Chronique : Annisokay - Aurora
Alors que le groupe Annisokay (post-hardcore/metalcore) annonçait sa séparation en
bons termes avec le chanteur Dave Grunewald en 2019, on se
demandait bien qui allait pouvoir assurer les nombreux cris. C'est avec
surprise qu'on découvrait en avril 2020 le nouveau single "STFU". Une
véritable bombe qui mettait bien en valeur la magnifique voix du frontman et
guitariste Christoph Wieczorek, mais pas seulement. Un nouveau membre
aux cris bien affutés était arrivé en la personne de Rudi Schwarzer et
qui avait l'air tout aussi redoutable que son prédécesseur. Si la première
mise en bouche était axée sur la mélodie, la deuxième a démontré que le
nouveau chanteur avait clairement sa place au sein du groupe. "Like A Parasite" met les bouchées doubles pour les hurlements et les grosses guitares
tout en gardant un côté aérien lors des refrains. Malgré tout, nous fûmes
déçus un mois plus tard avec "Face The Facts" qui adoptait un rythme
infâme qui en faisait un son bien en dessous des deux autres. Bien
heureusement, le groupe n'a pas hésité à annoncer Aurora pour décembre 2020 avec comme accompagnement l'intense "Bonfire Of The Millenials". On avait vraiment hâte d'écouter le nouvel opus du quatuor,
malheureusement reporté par la suite au 29 janvier 2021.
Si l'on retrouve aisément tous les éléments qu'Annisokay utilise et
réutilise à chaque composition, on s'aperçoit que l'ensemble est plus
calme qu'auparavant. Nombreux sont les groupes à chercher à évoluer et Ã
se casser la gueule mais ici c'est assez finement joué. L'évolution est
significative, sans pour autant dénaturer ce qui fait leur charme. On
ressent cependant qu'ils ont eu le temps de peaufiner l'album (la pandémie
mondiale à du y contribuer), car l'ensemble privilégie d'une production
aux petits oignons, peut être même trop. Ce qui a tendance à étouffer
parfois certains éléments et/ou instruments. Toujours est-il qu'il m'est
arrivé de me demander si je ne m'étais pas planté de disque lors des
premières secondes d'écoute de "The Tragedy", avec son début RnB. Il en ressort
pourtant un excellent morceau, prenant et qui évolue petit à petit pour
devenir de plus en plus métal.
Pour en venir aux ratés, on peut commencer par citer "Overload" et
son acharnement d'éléments électro qui auraient pu briller par leur
absence ou ne serait-ce qu'une belle diminution de leurs effets. On y
retrouve aussi "Standing Still", sorte de balade au piano qui
s'énerve de temps en temps et qui mérite d'être placée au panthéon de
l'ennui, car pourtant remplie de bonnes intentions, elle ne transporte
jamais vraiment. Je n'ai également pas adhéré à "The Cocaines Got Your Tongue", une bouillie auditive essayant maladroitement de mélanger du rap, du
rock, un surplus d'électronique saupoudré de cris et d'un rythme étrange.
On peut malgré tout saluer la passable "Terminal Velocity", qui
nous fait passer un bon moment sans être mémorable. Vite écoutée, vite
oubliée, dommage.
Maintenant qu'on a abordé les choses qui fâchent, abordons les points
positifs parce que oui, il y en a quand même pas mal. Pour les fans de
gros son bien gras, aux riffs aiguisés et aux hurlements omniprésents, on
ne peut que citer l'excellente et surpuissante "I Saw What You Did". Il faut admettre que Rudi Schwarzer en met plein la vue, et "Under Your Tattoo" met une sacré gifle malgré une intro annonçant un tout autre genre de
piste. La magistrale "The Blame Game" sort du lot et fait partie
des pistes d'Aurora que j'ai écouté en
boucle. Dévastatrice dans sa forme avec un refrain taillé sur mesure, elle
ne peut que plaire aux afficionados de ce qu'a pu faire le quatuor dans le
passé. Si à de nombreuses reprises j'ai condamné l'abus de synthé et
autres éléments électroniques, j'ai facilement retourné ma veste envers un
titre qui est devenu mon gros coup de cœur. "Friend Or Enemy" est ultra efficace avec une intro en crescendo qui nous fait
présager une explosion, et c'est le cas. Le chant des deux chanteurs se
marie à merveille, au même titre que les instruments tout en alternant
hurlements et chant clair sur de grosses guitares.
Après une bonne dizaine d'écoutes au total il est désormais temps de
donner un avis sur le nouveau départ d'Annisokay avec
Aurora. Surpris tout d'abord par d'excellents morceaux qu'on
écoute en boucle, il en découle toutefois un album un peu inégal. Malgré
tout, le groupe s'en sort tout de même honorablement car ces quelques
ratés ne viennent pas entacher l'ensemble des 13 titres proposés.
L'ensemble est à saluer, et la créativité des membres reste intacte
malgré le départ de Dave Grunewald et l'arrivée de Rudi
Schwarzer. La façon dont le groupe fonctionne n'a que peu évoluée même
si on salue et encourage cette prise de risque. Il faudra probablement
faire un choix radical à l'avenir pour éviter de sombrer dans le bas
fond de la scène metalcore. Aurora mérite que l'on y jette une
oreille, ne serait-ce que pour son atmosphère unique, que l'on soit un
néophyte du groupe ou que l'on accroche à ce qu'il a pu faire le
passé.
Jérémy.
Note du rédacteur : 3,5/5
Like A Parasite
STFU
The Tragedy
Face The Facts
Overload
Bonfire Of The Millenials
The Cocaines Got Your Tongue
Under Your Tattoo
The Blame Game
I Saw What You Did
Standing Still
Friend Or Enemy
Terminal Velocity
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