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Oli Sykes de Bring Me The Horizon : "Je m'en fous de savoir qui ça va gêner, je m'en fous de savoir qui va me unfollow à cause de mes opinions"


Oliver Sykes
de Bring Me The Horizon et Dominic Harrison, aka YUNGLUD, ont livré une nouvelle interview au magazine Forbes dans laquelle ils discutent de long en large de leur première collaboration pour le single "Obey", dernier titre en date du futur EP Post Human de BMTH. Ils discutent notamment de ce qui les a rapprochés et du message politique derrière la chanson. Morceaux choisis. 

Le duo revient d'abord sur la genèse du projet et la rapidité avec laquelle tout est arrivé :

Oli : Ça s'est fait plutôt vite, n'est-ce pas Dom ?

Dom : Ouais, on s'était croisés durant des festivals et j'ai été un énorme fan de BMTH toute ma vie. On vient du même coin, ils font un peu partie de mon âme. On s'est juste rencontrés, on est tombés amoureux et on a fait un bébé, c'est notre enfant chanson !

Oli : En fait, c'est ce qui nous fait tenir le coup quand on ne peut pas jouer des concerts et qu'on ne peut pas être proches des fans, ce qu'on fait en temps normal. C'est juste vraiment excitant, je crois qu'on vit pour ces moments. Cette semaine était vraiment énorme, genre, se préparer à sortir cette chanson, on se sentait comme si c'était un gros événement. Je crois que c'est surtout à cause du confinement, le plaisir vient dans les petites choses et on est si affamés de divertissement et de musique, de films, de tout. C'est comme si quand quelque chose d'excitant sort c'est un gros événement, et tu vois c'est cool pour nous dans un sens. C'est une célébration maintenant. 

Dom : C'est la même montée adrénaline que d'être sur scène et dont tu as toujours envie, je pense. A la seconde où cette idée nous est venue on était comme deux gosses dans un magasin de jouets. C'était vraiment facile, Oli avait littéralement juste l'idée de la chanson en tête et il m'a appelé en disant "Yo, ça te dit de le faire ?" et j'ai juste répondu "Ouais OK cool." puis j'ai écouté et en même pas 5 secondes j'ai dit "Yep, je suis en chemin pour le studio et j'enregistre tout de suite !" et lui Oli était là "Ah mais attend une seconde, la chanson est à peine commencée, qu'est-ce que tu fous ?!" et on l'a terminé ainsi.

Oli : L'énergie était juste irréelle, tout est arrivé si facilement et vite. Cette chanson est venue rapidement, ce n'était vraiment pas difficile du tout. Et puis il y a eu l'idée pour le clip vidéo, le shooting photo, tout ce qu'on a fait ensemble a été facile et vraiment fun, et pas du tout artificiel.

Dom : Je crois que forcément quand tu respectes quelqu'un, tu vas bien travailler avec eux, et c'est ça qui est drôle, tu n'en sais foutrement rien. D'une certaine façon tu te dis "J'aime ces artistes, je pense qu'ils apportent quelque chose de fou à ce monde, je veux voir ce qu'ils font en ce moment" mais la plupart du temps, une chanson avec eux ne sortira pas parce qu'on se dit "Non, ça serait de la merde". Mais avec cette chanson, c'était si simple. C'était comme si on s'était assis là et que d'un coup on réalisait "Oh merde, ça sort dans deux jours ! Wow, c'est passé vite !". C'est un peu bizarre, mais on partage les mêmes valeurs, la même rage et colère, la même vue sur le monde. Donc c'était vraiment fluide.

