Resolve (Interview Exclusive) : "Si la scène metalcore française a tant de succès, c'est parce qu'on s'entraide tous"
LN! : On est au Motocultor
Festival et votre set est déjà passé. Comment c’était ?
Robin : Au-delà de nos expectations. On
arrive sur la fin d’un long run, on a fait le Cabaret Vert la veille, on a roulé
toute la nuit pour arriver à l’heure aujourd’hui.
Anthony : On n’a pas dormi mais l’adrénaline et la fatigue ça fait faire des folies ! Au Cabaret Vert c’était un peu plus Mainstream, Macklemore jouait après nous, donc pas la même ambiance mais bonne surprise, c’était génial et le public était quand même à fond. Au Motocultor, on est un peu plus dans notre élément, on savait que le public allait connecter, mais on ne se s’attendait pas à une folie pareille. On est vraiment très contents.
LN! : Vous faites partie de cette
nouvelle vague de metalcore française, avec l’émergence de nombreux groupes ces
dernières années. Quelle est votre vision de la scène française en ce moment ?
Robin : Y’a eu un trou entre par
exemple l’arrivée de Betraying The Martyrs et les groupes comme nous. On y voit
un regain d’intérêt du public, notamment quand on voit la taille des salles qu’un
groupe comme Landmvrks peut remplir.
Anthony : J’ai l’impression qu’on parle
tout le temps d’eux mais c’est vrai que pour moi la scène française maintenant
c’est Gojira, Landmvrks, et ensuite tous les autres !
Robin : C’est un peu ça en vrai !
Mais on voit de plus en plus de gens aller dans des concerts de metalcore, ça
fait plaisir à voir.
Anthony : Si la scène française commence
aussi à se faire connaître à l’étranger, c’est grâce au fait que l’on s’aime
tous, on se soutient beaucoup, on est tous fans les uns des autres. On adore
Landmvrks, Novelists, Ten56…
Robin : On a co-écrit une chanson avec
Landmvrks, c’est bien plus qu’un feat. pour nous et ça montre la connexion forte
entre nous.
Anthony : Personne ne se met jamais de
bâtons dans les roues, au contraire, on est toujours contents de se voir et si
on peut apporter quelque chose à l’autre, on le fait. C’est ça qui créé l’atmosphère
spéciale de la scène française ! On évolue chacun de notre côté, mais on
se rejoints comme on peut pour se dépasser ensemble. On a tous notre propre
identité et on a tout intérêt à se soutenir plutôt qu’à se marcher dessus, on l’a
tous compris.
Robin : Ça fait un peu le cliché de la famille du metal mais c’est un peu ça entre nous. C’est génial de pouvoir être potes avec autant de gens talentueux.
Anthony : Évidemment on ne peut parler pour les générations précédentes. Le guitariste de Mass Hysteria nous avait dit qu’il avait adoré notre set au Hellfest et c’est un honneur, c’est des gens qu’on respecte beaucoup, qui ont des carrières longues et qui sont un peu des modèles pour nous. On est la génération d’après, on marche dans les pas de Rise Of The Northstar, comme nos grands frères qui ont ouvert la voie à ce second souffle du metalcore français. Ils sont d’ailleurs beaucoup plus sympas en vrai que l’image qu’ils se donnent sur scène !
LN! : Vous aimeriez faire davantage
de featurings avec ces autres groupes français ?
Anthony : Clairement, si on a la possibilité ça viendra, on a déjà des trucs en route de ce côté. Toute notre carrière, si on a l’occasion de produire de la musique avec nos potes d’autres groupes, on saisira cette chance ! En ce moment, je pense beaucoup à faire une chanson qui réunisse tous les groupes du moment, la grande réunion de famille sur un morceau, et refaire une tournée tous ensemble comme on avait pu le faire en soutien de Landmvrks avec Ten56.
LN! : Il y a également des tous
nouveaux groupes qui suivent vos pas en ce moment, comme Revnoir ou Ashen…
Anthony : On a de super contacts avec Ashen.
