ballade d'être très classique. Comme ces deux morceaux se suivent, ils donnent l'impression d'entrer dans un "ventre mou" dont on a du mal à sortir. "Black Hole" et "Absolution For Our Final Days" sont correctes, mais on reste dans des chansons assez prévisibles : je trouve que l'on sort vraiment de ce couloir à partir de "Hollow". Soit l'avant-dernière chanson... ce "couloir" au milieu de l'album n'aide probablement pas l'impression générale, donc en résumé : Final Days commence bien, se termine bien, et malgré quelques longueurs au milieu de l'album, il est dans l'ensemble très correct.

Pour conclure, avec Final Days, Orden Ogan avance assurément dans la bonne direction, tout droit vers la cour des grands. C'est sans doute encore un peu trop monotone pour y parvenir complètement, mais s'ils continuent à gommer leurs défauts d'un album à l'autre il n'y a pas de raison qu'ils n'y parviennent pas, un jour. D'autant qu'ils ont toujours réussi à rendre leurs morceaux très efficaces sur scène : ça devrait encore plus être le cas avec des morceaux plus intéressants "dans la durée". En espérant que les salles auront rouvert d'ici février 2022 !


Polochon.

Note de la rédactrice : 3/5

01. Heart Of The Android
02. In The Dawn Of The A.I. 
03. Inferno
04. Let The Fire Rain
05. Interstellar
06. Alone In The Dark
07. Black Hole
08. Absolution For Our Final Days
09. Hollow
10. It Is Over

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