Oli : C'était naturel organique, et c'est ce qui importe. Quand on fait des collaborations, je détesterais faire quelque chose de forcé ou que ce soit une décision diplomatique et politique du genre "Si on pouvait avoir X artiste sur notre chanson ça pourrait nous faire décoller et connaître sur telle ou telle scène." Pour nous c'est plutôt "Ça ne serait pas carrément cool d'avoir Grimes sur notre titre ? Ou Rahzel ?" Ou quand il y a un respect naturel entre les deux artistes et qu'on veut tous les deux bosser ensemble. Pour moi c'est comme si le plus petit groupe du monde me demande de faire un feat sur leur titre et que je me dis "Ce groupe est cool" alors je le ferais, j'en aurais rien à foutre. Pour moi c'est au feeling et à l'énergie, et Dom montrait du respect et de l'admiration au groupe entier, et j'ai aimé ça. Ça me fait plaisir quand quelqu'un dit "Je suis un méga fan depuis que je suis gamin !" et est tout excité sans essayer de se l'a jouer méga-cool ou je sais pas quoi. Tout part de l'énergie, et ensuite on la poursuit et on se lance. Par chance, c'était un de ces moments magiques où c'était cool et simple pour Dom parce qu'il a pu travailler avec des gens qu'il écoute depuis qu'il a 15 ans. Et pour nous c'était excitant d'avoir quelqu'un qui est sincèrement heureux et qui monte en flèche.

Dom : C'est bizarre parce que tout le monde nous demande de parler d'histoires métaphorique alors qu'en fait pour nous c'était vraiment sincèrement du style "Cool, c'est fun, c'est malade, on croit aux mêmes trucs, c'est un appel aux armes, blablabla, on enregistre !" Tu vois ?

Oli et Dominic nous racontent également en détail l'inspiration derrière les lyrics, surtout compte tenu du climat mondial actuel, ainsi que de ce que cela signifie pour leurs avenirs artistiques personnels et des artistes de façon générale.

Oli : Le titre était écrit durant avril-mai cette année, et c'était très inspiré par tout ce qui se passe, et écrit du point de vue de l'oppresseur. Je crois que tout le monde s'est retrouvé avec des bâtons dans les roues, et je crois que beaucoup de gens commencent à comprendre que peut être que les gens qui ont le pouvoir se fichent de nos meilleurs intérêts. La façon dont on est nourris par des news traumatisantes et dévastatrices au quotidien, je pense que ça a pour effet de nous rendre complètement insensibles à ces informations, et qu'on a marché dans notre sommeil au point où l'on est très au courant de ces horreurs qui arrivent, mais qu'on ne faisait rien pour changer. On sait qu'il y a des injustices, des inégalités, le réchauffement climatique, la dévastation, on sait que tout ça se passe, mais on est tellement pris par nos propres vies qu'ils ont fait du bon boulot pour nous faire oublier. Je crois que lorsque tout le monde s'est retrouvé coincé à la maison, ils ont pu trouver le temps de voir comment les choses se passent et les gens se disent "Attend un peu, rien ne va, ce n'est pas normal, c'est inadmissible." C'est pour ça qu'on chante beaucoup à propos d'un soulèvement, d'une rébellion. Cette chanson parle de ne pas vouloir que ça arrive, du point de vue des oppresseurs. Eux, nous veulent sous contrôle, qu'on ne pose pas trop de questions. L'inspiration vient tout droit de cette génération qui se bat contre ça.

Et moi, je me dis que j'ai été un peu ignorant dans le sens où, je suis vegan et je n'en fais pas toute une histoire. Que je ne suis pas raciste, que je ne suis pas si, pas ça, que je crois en ceci-cela mais que je reste silencieux sur ces sujets. Je ne veux pas enfoncer mes croyances dans la gorge des gens parce que je ne veux pas les énerver. Mais si cette année m'a appris quelque chose c'est que justement, non. Si tu crois en quelque chose tu dois porter cette voix. Tu dois être sûr de dire tout haut "Oui, je suis avec ces gens. Je me lève auprès des oppressés." Sinon tu ne vaux pas mieux que les oppresseurs. C'est de ça dont parle "Obey", que les forces oppressantes ne veulent pas que l'on devienne ce que l'on est en train de devenir, et qu'ils ne peuvent plus nous stopper maintenant. On veut jeter de l'huile sur le feu et faire repartir la flamme de plus belle.