Avec Revnoir, on ne se connait pas bien encore, mais ils font de la musique
très quali, c’est très bien fait. Leur démarrage est top et ils maitrisent très
bien les réseaux sociaux, bien mieux que nous en tout cas ! Tout ce qui
est réseaux sociaux c’est loin d’être ce qui nous passionne le plus, on n’est
pas très bons. On focus beaucoup sur la création et la musique, même si malheureusement
on est obligés de passer par les réseaux pour se promouvoir maintenant.
Robin : Bizarrement on a grandi en
dehors de ça, ça n’a jamais eu une place importante dans notre vie, donc on ne
gère pas très bien notre présence en ligne…
Anthony : C’est clair ! Mais en tout cas, tout notre respect à Revnoir pour leur super démarrage et j’espère qu’ils vont rejoindre notre famille internationale et qu’on pourra jouer avec eux dans le futur ! Évidemment ils avaient Merge avant, donc ils partent sur des bases solides et ils savent ce qu’ils font, c’est cette expérience qui fait aussi que les premiers morceaux qui sortent sont déjà très quali. On a hâte de les croiser et les voir jouer !
LN! : Tu parles des réseaux sociaux comme
outil de promotion, quel rôle est-ce que ça a pour toi en 2024 ?
Anthony : C’est presque notre seul moyen
de communiquer aujourd’hui.
Robin : Ça devient la base de la communication d’un groupe aujourd’hui. On ne peut pas faire sans.
Anthony : On aime bien ça, mais j’aurais
quand même bien aimé naître quelques années avant, où la musique primait
davantage que ton image et ta façon de parler.
Robin : On peut prendre l’exemple d’un
groupe qu’on adore : Bad Omens. S’ils ont réussi à se développer au-dessus
de toute espérance, c’est majoritairement grâce à TikTok. Mais au final, ce n’est
pas juste eux, c’est les gens qui reprennent en masse leur musique.
Anthony : Ils ont fait une communication intelligente, ça a pris tout de suite et ça a été réutilisé partout. Malgré leur grande
renommée sur les réseaux, les membres sont assez discrets en vrai, le meilleur
moyen de les trouver c’est toujours d’aller les voir en concert !
Robin : Cette stratégie de communiquer un peu moins après le buzz qu’ils ont eu ça entretient un peu un mystère autour des membres eux-mêmes ce qui accroit encore davantage l’intérêt qu’on peut leur porter, et ça donne encore plus envie de les voir « en vrai » en concert. C’est très intelligent.
LN! : Ça vous inspire de voir comment les autres groupes font leur marketing via les réseaux ?
Anthony : On s’inspire tous les uns les autres, c’est sûr. Si tu vois un groupe faire un truc cool, tu vas t’en inspirer, mais sans copier. Si tu vois un groupe faire quelque chose que tu n’apprécies pas, tu le prends comme un exemple à ne pas faire. Même à notre petite échelle, on sait que d’autres groupes vont nous regarder, trouver bien ou nulles nos idées et s’en inspirer. Au final ça entretient la créativité et c’est comme ça qu’on développe des concepts et des nouvelles idées. Le monde a changé, on doit s’adapter aux nouvelles méthodes de communication. C’est sûr que c’est différent des groupes les plus anciens. Avant, pour savoir que quelque chose sortait, comme un film par exemple, c’est parce que tu voyais une affiche dans la rue, dans un magazine, ou grâce à la télévision. On ne le trouvait pas ailleurs. Aujourd’hui, les gens ont le nez sur leur tel pendant qu’ils attendent le bus… Donc on a plus de chances de les toucher en payant de la promotion sur internet qu’ailleurs, on trouve nos infos sur TikTok, Instagram… Et c’est ce qu’on doit viser maintenant pour se faire connaître, surtout pour notre génération. Ça fait un peu cliché, mais c’est intéressant d’en avoir conscience.
Interview : Margot Patry
Le groupe a sorti la version deluxe de son 2ème album, Human (Extended Cut), le 25 octobre dernier.
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