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Chronique : Dir en grey - PHALARIS


PHALARIS, le nouvel et douzième album de la carrière prolifique de Dir en grey, considéré comme groupe prodige de la scène japonaise après encore 25 ans de carrière (à raison ou à tort) est une tentative honnête de mélange entre métal alternatif, rock baroque et progressif ; un album possédant son nombre de parties instrumentales enflammées, un bon matériau de base, mais avec des errances d'écriture et des performances vocales parfois décevantes, une production et un mix général qui rendent l'album ennuyeux et ruinent l'expérience d'écoute. 

Le nouveau Dir en grey est un disque plombé par un tas de faiblesses ça-et-là dans la production sonore générale et le manque d'éclat dans la composition générale des chansons qui ne donnent pas envie de le relancer. Le groupe, pourtant inventif, respectable et même avant-gardiste de 97 à 2012 a perdu sa flamme de mutation constante, son étincelle de la cohérence et de la consistance. PHALARIS patauge trop dans les eaux connues de leurs albums fainéants post DUM SPIRO SPERO (2012), dans l'errance de la composition, d'un manque cruel d'innovation et d'harmonisation du matériau brut de leur musique. 

Rien de neuf malgré un paquet de bonnes mélodies accrocheuses, un apport au synthé non-négligeable, un pied lorgnant vers le black metal pour les accélérations de certaines compositions tabassantes ("Schadenfreude", "The Perfume of Sins") et des lignes vocales signées Kyô qui prennent davantage d'émancipation par rapport à avant malheureusement, ce tout, réjouissant sur le papier, est désarçonné par une abondance d'orchestrations en VST qui donnent un côté cheap à l'ensemble et difficile à prendre au sérieux, faisant abstraction même du grotesque dont le groupe se targue. Au-delà de la production qui sonne "muddy", étouffée, PHALARIS est un album qui sonne déshumanisé, décharné tant il est trop propre, bouffé par le post-traitement à outrance. En sacrifiant les dynamiques, Dir en grey perd en relief et fait de ce nouvel album un disque qui sonne aussi plat qu'un mauvais album de pop. Les guitares manquent de feeling, de puissance et de place pour faire respirer la musique, de slides et de doigtés audibles sur les cordes, particulièrement dans les acoustiques. Le groupe a perdu le sens de la consistance de leur musique et rame à sortir quelque chose de mémorable et cohérent.

    
PHALARIS, comme ses deux prédécesseurs, malgré ses qualités sonne fade, manque cruel d'inspiration, d'harmonie et d'âme, tombe dans un classicisme morne et même le cliché et la prévisibilité tant on connaît leurs schémas et mélodies usées et éculées . Il ennuie par sa perte de sens, de dosage, son incapacité à faire le deuil de la période proggy du groupe et ses bêtes erreurs de production. La collection d'ingénieurs du son au total de 4 au mixage (Carl Bown, David Bottrill, Neal Avron, Tue Madsen) renforce le sentiment général d'incohérence criarde et un manque fatal d'homogénéité malgré la tentative d'unité par le mastering de Brian Gardner qui pousse les réglages à l'extrême afin d'entrer dans les clous d'une production contemporaine désincarnée quitte à délivrer une production compacte très loin de la clarté que savait nous proposer l'équipe de production japonaise sur un album comme THE MARROW OF A BONE (2007). 

Le dernier album de Dir en grey se résume donc à des bonnes idées étouffées par l'errance et l'incohérence, d'autant plus gâchées par une production qui a cédé aux sirènes de la guerre à qui sonnera le plus fort alors que cet album avait besoin de respirer et d'une clarté cristalline. 

Noct.

Note du Rédacteur : 2,5/5


01. Schadenfreud
02. Oboro
03. The Perfume of Sins
04. 13
05. Utsutsu, Bouga wo Kurau
06. Ochita koto no aru sora
07. Mouai ni Shosu
08. Hibiki
09. Eddie
10. Otogi
11. Kamuy

Pour un album dans les mêmes eaux heavy, metal alternatif et prog, préférez Heavy Pendulum, le tout dernier Cave In, qui offre une bien meilleure expérience, pour un harmonieux mélange entre black metal, rock, heavy metal et punk hardcore, je ne vous conseillerais que trop d'aller vers Kvelertak et leur dernier album Splid ainsi que l'extraordinaire premier album d'Ibaraki (Rashomon) où heavy rencontre black metal, acoustiques, émotions, folklore japonais et, et si vous êtes un forcené de Dir en grey, jetez-vous plutôt sur tout ce que fait Madmans Esprit qui est bien plus honnête et sincère en plus d'être dans la lignée de l'âge d'or du groupe japonais tout en sachant se dégager une identité singulière.


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