Si l'on omet l'EP un peu plus planant/expérimental sorti sous le nom de
Patriot en 2016, 8 années se sont écoulées depuis que Cove nous a quitté, après
un second et dernier album avec Saosin, en 2009. Le retour s'est fait sous la
forme d'un nouvel EP de post-hardcore/punk avec Dead American,
The Shape of Punk Is Dumb, Ã qui il manquait un quelque chose pour
vraiment décoller. Très criard et axé sur les riffs, un peu comme le Funeral For
A Friend de la fin, on ne peut s'empêcher de penser que la voix y est
sous-exploitée et s'y use inutilement. Pourtant Cove possède un excellent
scream, que l'on a découvert à notre grande surprise sur le 2nd LP de Saosin,
lui qui était réputé pour ne pas aimer "crier pour crier", sur le final du titre
"I Keep My Secrets Safe" (en fait même sur la version démo sortie un an
auparavant sur le Grey EP).
Mais c'est dans les passages plus mélodiques que le groupe prenait vraiment
son envol, comme sur le dernier morceau, "Gravity" ; idée confirmée par la
sortie du single "Wandering" en 2019, qui assumait totalement sa vibe "Saosin
2006", et ce dès les toutes premières notes, pour le meilleur ! Un morceau qui
possédait enfin les mélodies et l'émotion qui manquait peut-être à l'EP, avec
un grand refrain, tout ce qu'on pouvait attendre de Cove.
En décembre 2019 le groupe entre en studio avec le producteur Fred
Archambault
(Avenged Sevenfold, Death By Stereo, Atreyu) pour enregistrer son 1er album,
New Nostalgia. Une rencontre salvatrice s'il en faut, qui confirme clairement la bonne
direction entreprise par le groupe.
Mais ne croyez pas pour autant que l'album se veut ultra-mélodique ou répètera
les erreurs du second Saosin, certainement trop pop par moment. Plutôt comme
l'éponyme de 2006, c'est un disque qui peut sembler froid au premier abord
mais dont les mélodies se révèleront au fil des écoutes, pour une digestion
sur la longueur.
Les premiers singles tombent et montrent clairement les progrès effectués
par le groupe, que ce soit l'écoute d'un "Full of Smoke", avec ses
belles lignes de chant dans les couplets ("I’ve been lost, In a dark desert hoping you’d come, And just be more
open with me, You swore, you promised that it wouldn’t be the same,
Funny how nothing has changed") sous fond de guitares lancinantes, et un refrain un plus direct, ou du
plus hardcore "Choke", qui débute sur des riffs bien lourds limite
nu metal, le tout accompagné par une mélodie de chant qui sied
parfaitement, alternant douceur et hargne ("We should fight until this feeling’s dead, We should fight until
there's nothing left to give, When nothing's left, there’s no regrets"). L'idée de passé, de nostalgie, est d'ailleurs très présente tout au
long de l'album : "What's done is done, get over it, But I get the feeling you won't let
go of it."
La formule Saosin, à savoir riffs/batterie de folie + voix angélique avec
une envolée dans le refrain sous fond de double voix, se retrouve par
exemple parfaitement dans un "Deceivers", surtout son refrain. Le
reste est bien plus hardcore : Dead American reste un groupe qui met la
violence (musicale, j'entends) en avant, avec un travail axé, comme on l'a
vu, sur le riffing (le début de "Hollow Voices", puis toujours,
quand même, ce refrain qui cartonne). Le titre d'ouverture, "Not Buying In", rempli de breakdowns, le présentait d'ailleurs très bien, et se veut
un bon condensé de tout ce que le groupe sait faire, le chant passant de
hurlements à la Underoath à une voix des plus haut perchée (sur le "in the end"). "Vertigo", quant à lui très crié, est peut-être le seul titre
qui reste dans la veine hardcore/punk de l'EP précédent.
Certains morceaux se veulent quand même plus immédiats, comme "Can't Go Back", (presque) sans cris et au refrain très pop ("We can’t go back to the way things were"), et avec 13 pistes, il y a également de la place pour quelques
titres un peu plus calmes, que ce soit les très mélodiques "Hate Speech" ou "Just Let Go", qui se montrera extrêmement délicat dans son
couplet avant d'enchainer avec un refrain plus énervé. "Reina's Song (Lost My Mind)" fera dans la pure ballade post-hardcore, qui raconte le trauma de
perdre un être aimé à cause des drogues, avec une forte intensité de la
voix dans le refrain, ("Feels like I've lost my mind, That’s my favorite someone, The only
one who ever made me feel love, The only one I could depend on"), et c'est vraiment très beau.
Mais on adore aussi "Anything Different", dans lequel Cove montre
toute sa fragilité et qui est d'ailleurs le seul titre sur lequel
il force terriblement sur sa voix ("I'll be okay, I'm not a waste, I'm just climbing up the ladder,
Climbing up to feel anything, Anything" - comme sur le final de "Voices" pour ceux qui voient), pour une
séquence là encore forte en émotion.
Le final "Hook, Line, Sinker", est lui aussi très réussi,
alternants couplets calmes et chant mélancolique imparable dans le
refrain, "You took it all the way down, swallowed it whole, Black and blue,
turned you inside out,
You bought it all, Hook, line, and sinker" (dans l'efficacité et la
mélancolie ça peut rappeler "The Alarming Sound Of A Still Small Voice").
Bien sûr ça s'énervera petit à petit.
Dead American est assurément composé de musiciens talentueux, dont on
pourrait prendre autant de plaisir à écouter les instrumentaux ultra
efficaces que les parties chantées ou criées de Cove. New Nostalgia est
clairement parti dans la bonne direction, celle permettant d'exploiter le
maximum du potentiel de ses membres, et peu importe si Cove a pu perdre en
puissance vocale au fil des années, il s'en tire toujours de manière
admirable. Et quel plaisir de le réentendre. Une belle revanche sur la vie,
et une jolie petite surprise dans le monde du post-hardcore, que l'on peut
s'amuser à imaginer comme le 3ème LP de Saosin, et on ne serait pas si
éloigné de la vérité. Bravo les gars.
Alucard.
Note du rédacteur : 4/5
1. Not Buying In
2. Choke
3. Anything Different
4. The
Opposite
5. Hollow Voices
6. Hate Speech
7. Deceivers
8.
Can’t Go Back
9. Full Of Smoke
10. Just Let Go
11. Vertigo
12.
Reina’s Song (Lost My Mind)
13. Hook, Line, Sinker
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