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Chronique Rétro : Linkin Park - One More Light


Grâce à la magie d'internet, nous avons pu récupérer notre chronique de One More Light, le dernier album de Linkin Park, publiée à l'origine le 6 juillet 2017 sur notre ancien webzine, House Of Wolves. Nous l'avions perdue très peu de temps après sa mise en ligne suite à un changement d'hébergeur. A l'occasion des 3 ans de la sortie du single "Heavy", nous vous la partageons à nouveau. Nous faisions alors partie des rares à ne pas avoir descendu le disque. Nous étions alors également loin de nous douter de ce qui allait arriver. 

Après 6 albums où le groupe aura changé plusieurs fois de styles, en passant par l’abandon du neo metal au profit d’un rock alternatif plus au goût du jour, un disque expérimental, un autre electro qui revenait en même temps à la violence du neo et enfin un petit chef d’oeuvre en la bombe punk/metal The Hunting PartyLinkin Park nous livre un nouvel effort qui a décidé une nouvelle fois de ne pas refaire le même album, ce qui est tout à leur honneur, même si la plupart d’entre nous aurait préféré le contraire.

Si la dimension pop du groupe est très présente depuis le début (on a tous connu des personnes qui dès l’époque [Hybrid Theory] trouvaient déjà que c’était « trop commercial »), notamment dans les lignes de chant (parfaites) de Chester Bennington, elle est cette fois complètement embrassée, pour un résultat final electropop très typé radio 2017, avec pour principal modèle la sensation PVRIS.



En effet, comment ne pas penser au trio du Massachussetts à l’écoute du single aérien « Heavy », qui fait intervenir la chanteuse Kiiara, et nous offre un refrain qui restera en tête : « I’m holding on, why is everything so heavy, holding on, so much more than I can carry  ». Une chose n’a pourtant pas changé : le côté dépressif de Chester, qui se retrouvera tout au long des textes de l’album, celui-ci avouant sans retenue avoir « détesté la vie » durant l’écriture, avant d’avoir dû faire les efforts nécessaires pour se reconstruire. C’était clair dès le début du disque avec « Nobody Can Save Me » : « I’m dancing with my demons, I’m hanging off the edge. »

En résulte pas mal de jolies ballades très touchantes, en commençant par l’excellente « Halfway Right », avec une mélodie de chant vraiment parfaite, même si la boite à rythme qui l’accompagne en fond fait un peu cheap, dans laquelle Chester raconte lutter contre soi-même après être allé beaucoup trop loin en se défonçant  (« I scream at myself when there’s nobody else to fight, I don’t lose, I don’t win, if I’m wrong, then I’m halfway right »), jusqu’à en perdre la personne aimée (« All you said to do was slow down, I remember, now I remember, all you said to do was slow down, but I was already gone. »)

C’est également ainsi que l’album se terminera, sur deux pointes de douceur, avec un morceau éponyme qui fait dans le post-rock aérien et le folk rythmé de « Sharp Edges ». Car s’il y a bien une chose que l’on peut (toujours) se dire, c’est que Linkin Park sait écrire de bonnes chansons, et que la plupart des morceaux de l’album rendraient très bien en acoustique, la preuve avec les quelques versions live au piano qu’on a pu entendre, et peut-être même qu’elles seraient bien mieux accueilles au final.



Mike Shinoda livre également ses deux petites ballades à lui, le moyen titre synth-pop « Invisible » et le plus prenant « Sorry for Now », un peu plombé toutefois par ses bidouillages electro exagérés.

C’est naturellement que l’on comprend tout l’effroi qui a saisi les fans  qui voulaient écouter du metal, au pire du rock, et pas PVRIS meets Saez. Car si la batterie s’en tire encore bien, les guitares sont plutôt rares, hormis sur l’exception « Talking to Myself », qui semble tout droit venu de l’époque rock alternative de Minutes to Midnight.

Le morceau le plus classique de la formation restera encore « Good Goodbye », car, s’il n’est pas plus rock que les autres, se veut le seul morceau hip-hop, genre dans lequel officie Linkin Park depuis ses débuts, avec l’alternance des passages rappés et chantés, et les featuring réussis des rappeurs Pusha T & Stormzy.


Le principal problème de One More Light ne se situe pas dans le songwriting, dans la qualité des textes ou des mélodies, mais dans le choix de l’interprétation, dans le choix de troquer des instruments analogiques, qui définissent le rock, par des instruments digitaux plus à la mode. On comprend la colère des fans, après que le groupe ait accouché d’un The Hunting Party en réaction au manque de rock sur les radios, de les voir retourner leur veste, en quelque sorte, même si eux ne le perçoivent sûrement pas de la même façon, et qu’on les croit sincères dans leur démarche. Comme dit plus haut, vous prenez les mêmes chansons, avec un background metal, ou simplement acoustique, et il n’y aurait jamais eu de polémique. Maintenant si vous n’êtes pas allergiques à la pop, aux jolies chansons, aux ballades qui prennent les tripes, alors rien ne vous empêchera de vous laisser séduire par le disque, qui est loin d’être raté malgré tout ce qu’on entend. Enfin, souvenez-vous qu’on a tous décroché à un moment avec Linkin Park… pour mieux y revenir. Vu la qualité des deux albums sortis précédemment, il n’y a vraiment aucune raison de s’en faire pour eux, alors fans les plus sceptiques, au pire : montrez-vous simplement patients et gardez la foi.

Note du rédacteur : 3/5

1. Nobody Can Save Me
2. Good Goodbye
3. Talking to Myself
4. Battle Symphony
5. Invisible
6. Heavy (feat. Kiiara)
7. Sorry for Now
8. Halfway Right
9. One More Light
10. Sharp Edges

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