Dom : C'est pour ça que quand il me l'a envoyé, j'étais carrément chaud. Je rentrais à peine de Los Angeles où je faisais partie d'un mouvement Black Lives Matter, et je me suis dit "C'est vrai. C'est putain de concret. C'est la vrai vie mec." Et c'était fou de voir ma génération et des gens de toutes couleurs, tailles, apparences, tout le monde, venir ensemble pour ce qui est foutrement juste.

Oli : C'est une des raisons qui ont fait que je voulais bosser avec lui sur ce titre. Beaucoup de gens parlent, il y beaucoup de blabla, et il y une chanson qui s'appelle "Antivist" sur Sempiternal qui parle justement d'agir autant que tes paroles. Si tu crois en quelques chose, alors, va dehors et défend le. Ne reste pas assis là sur internet à juste parler, lève-toi et fais quelque chose ou alors ferme là. J'ai vu Dom là-bas se prendre des flashballs, et il en faut du courage pour ça, et Dom fait ça tous les jours. Que ce soit avec un discours politique ou en se mettant en ligne de tir pour défendre les gens qui n'ont pas de voix. Tu trouves peu de gens comme ça, tu trouves des artistes vanille et des gens qui se disent là pour les autres, mais toujours en faisant attention de ne pas heurter un certain parti politique ou autre sectes religieuses. C'est une façon complètement calculée de le faire, alors que Dom n'ira pas par quatre chemins sur le sujet, il fonce pour ce qu'il croit. Ces derniers temps BMTH était plus discret sur le sujet et cette année nous voulons montrer au monde où on se tient, et on se tient avec les oppressés. On est en colère, et on en a plein le cul, et on ne va pas être conformes et on ne restera pas assis. Je m'en fou de savoir qui ça va gêner, je m'en fous de savoir qui va me unfollow à cause de mes opinions. Je n'en ai rien à foutre parce que c'est trop important de parler de ce que l'on croit et de ce pour quoi on se tient, et de l'amplifier.

Dom : Je crois que forcément tous les artistes font ça maintenant ou alors ils en subissent des conséquences. Mais je crois que oui, et que ça sépare vraiment les chanteurs et les artistes. Tu réalises vraiment dans les temps difficiles où se trouve l’âme des gens. Et des artistes incroyables comme Billie Eilish ou Halsey qui ont été très ouvertes et bruyantes.

Oli : Billie Eilish, elle qui offre son dos dans une vidéo où elle s'adresse directement au public américain en disant que Donal Trump est en train de foutre en l'air le pays et qu'il faut voter contre lui, c'est brave. Tu auras toujours des gens qui parlent ou agissent sans que ça compte parce qu'ils le font pour ne pas être attaqué s'ils ne le font pas, mais tu trouves vraiment des artistes qui le font en se disant, c'est flippant, tu t'adresses à l'homme le plus puissant du monde, et tu l'attaques publiquement sans savoir de quoi ces gens sont capables. Peu importe que tu sois une grande star de la pop, ça reste flippant. Je me rappelle avoir fait des commentaires sur Trump moi-même, et c'est devenu toute une histoire, ça m'a fait délirer. Je me suis dit "Et s'il voyait ça et que je me faisais dégager ou autre ?" Ça sépare les loups des moutons je suppose.

Dom : Ce qui est le plus dingue, c'est le feu dans le putain de ventre de ma génération. Et on va changer parce qu'on est malins, et sincèrement, chaque personne. Nous sommes les médias maintenant, tu vois ce que je veux dire ? Les gens peuvent essayer d'étouffer l'affaire pendant des années, mais chaque personne possède son point de vue. Tu peux dénoncer la connerie, et tu peux voir au travers. À la fin de la journée tout le monde a une opinion, bonne ou mauvaise, au moins c'est une conversation, et nous pouvons avancer dans la bonne direction.

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